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Guy de Maupassant

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A GUSTAVE FLAUBERT
(original en francés)

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 7 de diciembre [1878]

      Su encargo está hecho, mi querido Maestro, y la Librería Nouvelle le enviará mañana como muy tarde Le Bien et le Mal des Femmes1 .
     
En cuanto a mi, estoy con la mierda hasta el cuello, hundido en problemas y tristezas difíciles de expresar.
      La Marina ha rechazado naturalmente prestarme, pero mi director, furioso al ver que había buscado mi marcha, me ha instado a presentar mi dimisión, «porque había conseguido una plaza en otro lugar ». He rechazado presentarla antes de haber obtenido el asentimiento del señor Bardoux. Pero no ha querido escuchar nada y me ha puesto en posición de responder claramente: «Me voy» o «Me quedo». Esto ocurrió el jueves. Para eludir la cuestión, he entrado en mi casa y he notificado que estaba enfermo; después he pasado mis días en la antesala del señor Bardoux, sin llegar a verle un minuto, sin obtener respuesta alguna. El señor Charmes me decía cada día: « Espere, voy a hablarle de usted; vuelva mañana, usted tendrá una respuesta definitiva »; y, cada día siguiente, volvía sin obtener otra cosa que palabras vagas. En la Marina, he perdido mi gratificación de fin de año y toda esperanza de promocionar, de aqui a mucho tiempo, diez años quizás; y en la Instrucción pública, se están burlando de mi; no el señor Charme, que ha hecho lo que ha podido, pero el ministro, que no ha tenido nunca intención de tomarme y que no busca más que ganar tiempo. Manaña todavía, voy a instalarme en su antesala y quedar todo el día para tratar de agarrarlo. No sé que hacer; mi madre se atormenta horriblemente por mi tema;  he enviado a encontrar a Tarbé, que ha sido gentil conmigo el último años, y pedirle asilo en su periódico. El me dará lo que quiera. No no tengo un céntimo, y a menos que me arroje al Sena o a los pies de mi jefe, no tengo otro recurso. En fin, espero ver a Bardoux mañana y le hablaré con energía.
      Que duro es vivir.
      Le abrazo, mi buen y querido Maestro. Mi madre hace otro tanto.

      GUY DE MAUPASSANT

      1. Le Bien qu'on a dit des Femmes, Le mal qu'on a dit des Femmes, obras de Émile Deschanel (1855)

Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant


A GUSTAVE FLAUBERT

         Ce 7 décembre [1878].

      Votre commission est faite, mon cher Maître, et la Librairie Nouvelle vous enverra demain au plus tard Le Bien et le Mal des Femmes1.
      Quant à moi, je suis dans la merde jusqu'au cou, plongé dans des embarras et des tristesses inexprimables.
      La Marine a naturellement refusé de me prêter, mais mon directeur, furieux de voir que j'avais cherché à m'en aller, m'a fait inviter à donner ma démission, « puisque j'avais trouvé une place ailleurs ». J'ai refusé de la donner avant d'avoir obtenu l'assentiment de M. Bardoux. Mais on n'a voulu rien écouter et on m'a mis en demeure de répondre nettement : « Je m'en vais » ou : « Je reste ». Cela se passait jeudi. Pour éluder la question, je suis rentré chez moi et j'ai écrit que j'étais malade ; puis j'ai passé mes jours dans l'antichambre de M. Bardoux, sans arriver à le voir une minute, sans obtenir une réponse quelconque. M. Charmes me disait chaque jour : « Attendez, je vais lui parler de vous ; revenez demain, vous aurez une réponse définitive » ; et, chaque lendemain, je revenais sans obtenir autre chose que des paroles vagues. A la Marine, j'ai perdu ma gratification de fin d'année et tout espoir d'avancer, d'ici à bien longtemps, dix ans peut-être ; et à l'Instruction publique, on s'est moqué de moi ; pas M. Charme, qui a fait ce qu'il a pu, mais le ministre, qui n'a jamais eu l'intention de me prendre et qui ne cherche qu'à gagner du temps. Demain encore, je vais m'installer dans son antichambre et y rester toute la journée pour tâcher de le saisir. Je ne sais que faire ; ma mère se tourmente horriblement à mon sujet ; et j'ai envie d'aller trouver Tarbé, qui a été gentil pour moi l'année dernière, et de lui demander asile dans sa feuille. Il me donnera ce qu'il voudra. Je n'ai pas un sou, et à moins de me jeter à la Seine ou aux pieds de mon chef, ce qui se vaut, je n'ai plus d'autre ressource.
      Enfin j'espère voir Bardoux demain et je lui parlerai avec énergie.
      C'est dur de vivre.
      Je vous embrasse, mon bon et cher Maître. Ma mère en fait autant.

      GUY DE MAUPASSANT

1 Le Bien qu'on a dit des Femmes, Le mal qu'on a dit des Femmes, ouvrages d'Émile Deschanel (1855).

   Puesto en formato html por Thierry Selva:  http://maupassant.free.fr/