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Guy de Maupassant

Carta 150
A GUSTAVE FLAUBERT
(original en francés)

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MINISTERIO DE INSTRUCCIÓN PÚBLICA
Y DE LAS BELLAS ARTES
SECRETARIADO
1º DESPACHO

Paris, 17 de octubre de 1879

      No le he respondido de inmediato, mi querido Maestro, porque su carta me ha impuesto la obligación de hacer varios trámites de los que no tengo aun todas las contestaciones.
      Tengo de entrada una mala noticia que darle. Usted ha cometido un error respecto de su pensión que no ha sido cambiada; y usted ha tomado por una medida excepcional el espíritu del decreto que fue enviado hace tres meses a los hombres de letras que son titulares de pensiones del Estado. Estas pensiones llevan, en el presupuesto, el nombre de indemnizaciones. De ahí la confusión. Yo estaba asombrado de este aumento que me parecía imposible con los créditos de los que dispone el Ministro, pues he tomado enseguida unas informaciones en el Gabinete. La carta que usted ha recibido es simplemente la circular que se envía a todo el mundo.
      Para saber las formalidades a rellenar a fin de cobrar usted, yo he estado obligado a dirigirme al ministerio de Finanzas, pero no he recibido aun una respuesta; yo se la enviaré en el momento en que la reciba.
      Cuento con ir a pasar con usted el domingo siguiente al día de Todos los Santos.
      ¿Y Nana? Le envío un artículo fenomenal de Zola sobre ¡ la novela experimental !...
      Un tal señor Champsaur1, redactor del Figaro me ha pedido unos detalles biográficos sobre mí.- Quiere escribir sobre el entorno de Zola. Yo le he escrito que a los seis años hacía desesperar a mi criada por mi obscenidad, que a los 17 fui expulsado de una casa eclesiástica por irreverente y escándalos diversos, y que hoy mi amiga Suzanne Lagier, cuya opinión es ley en materia de costumbres, encuentra que yo fallo absolutamente. Tragaldabas y lúbrico pienso que toda la alegría de la vida consiste en la satisfacción de sus vicios; y busco multiplicar los mío, etc., etc. - Él ha debido hacer una buena cabecera recibiendo esta carta bien escrita por otra parte y llena de agradecimientos. Su artículo debe aparecer mañana. Se ve sobre los bulevares  en las calles hileras de hombres en blusa portando unas pancartas sobre las que se lee ¡ NANA por Emile Zona, en el Voltaire ! Alguien me preguntará si yo soy un hombre de letras, a lo que responderé: « No señor, yo vendo cañas de pescar » en tanto encuentro esta forma de publicidad humillante para todos.
      Adiós, mi querido Maestro, le abrazo filialmente estrechándole las manos.
      Mil saludos afectuosos a la señora y al señor Commanville si se encuentran cerca de usted.

      GUY DE MAUPASSANT2

1 Félicien Champsaur, novelista popular  (1859-1934).
2 Cf. Flaubert, Correspondance (ed. Conard, tomo VIII, N° 1894).

Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant


A GUSTAVE FLAUBERT

MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
ET DES BEAUX-ARTS
SECRÉTARIAT
1er BUREAU

Paris, le 17 8bre 1879.

      Je ne vous ai point répondu, mon cher Maître, parce que votre lettre m'a contraint à faire plusieurs démarches et que je n'ai point encore toutes les réponses attendues.
      J'ai d'abord une mauvaise nouvelle à vous annoncer. Vous avez fait une erreur au sujet de votre pension qui n'a point été changée ; et vous avez pris pour une mesure exceptionnelle l'avis d'ordonnancement qui est envoyé tous les trois mois aux hommes de lettres qui sont titulaires de pensions de l'État. Ces pensions portent, au budget, le nom d'indemnités. De là une confusion. J'étais tellement étonné de cette augmentation qui me paraissait impossible avec les crédits dont dispose le Ministre, que j'ai été tout de suite prendre des renseignements au Cabinet. La lettre que vous avez reçue est simplement la lettre circulaire qu'on envoie à tout le monde.
      Pour savoir les formalités à remplir afin de toucher pour vous, j'ai été obligé de m'adresser au ministère des Finances, mais je n'ai point encore la réponse ; je vous l'enverrai aussitôt qu'elle me sera parvenue.
      Je compte aller passer avec vous le dimanche qui suivra la Toussaint.
      Et Nana ? Je vous envoie un article phénoménal de Zola sur le roman expérimental !.......
      Un certain M. Champsaur1, rédacteur au Figaro m'a demandé des détails biographiques sur moi - Il veut faire l'entourage de Zola. Je lui ai écrit qu'à six ans je faisais le désespoir de ma bonne par mon obscénité, qu'à 17 j'étais renvoyé d'une maison ecclésiastique pour irréligion et scandales divers ; et qu'aujourd'hui mon amie Suzanne Lagier, dont l'opinion fait loi en matière de mœurs, trouve que j'en manque absolument. Goinfre et lubrique je pense que tout 1e bonheur de la vie consiste dans la satisfaction de ses vices ; et je cherche à multiplier les miens, etc., etc. - Il a dû faire une bonne tête en recevant cette lettre fort polie du reste et pleine de remerciements. Son article doit paraître demain. On voit sur les boulevards et dans les rues des files d'hommes en blouse portant des bannières sur lesquelles on lit NANA par Émile Zola, dans le Voltaire ! Quelqu'un me demanderait si je suis homme de lettres, je répondrais « Non Monsieur, je vends des cannes à pèche » tant je trouve cette folle réclame humiliante pour tous.
      Adieu, mon cher Maître, je vous embrasse filialement en vous serrant les mains.
      Mille choses affectueuses à Madame et à Monsieur Commanville s'ils sont revenus près de vous.

      GUY DE MAUPASSANT2

       1 Félicien Champsaur, romancier populaire (1859-1934).
       2 Cf. Flaubert, Correspondance (éd. Conard, tome VIII, N° 1894).

  Puesto en formato html por Thierry Selva:  http://maupassant.free.fr/