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Cannes,
calle del Redan, nº 1
Marzo 1884
Sí, señora, ¡una segunda carta!. Es asombroso. Abrigo quizás el vago deseo
de decirle algunas impertinencias. Me está permitido puesto que no la conozco;
pero no, le escribo porque me aburro abominablemente!
Me reprocha usted el haber hecho la misma
canción repetida con la anciana y los prusianos, pero todo es una vieja
canción. No hago más que eso; no entiendo más que eso. Todas las ideas, todas
las frases, todas las discusiones, todas las creencias son estribillos de la
misma canción.
¿No es acaso una cantinela grande y pueril
escribirle a una desconocida?
Para resumir, interiormente soy un tonto. Usted
me conoce más o menos. Sabe lo que hago y a quién se dirige; se dice esto o
aquello sobre mi, bueno o malo: poco importa. Aun cuando usted no conozca a
persona alguna entre mis relaciones que son amplias, usted ha leído artículos
de periódicos sobre mí, mi retrato físico y retrato moral; en fín usted se
divierte muy segura de lo que hace. ¿Pero y yo?
¿Puede usted ser, ciertamente, una joven mujer y
encantadora con lo que me haría feliz, algún día, besar su mano?
¿Pero usted puede ser también una vieja portera
embobada con novelas de Eugene Sue?
¿Puede usted ser una dama de compañía letrada,
madura y seca como una escoba?
Por cierto, ¿es usted delgada? No demasiado,
¿verdad? Estaría desolado teniendo una corresponsal flaca. Desconfío de todo
con las desconocidas.
He caído en trampas ridículas. Un pensionado de
señoritas ha mantenido conmigo una correspondencia por la pluma de una maestra.
Se pasaban mis respuestas de mano en mano durante las clases. La estratagema era
divertida y me hizo reír cuando lo supe por la propia mujer.
¿Es usted una mundana? ¿Una sentimental? ¿O
simplemente una novelera? O aún sencillamente una mujer que se aburre - y que
se distrae. Pero, mire usted, yo no soy en absoluto el hombre que usted busca.
No tengo ni un ápice de poesía. Tomo todo con
indiferencia y paso los dos tercios de mi tiempo aburriéndome profundamente.
Ocupo el tercio restante en escribir unas líneas que vendo lo más caro
posible, lamentando el estar obligado a realizar ese trabajo abominable que me
ha valido el honor de ser distinguido - moralmente - por usted.
-Aquí tiene unas confidencias - ¿Qué dice
usted, señora? Debe encontrarme muy descarado, perdóneme. Me da la impresión,
mientras le escribo, que camino por un subterráneo negro con el temor de tener
un agujero ante mis pies. Y doy golpes de bastón al azar para tantear el suelo.
¿Cuál es su perfume?
¿Es usted golosa?
¿Cómo es su oreja?
¿Y el color de sus ojos?
¿Le gusta la música?
No le pregunto si es usted casada. Si lo es, me
contestará que no. Si no lo es, me contestará que sí.
Beso su mano señora.
GUY DE MAUPASSANT
Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant
Cannes,
1, rue du Redan.
[Mars 1884.]
Oui, Madame, une seconde lettre ! Cela m'étonne. J'éprouve peut-être le
désir vague de vous dire des impertinences. Cela m'est permis puisque je ne
vous connais point ; et bien non, je vous écris parce que je m'ennuie
abominablement !
Vous me reprochez d'avoir fait une rengaine avec
la vieille femme aux Prussiens, mais tout est rengaine. Je ne fais que cela ; je
n'entends que cela. Toutes les idées, toutes les phrases, toutes les
discussions, toutes les croyances sont des rengaines.
N'en est-ce pas une, et une forte, et une
puérile d'écrire à une inconnue ?
En somme, là-dedans, je suis un niais. Vous me
connaissez plus ou moins. Vous savez ce que vous faites et à qui vous vous
adressez ; on vous a dit ceci ou cela sur moi, du bien ou du mal : peu importe.
Quand même vous n'auriez rencontré personne de mes relations qui sont larges,
vous avez lu des articles de journaux sur mon compte, portrait physique et
portrait moral ; enfin vous vous amusez, très sûre de ce que vous faites. Mais
moi ?
Vous pouvez être, il est vrai, une femme jeune
et charmante dont je serai heureux, un jour, de baiser les mains ?
Mais vous pouvez être aussi une vieille
concierge nourrie des romans d'Eugène Sue ?
Vous pouvez être une demoiselle de compagnie
lettrée et mûre et sèche comme un balai ?
Au fait, êtes-vous maigre ? Pas trop, n'est-ce
pas ? Je serais désolé d'avoir une correspondante maigre. Je me méfie de tout
avec les inconnues.
J'ai été pris à des pièges ridicules. Un
pensionnat de jeunes filles a entretenu avec moi une correspondance par la plume
d'une sous-maîtresse. On se passait mes réponses de main en main pendant les
classes. La ruse était drôle et m'a fait rire quand je l'ai sue - par la sous-maîtresse
elle-même.
Êtes-vous une mondaine ? Une sentimentale ? ou
simplement une romanesque ? ou encore simplement une femme qui s'ennuie - et qui
se distrait. Moi, voyez-vous, je ne suis nullement l'homme que vous cherchez.
Je n'ai pas pour un sou de poésie. Je prends
tout avec indifférence et je passe les deux tiers de mon temps à m'ennuyer
profondément. J'occupe le troisième tiers à écrire des lignes que je vends
le plus cher possible en me désolant d'être obligé de faire ce métier
abominable qui m'a valu l'honneur d'être distingué - moralement - par vous !
- Voilà des confidences - qu'en dites vous,
madame ? Vous devez me trouver très sans gêne, pardonnez-moi. Il me semble, en
vous écrivant que je marche dans un souterrain noir avec la crainte de trous
devant mes pieds. Et je donne des coups de canne au hasard pour sonder le sol.
Quel est votre parfum ?
Êtes-vous gourmande ?
Comment est votre oreille physique ?
La couleur de vos yeux ?
Musicienne ?
Je ne vous demande pas si vous êtes mariée. Si
vous l'êtes, vous me répondrez non. Si vous ne l'êtes pas, vous me répondrez
oui.
Je vous baise les mains, Madame.
GUY DE MAUPASSANT
Puesto en formato html por Thierry Selva: http://maupassant.free.fr/