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Guy de Maupassant

 Carta 217
A GISÈLE D'ESTOC
(original en francés)

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Martes [1881]

      Mi querida amiga,
      Es absolutamente necesario que venga a cenar a mi casa el viernes. Encontrará allí a Catulle Mendès, mas una joven y bonita mujer, su amiga, asolada por unos deseos femeninos... no más... y no ha nunca...
       Pero por Lesbos, no sea tan (como diría yo)... rápida como con la de la Ópera. En el momento que usted representa un papel de hombre, sea hombre, en nombre de Dios, y ¡ discreto en público !
      Hel... que no preguntaba otra cosa que, como  había podido verla usted primero,  ha retrocedido enseguida ante su... violencia. Como ha podido ser tan atrevida ante esos hombres que han contado el incidente por todas partes, de modo que el amante de Hel... ,advertido, le ha hablado de moral y la ha reconquistado.
      La del viernes es una inocente, pero una inocente totalmente dispuesta a sucumbir - casada - tranquila. Y ese deseo bullendo en ella de tal modo que en sus horas de amor grita a su amante: « ¡ una mujer, una mujer, dame una mujer ! »
Quizás pueda ser adorable.
       En cuanto a mi, después de tres semanas, vivo casado con una docena de sanguijuelas que no me dejan en paz. Tengo jaqueca tras jaqueca, y me mantengo casto, estando inapetente para el amor. Mi medico me grita: « ¡ Mujeres ! » Prefiero las sanguijuelas. Encuentro definitivamente monótonos los órganos del placer, esos agujeros sucios cuya verdadera función consiste en llenar las fosas de facilidad y en sofocar las fosas nasales. La idea de desnudarme para hacer ese pequeño movimiento ridículo me aflige y me hace bostezar de aburrimiento. Quedo estupefacto viendo personas exaltarse porque pasan un poco de escupitajo, de una boca a otra, con la punta de su lengua. Todo esto me asquea.
      ¡Una palabra si le apetece! Pero venga el viernes. Invente cualquier pretexto. ¡¡¡ Nunca, nunca, le reconoceré esto !!!!
      Mil besos.

Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant


A GISÈLE D'ESTOC 

    Mardi [1881].

      Ma chère amie,
      Il faut absolument que vous veniez dîner chez moi vendredi. Vous y trouverez Catulle Mendès, plus une jeune et jolie femme, son amie, ravagée par des désirs féminins... elle n'en dort plus... et n'a jamais...
       Mais par Lesbos, ne soyez pas aussi (comment dirai-je)... prompte qu'avec celle de l'Opéra. Du moment que vous jouez un rôle d'homme, soyez homme, morbleu, et réservée en public !
      Hel... qui ne demandait pas mieux, comme vous avez pu le voir d'abord a reculé ensuite devant votre... violence. Comment avez-vous pu être aussi entreprenante devant ces hommes qui ont raconté partout la chose, de sorte que l'amant d'Hel... prévenu a parlé morale et l'a reconquise.
Celle de vendredi est une innocente, mais une innocente toute prête à tomber - mariée - posée. Et ce désir bouillonne en elle tellement qu'à ses heures d'amour elle crie à son amant : « une femme, une femme, donne-moi une femme ! »
      Voilà qui peut être adorable.
      Quant à moi depuis trois semaines, je vis maritalement avec une douzaine de sangsues qui ne me quittent guère. J'ai migraine sur migraine, et je vis chaste, étant écœuré par l'amour. Mon médecin me crie : « Des femmes ! » J'aime mieux des sangsues. Je trouve décidément bien monotones les organes à plaisir, ces trous malpropres dont la véritable fonction consiste à remplir les fosses d'aisance et à suffoquer les fosses nasales. L'idée de me déshabiller pour faire ce petit mouvement ridicule me navre et me fait d'avance bâiller d'ennui. Je reste stupéfait en voyant des gens prendre des airs exaltés parce qu'ils se passent un peu de crachat, d'une bouche dans l'autre, avec la pointe de leur langue. Tout ça m'embête.
      Un mot s'il vous plaît ! Mais venez vendredi. Inventez n'importe quel prétexte. Jamais, jamais, vous ne retrouverez cela !!!!
     Mille baisers.

     G

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