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24 de septiembre de 1873
Puedes ver que no tardo es escribirte, pero también es cierto que no puedo
esperar ya más tiempo. Me encuentro tan perdido, tan aislado, y tan
desmoralizado que me veo obligado a solicitarte algunas buenas páginas. Tengo
miedo del invierno que viene, me siento solo, con mi triste lámpara que brilla
ante mi, con momentos de desamparo tan completos que no sé a que aferrarme. Y
me pregunto a menudo en estos instantes que en el invierno último tu
debías tener también grandes penas durante las largas y frías veladas de
diciembre y de enero. Mi vida durante tres meses se torna monótona aquí.
L.F.1 no puede cenar conmigo esta noche; cena en la ciudad, esto me
aburre, habríamos podido estar un rato juntos... He escrito todo el tiempo,
para distraerme, alguna cosa al estilo de los Contes du Lundi. Te lo
envío, aunque esto no tiene naturalmente ninguna pretensión, puesto que lo he
escrito en un cuarto de hora, pero lo corregiré cuando me haga falta. Me
gustaría mucho poder volver atrás, 15 días antes, es ciertamente muy poco
tiempo, no tenemos tiempo de vernos y charlar, y una vez las vacaciones
acabadas, nos decimos: «¿Pero cómo ha pasado? Apenas he llegado, no he hablado todavía con
nadie».
Adiós
querida madre, te abrazo mil y mil veces al igual que a Hervé.
Tu hijo,
GUY DE MAUPASSANT
1 Léon Fontaine.
Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant
24 septembre 1873.
Tu
vois que je ne tarde pas à t'écrire, mais en vérité je ne puis attendre plus
longtemps. Je me trouve si perdu, si isolé, et si démoralisé que je suis
obligé de venir te demander quelques bonnes pages. J'ai peur de l'hiver qui
vient, je me sens seul, et mes longues soirées de solitude sont quelquefois
terribles. J'éprouve souvent, quand je me trouve seul devant ma table avec ma
triste lampe qui brûle devant moi, des moments de détresse si complets que je
ne sais plus à qui me jeter. Et je me disais souvent dans ces moments-là,
l'hiver dernier, que tu devais avoir aussi d'affreuses tristesses pendant les
longues et froides soirées de décembre et de janvier. J'ai repris ma vie
monotone, en voici pour 3 mois. L. F.1 ne peut pas dîner avec moi ce soir ; il
dîne en ville, cela m'ennuie, nous aurions pu causer un peu ensemble... J'ai
écrit tout à l'heure, pour me distraire un peu, quelque chose dans le genre
des Contes du Lundi. Je te l'envoie, cela n'a naturellement aucune prétention,
puisque je l'ai écrit en un quart d'heure. Je te prierai cependant de me le
renvoyer, parce que je pourrai en faire quelque chose. Il y a plusieurs phrases
peu correctes, mais je corrigerai cela quand je m'en servirai. Je voudrais bien
me trouver reporté quinze jours en arrière, c'est décidément bien court, on
n'a pas le temps de se voir et de causer, et une fois la vacance finie, on se
dit : « Mais comment cela s'est-il fait ? Je suis à peine arrivé, je n'ai
encore causé avec personne. »
Adieu, ma chère mère, je t'embrasse mille et mille fois ainsi qu'Hervé.
Ton
fils,
GUY DE MAUPASSANT
1 Léon Fontaine.
Puesto en formato html por Thierry Selva: http://maupassant.free.fr/