Carta anterior: 243 |
Carta 244 |
Carta siguiente: 245 |
Viernes [enero de 1882]
Querido Maestro y amigo,
Tengo remordimientos, remordimientos terribles.
Hace dos meses que he regresado a Paris, y todavía no he encontrado un día
para ir a verlo a Médan. He tenido tantas historias, tantos asuntos de todas
clases y mucho trabajo, muchas cosas atrasadas. Me hacía falta producir tanto
para pagar una casa que he hecho construir en Étretat1, que no
podía sinceramente encontrar dos horas. Día a día me proponía viajar a su
casa; luego pasaba por la calle de Boulogne para saber si usted iba a venir a
Paris, pues yo no marchaba, retenido por cualquier detalle.
He dicho incluso un día al señor de Cyon que
iría al día siguiente a Médan, y el me había encargado de avisaros que se
comenzaría su nueva novela en el Gaulois el 22 de enero2.
No he tenido tiempo de ver a Huysmans y a Céard.
Pero he visto a Hennique y encontrado a Alexis, muy tarde, una noche, a lo largo
de un muro, en los Batignolles. Me ha dado noticias suyas, pues acababa de
llegar de Médan.
Había tomado la formal resolución de ir al
menos a saludarle antes del 1 de enero, pero me vi retenido en mi habitación
por un tiempo indefinido, habiéndome dado estúpidamente un tiro en la mano. La
bala ha seguido un dedo en toda su longitud y salió por el extremo. Así pues,
toda excursión siendo aún imposible, quiero al menos decir que pienso en
usted, puede creerme. Incluso pienso sin cesar, atormentado por la conciencia de
mi larga e injustificable negligencia.
En fin, espero que a usted no le importe, y que
la señora Zola me perdonará esta persistente ausencia.
¿Volverá usted a París de aquí a algún
tiempo, o bien quedará todavía en Médan? Pienso poder salir en unos quince
días. Si usted no debe estar necesariamente en la calle de Boulogne, mi primera
visita será para usted, en su provincia.
Hasta pronto, querido Maestro y amigo; le
estrecho cordialmente las manos, rogándole que presente mis respetuosos
cumplidos a la señora Zola.
GUY DE MAUPASSANT
1
La Guillette, « situada, dice François Tassart el mayordomo, a quince
kilómetros de la estación... La casa estaba aislada en el Gran Valle sin mucha
vista... »
2 Pot-Bouille, publicado en folletín en Le Gaulois, a
partir del 23 de enero de 1882. Un artículo de Maupassant anuncia la publicación.
Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant
Ce vendredi [janvier 1882].
Cher Maître et ami,
J'ai du remords, du remords terrible. Voici deux
mois que je suis revenu à Paris, et je n'ai pas encore trouvé un jour pour
aller vous voir à Médan. J'ai eu des tas d'histoires, des tas d'affaires de
toute sorte, et beaucoup de travail, et beaucoup de choses en retard. Il m'a
fallu produire tant de copie pour payer une maison que j'ai fait construire à
Étretat1, que je ne pouvais vraiment plus trouver deux heures. De jour en jour
je remettais mon voyage chez vous ; puis je passais rue de Boulogne pour savoir
si vous alliez revenir à Paris, puis je ne partais pas, retenu par quelque
détail.
J'ai même un jour dit à M. de Cyon que je me
rendrais le lendemain à Médan, et il m'avait chargé de vous prévenir qu'on
commencerait votre roman dans Le Gaulois le 22 janvier2.
Je n'ai pas eu le temps de voir non plus Huysmans
et Céard. Mais j'ai vu Hennique et rencontré Alexis, très tard, un soir, le
long d'un mur, aux Batignolles. Il m'a donné de vos nouvelles, car il arrivait
de Médan.
J'avais la formelle résolution d'aller au moins
vous dire bonjour avant le 1er janvier, mais me voici retenu dans ma chambre
pour un temps indéfini, m'étant tiré stupidement un coup de revolver dans la
main. La balle a suivi un doigt dans toute sa longueur et est sortie par le bout.
Donc, toute excursion étant encore impossible je veux au moins dire que je
pense à vous quoi que vous en puissiez croire. J'y pense même sans cesse
tourmenté que je suis par la conscience de ma longue et injustifiable
négligence.
Enfin, j'espère que vous ne m'en voudrez point,
et que Madame Zola me pardonnera cette bien persistante absence.
Reviendrez-vous à Paris d'ici quelque temps, ou
bien resterez-vous encore à Médan ? Je pense pouvoir sortir dans une quinzaine
de jours. Si vous ne devez pas rentrer incessamment rue de Boulogne, ma
première visite sera pour vous, en votre province.
A bientôt, cher Maître et ami ; je vous serre
bien cordialement les mains, en vous priant de présenter à Madame Zola mes
compliments empressés et respectueux.
GUY DE MAUPASSANT
1 La Guillette, « située, dit François Tassart le valet de chambre, à quinze
kilomètres de la gare... La maison était isolée dans le Grand Val sans
beaucoup de vue... »
2 Pot-Bouille, publié en feuilleton dans Le
Gaulois, à partir du 23 janvier 1882. Un article de Maupassant annonça la
publication.
Puesto en formato html por Thierry Selva: http://maupassant.free.fr/