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Guy de Maupassant

Carta 336 
A MARIE BASHKIRTSEFF
(Original en francés)

Marie Bashkirtseff  Carta siguiente: 337

        Calle Dulong, nº 83
Abril 1884

      Mi querido Joseph, la moral de su carta es esta ¿no es así?. Puesto que no nos conocemos en absoluto, no nos molestamos en estar el uno enfrente del otro y hablarnos francamente como dos compadres.
      Sea; voy incluso a darle el ejemplo de un abandono completo. A estas alturas bien podíamos ya tutearnos ¿no crees?. Así que te voy a tutear y si no te gusta, ¡jolín!
      Te remito a Victor Hugo quién te llamaría.: "Querido poeta".
      Sabes que para ser un maestro al que se le han encomendado inocentes jóvenes, me dices unas cosas bastante licenciosas. ¿Qué tu no eres del todo púdico? Ni en tus lecturas, ni en tus escritos, ni en tus palabras, ni en tus acciones, ¿eh?. Lo sospechaba.
      Crees que algo puede divertirme. ¿Y que me burlo del público? Mi pobre Joseph, no hay bajo el sol un hombre que se aburra más que yo. Nada me parece que valga la pena de un esfuerzo o la fatiga de un movimiento. Me aburro sin tregua, sin descanso y sin esperanza, porque no deseo nada, no espero nada, cuantos llantos por cosas que yo no puedo cambiar, espero no estar chocheando. Así que para ser francos el uno con el otro, te advierto que esta es mi última carta porque estoy empezando a cansarme.
      ¿Por qué razón he de continuar escribiéndote? Esto no me divierte, no me procurará nada agradable de aquí en adelante.
      ¿Entonces?
      No tengo ganas de conocerte. Estoy seguro de que eres feo, y puede que que te haya enviado demasiados autógrafos como este. ¿Sabes que valen de 10 a 20 céntimos, la unidad, según el contenido?. Tu tendrás al menos de diez a veinte. ¡Que suerte!
      Luego creo que voy a dejar París, aquí me aburro decididamente más todavía que en otros lugares. Voy a ir a Étretat, para variar, y aprovechar allí para encontrarme solo.
      Me gusta inmoderadamente estar solo. De este modo al menos me aburro sin tener que hablar.
      Me preguntas que edad tengo. Habiendo nacido el 5 de agosto de 1850, todavía no tengo 34 años. ¿Estás contento? ¿Vas a pedirme mi fotografía ahora?. Te advierto que no te la enviaré.
      Sí, me gustan las mujeres bonitas, pero hay días que me disgustan profundamente.
      Adiós, mi viejo Joseph, nuestro conocimiento habrá sido incompleto y corto. ¿Qué se va a hacer? Puede ser mejor que ignoremos nuestras cartas.
      Dame tu mano que yo la estrecharé cordialmente enviándote un último saludo.

      GUY DE MAUPASSANT

      Ahora puedes dar referencias serias sobre mí a los que te pregunten. Gracias al misterio, estoy liberado.
¡Adios, Joseph!

Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant


A MARIE BASHKIRTSEFF

83, rue Dulong.
[Avril 1884.]

      Mon cher joseph, la morale de votre lettre est celle-ci, n'est-ce pas ? Puisque nous ne nous connaissons nullement, ne nous gênons point l'un vis à vis de l'autre et parlons franchement comme deux compères.
      Soit, je vais même vous donner l'exemple d'un abandon complet. Au point où nous sommes, nous pouvons bien nous tutoyer n'est-ce pas ? Donc je te tutoye, et si tu n'es pas content, zut !
      Adresse-toi à Victor Hugo qui t'appellera : « Cher poète ».
      Sais-tu que pour un maître d'étude à qui sont confiés de jeunes innocents, tu me dis des choses pas mal roides. Quoi, tu n'es pas pudique du tout ? Ni dans tes lectures, ni dans tes écrits, ni dans tes paroles, ni dans tes actions, hein ? Je m'en doutais.
      Et tu crois que quelque chose m'amuse ! Et que je me moque du public ? Mon pauvre joseph, il n'y a pas sous le soleil d'homme qui s'embête plus que moi. Rien ne me paraît valoir la peine d'un effort ou la fatigue d'un mouvement. Je m'embête sans relâche, sans repos et sans espoir, parce que je ne désire rien, je n'attends rien, quant à pleurer des choses que je ne peux pas changer, n'en attends que je sois gâteux. Aussi, puisque nous sommes francs l'un vis à vis de l'autre, je te préviens que voici ma dernière lettre parce que je commence à en avoir assez.
      Pourquoi est-ce que je continuerais à t'écrire ? Cela ne m'amuse pas, cela ne peut rien me procurer d'agréable dans l'avenir.
      Alors ?
      Je n'ai pas envie de te connaître. Je suis sûr que tu es laid, et puis je trouve que je t'ai envoyé assez d'autographes comme ça. Sais-tu que ça vaut de 10 à 20 sous pièce, suivant le contenu. Tu en aurais au moins deux à vingt sous. Veinard !
      Et puis, je crois bien que je vais encore quitter Paris, je m'y ennuie décidément plus encore qu'ailleurs. Je vais aller à Étretat, pour changer, en profitant du moment où je vais m'y trouver seul.
      J'aime immodérément être seul. De cette façon au moins, je m'embête sans parler.
      Tu me demandes mon âge au juste. Étant né le 5 août 1850, je n'ai pas encore 34 ans. Es-tu content ? Vas-tu pas me demander ma photographie maintenant. Je te préviens que je ne te l'enverrai pas.
      Oui, j'aime les jolies femmes, mais il y a des jours où j'en suis rudement dégoûté.
      Adieu, mon vieux joseph, notre connaissance aura été bien incomplète, bien courte. Que veux-tu ? Il vaut peut-être mieux que nous ignorions nos binettes.
      Donne-moi ta main, que je la serre cordialement en t'envoyant un dernier souvenir.

      GUY DE MAUPASSANT

      Tu peux maintenant donner des renseignements sérieux sur moi à ceux qui t'en demanderont. Grâce au mystère, je me suis livré.
      Adieu, Joseph !

Puesto en formato html por Thierry Selva:  http://maupassant.free.fr/