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Calle Dulong, nº 83
Abril 1884
Mi querido Joseph, la moral de su carta es esta ¿no es así?. Puesto que no nos
conocemos en absoluto, no nos molestamos en estar el uno enfrente del otro y
hablarnos francamente como dos compadres.
Sea; voy incluso a darle el ejemplo de un
abandono completo. A estas alturas bien podíamos ya tutearnos ¿no crees?. Así
que te voy a tutear y si no te gusta, ¡jolín!
Te remito a Victor Hugo quién te llamaría.:
"Querido poeta".
Sabes que para ser un maestro al que se le han
encomendado inocentes jóvenes, me dices unas cosas bastante licenciosas. ¿Qué
tu no eres del todo púdico? Ni en tus lecturas, ni en tus escritos, ni en tus
palabras, ni en tus acciones, ¿eh?. Lo sospechaba.
Crees que algo puede divertirme. ¿Y que me burlo
del público? Mi pobre Joseph, no hay bajo el sol un hombre que se aburra más
que yo. Nada me parece que valga la pena de un esfuerzo o la fatiga de un
movimiento. Me aburro sin tregua, sin descanso y sin esperanza, porque no deseo
nada, no espero nada, cuantos llantos por cosas que yo no puedo cambiar, espero
no estar chocheando. Así que para ser francos el uno con el otro, te advierto
que esta es mi última carta porque estoy empezando a cansarme.
¿Por qué razón he de continuar escribiéndote?
Esto no me divierte, no me procurará nada agradable de aquí en adelante.
¿Entonces?
No tengo ganas de conocerte. Estoy seguro de que
eres feo, y puede que que te haya enviado demasiados autógrafos como este.
¿Sabes que valen de 10 a 20 céntimos, la unidad, según el contenido?. Tu
tendrás al menos de diez a veinte. ¡Que suerte!
Luego creo que voy a dejar París, aquí me
aburro decididamente más todavía que en otros lugares. Voy a ir a Étretat,
para variar, y aprovechar allí para encontrarme solo.
Me gusta inmoderadamente estar solo. De este modo
al menos me aburro sin tener que hablar.
Me preguntas que edad tengo. Habiendo nacido el 5
de agosto de 1850, todavía no tengo 34 años. ¿Estás contento? ¿Vas a
pedirme mi fotografía ahora?. Te advierto que no te la enviaré.
Sí, me gustan las mujeres bonitas, pero hay
días que me disgustan profundamente.
Adiós, mi viejo Joseph, nuestro conocimiento habrá
sido incompleto y corto. ¿Qué se va a hacer? Puede ser mejor que ignoremos
nuestras cartas.
Dame tu mano que yo la estrecharé cordialmente
enviándote un último saludo.
GUY DE MAUPASSANT
Ahora puedes dar referencias serias sobre mí a
los que te pregunten. Gracias al misterio, estoy liberado.
¡Adios, Joseph!
Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant
83,
rue Dulong.
[Avril 1884.]
Mon cher joseph, la morale de votre lettre est celle-ci, n'est-ce pas ? Puisque
nous ne nous connaissons nullement, ne nous gênons point l'un vis à vis de
l'autre et parlons franchement comme deux compères.
Soit, je vais même vous donner l'exemple d'un
abandon complet. Au point où nous sommes, nous pouvons bien nous tutoyer n'est-ce
pas ? Donc je te tutoye, et si tu n'es pas content, zut !
Adresse-toi à Victor Hugo qui t'appellera : «
Cher poète ».
Sais-tu que pour un maître d'étude à qui sont
confiés de jeunes innocents, tu me dis des choses pas mal roides. Quoi, tu n'es
pas pudique du tout ? Ni dans tes lectures, ni dans tes écrits, ni dans tes
paroles, ni dans tes actions, hein ? Je m'en doutais.
Et tu crois que quelque chose m'amuse ! Et que je
me moque du public ? Mon pauvre joseph, il n'y a pas sous le soleil d'homme qui
s'embête plus que moi. Rien ne me paraît valoir la peine d'un effort ou la
fatigue d'un mouvement. Je m'embête sans relâche, sans repos et sans espoir,
parce que je ne désire rien, je n'attends rien, quant à pleurer des choses que
je ne peux pas changer, n'en attends que je sois gâteux. Aussi, puisque nous
sommes francs l'un vis à vis de l'autre, je te préviens que voici ma dernière
lettre parce que je commence à en avoir assez.
Pourquoi est-ce que je continuerais à t'écrire
? Cela ne m'amuse pas, cela ne peut rien me procurer d'agréable dans l'avenir.
Alors ?
Je n'ai pas envie de te connaître. Je suis sûr
que tu es laid, et puis je trouve que je t'ai envoyé assez d'autographes comme
ça. Sais-tu que ça vaut de 10 à 20 sous pièce, suivant le contenu. Tu en
aurais au moins deux à vingt sous. Veinard !
Et puis, je crois bien que je vais encore quitter
Paris, je m'y ennuie décidément plus encore qu'ailleurs. Je vais aller à
Étretat, pour changer, en profitant du moment où je vais m'y trouver seul.
J'aime immodérément être seul. De cette façon
au moins, je m'embête sans parler.
Tu me demandes mon âge au juste. Étant né le 5
août 1850, je n'ai pas encore 34 ans. Es-tu content ? Vas-tu pas me demander ma
photographie maintenant. Je te préviens que je ne te l'enverrai pas.
Oui, j'aime les jolies femmes, mais il y a des
jours où j'en suis rudement dégoûté.
Adieu, mon vieux joseph, notre connaissance aura
été bien incomplète, bien courte. Que veux-tu ? Il vaut peut-être mieux que
nous ignorions nos binettes.
Donne-moi ta main, que je la serre cordialement
en t'envoyant un dernier souvenir.
GUY DE MAUPASSANT
Tu peux maintenant donner des renseignements sérieux sur moi à ceux qui t'en
demanderont. Grâce au mystère, je me suis livré.
Adieu, Joseph !
Puesto en formato html por Thierry Selva: http://maupassant.free.fr/