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[Abril de 1884]
Su carta huele demasiado bien. No había necesidad de tanto perfume para
sofocarme. Así pues, eso es todo lo que se le ocurre para contestarle a una
mujer, culpable a lo sumo de imprudencia... ¡Muy bonito!
Sin duda Joseph no tiene toda la razón, por eso
mismo es por lo que está tan ofendido. Pero él tenía la cabeza rebosante de
todas las... ligerezas de sus libros como un estribillo del que no se puede
desprender.
Por tanto yo se lo reprocho severamente, pues hay
que estar seguro de la cortesía de su adversario antes de someterle unas burlas
como las suyas.
Me parece que usted habría podido humillarme con
más estilo.
Ahora le diré una cosa increíble y sobre todo
que usted no creerá nunca y que surgiendo después, probablemente no tenga más
que un valor histórico. Pues bien, es que yo también ya he tenido bastante. A
su quinta carta ya estoy fría1...hasta la saciedad.
¿Qué por que le escrito? Una se despierta un
día pensando ser una persona rara rodeada de imbéciles. Nos quejamos de tantas
perlas cuando hay tanta basura.
¿Y si le escribiera a un hombre célebre, a un
hombre digno de comprenderme? Sería encantador, novelesco y ¿quién sabe?, al
cabo de unas cuantas cartas, terminaría siendo un amigo, conquistado en
circunstancias poco comunes... Entonces una se pregunta ¿a quién? Y le elegí
a usted...
Para pareja de corresponsal no son necesarias
más que dos condiciones. La primera es una admiración sin límites hacia el
desconocido. De la admiración sin límites nace una corriente de empatía que
le hace decir a una cosas que infaliblemente tocan e interesan al hombre
celebre.
Ninguna de estas condiciones se da. Yo le he
elegido con la esperanza de admirarle sin límites más adelante. Pues, como yo
pensaba, usted es muy joven relativamente.
Le he escrito entonces con la cabeza fría y he
acabado por decirle unas inconveniencias e incluso cosas desagradables
admitiendo que le hayan hecho daño sin darme cuenta. A estas alturas, como
dice, bien puedo confesarle que su carta infame me ha hecho pasar un muy mal
día.
Me siento lastimada, como si la ofensa hubiese
sido real. Es absurdo.
Adiós, con gusto.
Si usted las conserva todavía, envíeme mis
cartas; en cuanto a las suyas yo ya las he vendido, en América, a un precio
desorbitado.
1 De hecho, Maupassant, no había enviado más que cuatro cartas.
Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant
DE
MARIE BASHKIRTSEFF
A MAUPASSANT
[Avril 1884.]
Votre lettre sent trop bon. Il n'y avait pas besoin de tant de parfum pour que
j'en sois suffoquée. Ainsi, c'est là ce que vous avez trouvé pour répondre
à une femme coupable tout au plus d'imprudence ? Joli.
Sans doute Joseph a tous les torts, c'est même pour cela
qu'il est si vexé. Mais il avait la tête remplie de toutes les... légèretés
de vos livres comme d'un refrain dont on ne peut se défaire.
Pourtant je le blâme sévèrement, car il faut être sûr de
la courtoisie de son adversaire avant de risquer des plaisanteries comme les
siennes.
Enfin vous auriez pu, il me semble, l'humilier avec plus d'esprit.
Maintenant je vous dirai une chose incroyable et surtout que
vous ne croirez jamais et qui venant après coup n'a plus qu'une valeur
historique. Eh bien, c'est que, moi aussi, j'en avais assez. A votre cinquième
lettre j'étais refroidie1... La satiété ?
Du reste je ne tiens qu'à ce qui m'échappe. Je devrais donc
tenir à vous maintenant ? Mais presque.
Pourquoi vous ai-je écrit ? On se réveille un beau matin et
l'on trouve qu'on est un être rare entouré d'imbéciles. On se lamente sur
tant de perles devant tant de cochons.
Si j'écrivais à un homme célèbre, à un homme digne de me
comprendre ? Ce serait charmant, romanesque et qui sait au bout d'une quantité
de lettres ce serait peut-être un ami, conquis dans des circonstances peu
ordinaires. Alors on se demande qui ? Et on vous choisit.
De pareilles correspondances ne sont possibles qu'à deux
conditions. La première est une admiration sans bornes chez l'inconnu. De
l'admiration sans bornes naît un courant de empathie qui lui fait dire des
choses, qui infailliblement touchent et intéressent l'homme célèbre.
Aucune de ces conditions n'existe. Je vous ai choisi avec
l'espoir de vous admirer sans bornes plus tard ! Car, comme je le pensais, vous
êtes très jeune, relativement.
Je vous ai donc écrit en me montant la tête à froid et
j'ai fini par vous dire des « inconvenances » et même des choses
désobligeantes en admettant que vous ayez daigné vous en apercevoir. Au point
où nous en sommes, comme vous dites, je puis bien avouer que votre infâme
lettre m'a fait passer une très mauvaise journée.
Je suis froissée comme si l'offense était réelle. C'est
absurde.
Adieu, avec plaisir.
Si vous les avez encore, renvoyez-moi mes autographes ; quant
aux vôtres, je les ai déjà vendus, en Amérique, un prix fou.
1 En fait, Maupassant n'avait encore envoyé que quatre lettres.
Puesto en formato html por Thierry Selva: http://maupassant.free.fr/