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sábado
noche
París, 23 de noviembre de 1872
[fecha del sello]
Mi
querida madre, acabo de tener una violenta disputa con mi padre y vengo a
ponerte de inmediato al corriente de la situación. Le he presentado mi cuenta
del mes haciéndole observar que habiendo tenido un aumento de los gastos
debidos a la luz y a la calefacción, me faltarían 5 francos aproximadamente este mes, él
se ha negado a ver mis cuentas, me dijo que no podía hacer más, que era inútil, que
si no me alcanza, puedo vivir como quiera, que fuese a donde quisiera,
que él se lava las manos. Le he tratado de demostrar muy serenamente que era un
simple asunto de calefacción, que yo había aceptado sin ninguna discusión su
cuenta de gastos aproximada en la que cual se olvidaba la mitad de las
cosas como es su costumbre, que yo almorzaba con un único plato de carne y una
taza de chocolate cuando cada día podría comerme muy bien dos platos de carne sobre
todo con las partes microscópicas de mi modesto restaurante. El me respondió furioso que
cena en
su casa con un plato de carne y un queso. Yo le repliqué que
si quiere alimentarme al mediodía con una comida como la que le irve a él
Eduard, a pesar de la diferencia de edad, me contentaré de buen grado
con una cena como la suya. Se encolerizó y me dijo que si su padre le
quitaba 50000 francos, no era su culpa. Yo le
respondí, que era culpa suya y que todos los hombres de negocios son unánimes
al decir que si lo hubiera sabido antes le habría quitado al menos 40000
francos. Sí, me respondío, pero era mi padre y yo sabía que sentimientos
debía a mi padre,
mientras que tú estás lejos siquiera de sospecharlo. ¡Ah! así es como
lo tomas, le contesté, pues bien, entérate de algo que nunca has sabido, y es
que la primera de las leyes divinas y humanas es el amor a los hijos... No se
trata solo de ser padre. Primero tienes hijos y si te desapegas de ellos, están
las leyes humanas para recordarte tus deberes.No hay
un desgraciado hombre de pueblo que gane treinta centavos al día que no sea
capaz de vender todo lo que tiene para dejar establecidos a sus hijos, pero yo,
¿qué porvenir tengo ante mí? Si quisiera a mi vez, casarme y tener
hijos, ¿podría hacerlo? No obstante esto debía acabar así... ¡Adiós!
Y salí disparado. Entrando
en mi casa, le dije al conserje que no estaba para nadie. Diez minutos después
él vino, se le dijo que había salido y que no regresaría hasta muy entrada la
noche - se fue muy sorprendido.
He aquí la cuenta en cuestión:
Recibido para vivir un mes: 110 francos
Pagado:
més
del conserje zurcidos carbón madera cerillas corte de pelo 2 baños sulfurosos azúcar café en polvo queroseno para lámpara lavandería correo 30 almuerzos panecillos |
10 3,50 4 1,90 0,50 0,60 2 0,40 0,60 5,50 7 0,40 34 3 ---- 73,40 |
Total cenas a1,60 deshollinador jabón Me pagó 8 cenas sean quedan Más deshollinador |
73,40 48 5 0,50 ---- 126,90 12,80 114,10 5 ---- 109,10 |
Ahora
bien, me ha descontado 5 francos de menudencias. El único placer que me permito
es mi pipa. Así que me he gastado 4 francos en tabaco, triste placer y bien
modesto, y no tendré en mucho tiempo la posibilidad de otras distracciones...
Añade estos 4 francos a mis gastos y me faltan 5 francos justos para llegar a
fin de mes. No he tenido una sola perra de imprevistos o o mejor dicho he
tenido alrededor de 3 o 4 francos en cigarros, ómnibus, que han estado
compensadas por 3 cenas en la ciudad. Además tengo las facturas de todos los
proveedores.
Ahora veamos su posición: De su dote, 30000; de la abuela, 8000, calcula 1900
de renta; de Evrard, 3000, supongamos 4900, 200 francos de gratificación
pongamos 5000.- Y su parte de dinero de cambio que le reporta el 5%. Él no
tiene con que pagar las cenas.
a
1 fr. lo ha dicho él mismo |
365 |
Le quedan al menos 1471 (sic).
¡¡¡¡¡¡¡Y
admitiendo que solo tenga que mantenerlo a él !!!!!!
Te
envío todos estos detalles porque es probable que él te escriba esta misma
noche, y quiero que estés al tanto del asunto. Esperemos y ya veremos que va a
decir y a hacer. En cuanto a mí, estoy firmemente decidido a mantenerme firme
en mi
postura. No voy a buscar una reconciliación - si él me pide finalmente una
explicación yo tengo su cuenta a su disposición - eso es todo.
Adios querida madre, te abrazo mil y mil veces al
igual que a Hervé.Saluda a los Tannel y a Josèphe
Tu hijo
Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant
Ce samedi soir.
