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Guy de Maupassant

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A CAROLINE COMANNVILLE
(original en francés)

Caroline Commanville Carta Siguiente: 308

  calle del Redan, 1. Cannes
28 de enero de 1884
[fecha del sello]

      Querida Señora y amiga,
      Gracias por haberme escrito tan rápido. Hay que dejar al señor Du Camp afferarse hasta el último extremo1. El proceso, si tiene lugar, permitirá decir al tribunal su parecer sobre este caballero, y de escribirlo en los periódicos. Estoy esperando. Estoy a sus servicios, desde que me dedicara, un artículo cuidado y picante, educado y despectivo, que no le quedará nada que desear. Pero espero el proceso para dar el golpe justo en el momento preciso.
      El proceso va hacer por otra parte demasiado ruido entorno al volumen, y dar a la aparición del libro la vertiginosidad de una actualidad escandalosa.
      Yung ha cortado las citas de las notas y el plan del cuento en mi estudio, a fin de acabar de una vez. Charpentier podrá entonces ponerlo a la venta desde el momento que quiera2. Las dos cartas que usted tiene de Flaubert a Du Camp acabarán con esto3.
      Mi padre me ha escrito que he debido recibir igualmente un papel timbrado. En todo caso no me ha sido enviado a Cannes. Iría a Paris si eso fuera necesario.
      Desde luego, me recuerda al banco de Fécamp que me servía de buque, y el álamo al que yo trepaba. Me parece que haré todavía el dibujo de este árbol. He pensado allí muy a menudo. Hay unas imágenes de la infancia que permanecen claras en el espíritu más que las demás, y esta es quizás la más precisa que tengo.
      Estos viejos recuerdos son unas ataduras dulces y tenaces. Estoy feliz, querida Señora y amiga, de que tengamos en común algo que nos reprochen aún.
      Crea en el vivo afecto de su viejo compañero.

      GUY DE MAUPASSANT

      Recuerdos a su esposo.

1 Alusión a la publicación de los Souvenir littéraires, de Maxime Du Camp (1882-1883), y a las controversias que entraña esta publicación.
2 Se refiere a las lettres  de Flaubert a George Sand, publicadas por Charpentier en 1884. El prólogo de Maupassant, muy descortés para el señor Du Camp, apareció primero en la Revue Bleue (dirigida por Yung). Cf. el texto de Maupassant en Chroniques littérarires et parisiennes.
3 Cf. Flaubert. Correspondance, nºs 327 y 330. 

Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant


A CAROLINE COMANNVILLE

1, rue du Redan, Cannes.
28 janvier 1884
[date de la poste].

      Chère Madame et amie,
      Merci de m'avoir écrit si vite. Il faut laisser M. Du Camp s'enferrer jusqu'au bout1. Le procès, s'il a lieu, permettra de dire au tribunal son avis sur ce monsieur, et de l'écrire dans les journaux. Moi, j'attends. Je lui servirai, dès qu'il me prêtera le flanc, un article soigné et salé, poli et méprisant, qui ne lui laissera plus rien à désirer. Mais j'attends le procès pour ne frapper qu'à coup sûr et juste, au moment nécessaire.
      Le procès va faire d'ailleurs beaucoup de bruit autour du volume, et donner à l'apparition du livre l'allure d'une actualité tapageuse.
      Yung a coupé les citations des notes et le plan du conte dans mon étude, afin de finir en une fois. Charpentier pourra donc mettre en vente dès qu'il voudra2. Les deux lettres que vous avez de Flaubert à Du Camp achèveront celui-ci3.
      Mon père m'écrit que j'ai dû recevoir également du papier timbré. En tout cas il ne m'a pas été envoyé à Cannes. Je viendrai à Paris si cela est nécessaire.
      Certes, je me rappelle le banc de Fécamp qui me servait de navire, et le peuplier où je grimpais. Il me semble que je ferais encore le dessin de cet arbre. J'y ai pensé bien souvent. II y a des images de l'enfance qui restent nettes dans l'esprit plus que tout le reste, et celle-là est peut-être la plus précise que j'aie.
      Ces vieux souvenirs sont des liens doux et tenaces. Je suis heureux, chère Madame et amie, que nous en ayons ainsi de communs qui nous rapprochent encore.
      Croyez à la bien vive affection de votre ancien camarade.

     GUY DE MAUPASSANT

      qui se rappelle à l'amical souvenir de votre mari.

      1 Allusion à la publication des Souvenirs littéraires, de Maxime Du Camp (1882-1883), et aux controverses qu'entraîna cette publication.
      2 Il s'agit des Lettres de Flaubert à George Sand, publiées chez Charpentier en 1884. La préface de Maupassant, très désobligeante pour M. Du Camp, parut d'abord dans la Revue bleue (dirigée par Yung). Cf. le texte de Maupassant dans Chroniques littéraires et parisiennes.
      3 Cf. Flaubert, Correspondance, Nos 327 et 330. On ne connaît que les minutes, retrouvées dans les papiers de Flaubert.

      Puesto en formato html por Thierry Selva:  http://maupassant.free.fr/