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28 de noviembre de 1882
Mi querido amigo,
He recibido con cierta sorpresa, al día
siguiente de mi conversación con el señor Gaullet, el proyecto de contrato que
usted ha tenido la gentileza de enviarme.
Qué extraña idea ha tenido usted de súbito, queriendo
hacer un contrato conmigo toda vez que nunca había pensado en algo así?
Yo le he ofrecido mi libro1. Usted lo
ha aceptado sin hablarme de contrato. Ha aparecido sin que ni una sola vez
hubiera necesidad de contrato entre nosotros.
Tres años han transcurrido sin que hayamos
planteado y discutido la idea de un contrato; y de pronto usted me envía un
documento sellado y expedido por duplicado.
De entrada, estoy decidido a no firmar ningún
contrato definitivo. No tengo, además, con el señor Havard, más que
conversaciones verbales. Pero si debo firmar un contrato con usted, no lo haré
más que en las condiciones que yo considere apropiadas. Son estas.
Hasta el tercer millar, recibiré 40 céntimos
por ejemplar.
A partir del tercer millar, recibiré 1 franco
por ejemplar.
Al cabo de seis años, seré libre de disponer de
mi obra como considere oportuno.
Tengo siempre el derecho de hacer, cuando me
plazca y donde me apetezca, unas ediciones de lujo o ilustradas de mis libros.
Estas condiciones, aún resultándome muy
ventajosas, no tengo la intención de modificarlas.
He pensado en hacer una edición de lujo de des
Vers2 (me han ofrecido 1500 francos inmediatamente por una
tirada de 1500 de ese libro ya aparecido (5 francos el volumen, caro) y he ido a
su casa para hablarle y saber lo que le quedaba en el almacén. He comprobado
que la venta de su edición estaba completamente agotada, lo que me ha decidido
a hacer otra edición de lujo para ayudar a deshacerse de lo que le queda.
Iba a regresar a su casa para tratar esta
cuestión y preguntarle en que condiciones usted imprimiría su edición a 3 fr
50 cuando esta estuviese agotada; pero el proyecto de contrato que me ha enviado
me demuestra que no nos entenderemos nunca sobre este punto, pues, teniendo
libros a 1 franco por ejemplar, no veo razón en dejar los otros a 40 céntimos.
No estando ligados el uno al otro por ningún documento, velo por mis intereses,
como autor, del mismo modo que usted como editor. Nada más natural.
Como, por otra parte, tengo un gran deseo de no
perjudicarle, usted podría tener la gentileza de decirme si cree que la
edición de luxo que quiero hacer, podría perjudicar de algún modo, la salida
de los 1250 volúmenes que usted tiene en el almacén.
Le estrecho cordialmente la mano, rogándole que presente a la señora
Charpentier mis cumplidos más solícitos y respetuosos.
GUY DE MAUPASSANT
1
Des Vers, editado por Charpentier en abril de 1880.
2 Esta edición de lujo de Des Vers no apareció hasta 1884 editada por
Victor Havard.
Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant
Ce 28 novembre 1882.
Mon cher ami,
J'ai reçu avec un certain étonnement, au
lendemain de ma conversation avec M. Gaullet, le projet de traité que vous avez
eu l'inspiration de m'envoyer.
Quelle drôle d'idée vous prend tout à coup de
vouloir faire un traité avec moi alors que vous n'y aviez jamais songé
jusqu'ici ?
Je vous ai offert mon livre1. Vous l'avez
accepté sans me parler de traité. Il a paru sans qu'il fût une seule fois
question de traité entre nous.
Trois ans se sont écoulés sans que nous ayons
soulevé et discuté l'idée d'un traité ; et tout d'un coup vous m'envoyez un
papier timbré en double expédition.
En principe, je suis résolu à ne jamais signer
de traité définitif. Je n'ai, d'ailleurs, avec M. Havard, que des conventions
verbales. Mais, si je devais signer un traité avec vous, je ne le ferais que
dans les conditions que j'ai trouvées ailleurs. Les voici.
Jusqu'au troisième mille, je reçois 0 fr. 40
par exemplaire.
A partir du troisième mille, 1 franc par
exemplaire.
La main de passe n'est que de 100.
Au bout de six ans je redeviens libre de disposer de
mon œuvre comme je l'entends.
J'ai toujours le droit de faire, quand il me plaît
et où il me plaît des éditions de luxe ou illustrées de mes livres.
Ces conventions m'ayant été jusqu'ici très
avantageuses, je n'ai pas le désir de les modifier.
La pensée m'est venue de faire une édition de
luxe des Vers2 (on m'offre 1500 francs immédiatement pour un tirage à 1500 de
ce livre déjà paru (5 fr. le volume, prix fort) et j'ai été chez vous pour
vous en parler et savoir ce qui vous restait en magasin. J'ai reconnu que la
vente de votre édition était complètement arrêtée, ce qui m'a décidé à
faire une autre édition de luxe pour vous aider à écouler ce qui vous reste.
J'allais retourner chez vous pour traiter
cette question et vous demander à quelles conditions vous réimprimeriez votre
édition à 3 fr. 50 quand ce que vous avez serait épuisé ; mais le projet de
traité que vous m'envoyez me prouve que nous ne nous entendrons jamais sur ce
point, car, ayant des livres à 1 franc par exemplaire, je ne vois pas pourquoi
j'en laisserais d'autres à 0 fr. 40 c. N'étant liés l'un à l'autre par aucun
écrit je cherche mon plus grand avantage, comme auteur, de même que vous
cherchez le vôtre, comme éditeur. Rien de plus naturel.
Comme, d'un autre côté, j'ai un grand désir de
ne vous point froisser, vous seriez bien gentil de me dire si vous croyez que
l'édition de luxe que je désire faire vous pourrait gêner en quelque chose
pour l'écoulement des 1250 volumes qui vous restent en magasin.
Je vous serre bien cordialement la main en vous
priant de présenter à Madame Charpentier mes compliments empressés et
respectueux.
GUY DE MAUPASSANT
1
Des Vers, édité par Charpentier en avril 1880.
2 Cette édition de luxe de Des Vers ne devait paraître qu'en 1884 chez
Victor Havard.
Puesto en formato html por Thierry Selva: http://maupassant.free.fr/