Paris, 23 novembre 1872
[date de la poste].
Ma chère mère, je viens d'avoir une violente querelle avec mon père et je
viens te mettre immédiatement au courant de la situation. Je lui ai présenté
mon compte du mois en lui faisant observer qu'ayant eu un surcroît de dépense
occasionné par l'éclairage et le chauffage, il me manquerait environ 5 fr. ce
mois-ci - là-dessus il refuse de voir mon compte, me dit qu'il ne peut pas
faire plus, que c'est inutile, que si je ne puis pas arriver je n'ai qu'à
aviser à vivre comme je voudrai, à m'en aller où je voudrai, qu'il s'en lave
les mains. Je lui ai représenté fort doucement que c'était une simple affaire
de chauffage, que j'avais accepté sans discussion aucune son compte de dépense
approximatif dans lequel il avait oublié la moitié des choses comme c'est son
habitude, que le déjeuner avec un seul plat de viande et une tasse de chocolat
quand chaque jour je mangerais fort bien deux plats de viande surtout avec les
parts microscopiques de mon modeste restaurant. Il me répond furieux qu'il
dîne bien chez lui avec un plat de viande et un fromage. Je lui réplique que
s'il veut me fournir à midi un déjeuner comme celui que lui sert Évrard,
malgré la différence d'âge, je me contenterai volontiers d'un dîner comme le
sien. Il se met tout à fait en colère et me dit que si son père lui enlève
50 000 fr. ce n'est pas sa faute. Je lui réponds, moi, que c'est sa faute et
que tous les hommes d'affaires sont unanimes pour dire que s'il s'y était pris
plus tôt il aurait tiré au moins 40 000 fr. Oui, me répondit-il, mais
c'était mon père et je savais quels sentiments je devais à mon père, tandis
que toi, tu es loin de le soupçonner. Ah, tu le prends sur ce ton-là ai-je
répondu, eh bien, apprends une chose dont tu ne t'es jamais douté, c'est que
la première des lois divines et humaines est l'amour de ses enfants. Ce n'est
pas tout que d'avoir un père - on a d'abord des enfants et si votre conscience
est muette à leur égard, au besoin la loi des hommes est là pour vous
apprendre vos devoirs. Il n'y a pas un malheureux homme du peuple gagnant 30
sous par jour qui ne vend tout ce qu'il a pour établir ses enfants, et moi ai-je
un avenir devant moi, que j'aie envie de me marier, d'avoir des enfants à mon
tour - le pourrai-je - Maintenant cela devait finir ainsi - je sais ce qui me
reste à faire - Adieu - et je suis parti comme une bombe. Rentrant chez moi,
j'ai dit à mon concierge que je n'y étais pour personne. Dix minutes après il
est revenu, on lui a dit que j'étais sorti et que je ne rentrerais pas de la
soirée - il est parti fort étonné.
Maintenant voici le compte en question.
Reçu pour vivre un mois 110 fr.
Payé
mois
au concierge |
10 |
Report |
73,40 |
Or il m'a compté 5 f de menus plaisirs, le seul plaisir que je me permette est
ma pipe. J'ai dépensé donc 4 fr. de tabac, triste plaisir et bien modeste - et
je n'aurai pas de longtemps la possibilité d'autres distractions. Ajoute ces 4
fr. à ma dépense, il me manque juste 5 fr. pour arriver à la fin du mois. Je
n'ai pas eu un sou d'imprévu ou plutôt j'ai eu environ 3 ou 4 fr. cigares,
omnibus - qui ont été couverts par 3 dîners en ville. De plus j'ai des
factures de tous les fournisseurs.
Maintenant voyons sa position : de sa dot,
30000 ; de la grand-mère, 8000, soit 1900 de rente ; d'Évrard, 3000, soit
4900, 200 fr. de gratification mettons 5000. - Et sa part d'argent de change
rapporte plus de 5 %. Il n'a à payer que les dîners.
à
1 fr. il le dit lui-même |
365 |
Reste au moins 1471 (sic). Et en admettant qu'il n'ait que lui à entretenir
!!!!!!!!!!
Si je t'envoie tous ces détails c'est parce qu'il va probablement t'écrire
dès ce soir et j'ai voulu que tu fusses au courant de l'affaire - Attendons,
nous allons voir ce qu'il va dire et faire - quant à moi je suis fermement
résolu à tenir ferme - je n'irai pas au-devant d'un raccommodement - s'il me
demande enfin des explications je tiens son compte à sa disposition - voilà.
Adieu ma chère mère, je t'embrasse mille et
mille fois ainsi qu'Hervé. Bien des choses aux Tannel. Compliments à Josèphe.
Ton fils,
GUY DE MAUPASSANT
Puesto en formato html por Thierry Selva: http://maupassant.free.fr/