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Guy de Maupassant

Carta 172
AL SECRETARIO DE REDACCIÓN
DE LA NOUVELLE REVUE

(original en francés)

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[Abril 1880.]

      Señor,
      Recibí una carta de Gustave Flaubert1 que me deja en un gran apuro. He aquí la razón. Hace cinco meses aproximadamente, he tenido el honor de presentarme en casa de la señora Adam para pedirle poder publicar en la Nouvelle Revue un poema mío titulado « Vénus rustique ». La señora Adam, no comprometiéndose de entrada con mi solicitud, tuvo la amabilidad de invitarme a hacer para su Revista una poesía menos extensa.
      Me propuse acabar esta obra y la envíe.
      Los meses pasaron. No me atreví, por discreción, a hacer una nueva visita, en el temor de parecer querer, merced al nombre y a la amistad de Flaubert, forzar la determinación de la señora Adam hacia mí.
      Al cabo de un tiempo tan largo, me consideré rechazado definitivamente y, como mi volumen de versos donde se encuentra la obra en cuestión va a aparecer el 21 o el 22 de este mes, como por otro lado, el director de la Réforme me solicitaba unos versos con insistencia,  me consideré tan liberado con respecto a la señora Adam que di a la Réforme mi poema « Fin d'Amour » que debió aparecer ayer.
      Lo lamento y estoy desolado; pero, de todos modos, usted no habría podido publicarlo más que después de la aparición de mi volumen que estará a la venta en tres días; lo que no habría sido más que una reproducción.
      Dejo a su consideración, señor, lo que debe hacer. Publique o no, según su conciencia, pero transmita, se lo ruego, todas mis disculpas a la señora Adam, al mismo tiempo que el homenaje de mis más devotos y respetuosos sentimientos y añada a usted mismo la seguridad de mi consideración más distinguida.

      MAUPASSANT
      calle Clauzel, 17

      1 Cf. Flaubert, Correspondance (ed. Conard, tomo IX, N° 1980).

 Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant


AL SECRETARIO DE REDACCIÓN
DE LA NOUVELLE REVUE

[Avril 1880.]

      Monsieur,
      Je reçois une lettre de Gustave Flaubert1 qui me jette dans un grand embarras. Voici pourquoi. Il y a cinq mois environ, j'ai eu l'honneur de me présenter chez Madame Adam pour lui demander de publier dans la Nouvelle Revue un poème de moi intitulé « Vénus rustique ». Madame Adam, tout en ne m'accordant point ma demande, eut l'amabilité de m'inviter à faire pour sa Revue une pièce de vers moins étendue.
      Je m'empressai d'achever cette pièce et je l'envoyai.
      Des mois s'écoulèrent. Je n'osai point, par pure discrétion, faire une nouvelle visite, dans la crainte de sembler vouloir, grâce au nom et à l'amitié de Flaubert, forcer la détermination de Madame Adam à mon sujet.
      Au bout d'un temps si long, je me croyais refusé définitivement et, comme mon volume de vers où se trouve la pièce en question va paraître le 21 ou le 22 de ce mois, comme d'un autre côté, le directeur de la Réforme me demandait des vers avec insistance, je me jugeai si bien dégagé vis-à-vis de Madame Adam que je donnai à la Réforme mon poème « Fin d'Amour » qui a dû paraître hier.
      Je le regrette et je suis désolé ; mais, de toute façon, vous ne l'auriez pu publier qu'après l'apparition de mon volume qui sera en vente dans trois jours ; cela n'aurait donc encore été qu'une reproduction.
      Je vous laisse juge, Monsieur, de ce qu'il faut faire. Publiez ou ne publiez pas, suivant votre sentiment, mais faites agréer, je vous prie, toutes mes excuses à Madame Adam, en même temps que l'hommage de mes sentiments très respectueux et très dévoués, et agréez vous-même l'assurance de ma considération la plus distinguée.

      MAUPASSANT
      17, rue Clauzel.

      1 Cf. Flaubert, Correspondance (éd. Conard, tome IX, N° 1980).

Puesto en formato html por Thierry Selva:  http://maupassant.free.fr/