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[Fragmento]
Antibes, 2 de marzo de 1885
Señora y querida
amiga,
¿Que os podría decir? Navego y, sobre todo, trabajo. Escribo una historia de
pasión1 muy exaltada, muy alerta y muy poética. Eso me cambia - y
me fatiga. Los capítulos sentimentales están mucho más corregidos que los
otros. Al final todo viene a ser lo mismo; a todo se acostumbra uno con
paciencia; pero yo me río a menudo de las ideas sentimentales, muy
sentimentales y tiernas que se me ocurren buscando bien. Tengo miedo de que eso
me convierta en un autor de género amoroso, no solamente en los libros, sino
también en la vida; cuando el espíritu toma una costumbre, la conserva, y
ciertamente, algunas veces paseando sobre el cabo de Antibes, un cabo solitario
como una landa de Bretaña, preparando un capítulo poético a la luz de la
luna, llego a imaginarme que esas aventuras no son tan tontas como se
podría creer.
Voy con frecuencia a Cannes, que en la actualidad
es una granja o más bien un corral de aves Reales.- Nada más que Altezas y
todo ese mundo de los Salones con sus nobles individuos. Pero no quiero
encontrarme con un príncipe, ni uno solo, porque no me gusta permanecer de pie
veladas enteras, y estos patanes no se sientas nunca, dejando no solamente a los
hombres, sino también a todas las mujeres posadas sobre sus patas de pavas
durante horas, por respeto de Su Alteza Real.
El príncipe X...2, que estará muy
guapo con la blusa azul de mercader de cerdos normando, se parece mucho al
animal que al vender, reina sobre un pueblo..., enfrente del conde..., un
verdadero cerrajero, que reina sobre un pueblo de nobles, falsos o auténticos.
Sin embargo los... los importan mucho en numero y en fortuna. En diez años
Cannes será... o no será.
Al lado de esos dos monarcas se ven al menos cien
altezas, rey de Wurtemberg, gran duque de Mecklembourg, duque de Bragance, etc.,
etc. La sociedad de Cannes se ha vuelto loca. Es fácil de comprobar que no es
por la Ideas por lo que desaparecerá la nobleza de hoy en día como su hermana
mayor del 89. ¡¡¡ Qué cretinos !!!
De vez en cuando todos esos príncipes van a
rendir visita a su primo de... Entonces la escena cambia desde la estación. Las
Altezas que se dignas apenas tender un dedo, la víspera, a sus fieles y muy
nobles servidores, inclinados hasta sus rodillas, son hombres de los más
común, lo más grosero y de lo peor instruido... Y se percibe con estupor que,
si no se estuviese prevenido, sería imposible distinguir la pompa real de la la
vulgaridad burguesa; es una comedia admirable, admirable... admirable...de la
que tendría un placer infinito - usted ha leído infinito - de contar si no
tuviese amigos, muy buenos y encantadores amigos, entre los fieles de estos
grotescos. Pues el duque..., el mismo, es tan gentil conmigo que no puedo: pero
eso me tienta, eso me excita, eso me corroe... En todo caso, esto me ha servido
para formular este principio que es más verdadero, convénzase, que la
existencia de Dios.
Todo hombre que quiera mantener la integridad de
su pensamiento, la independencia de su juicio, ver la vida, la humanidad y el
mundo como un observador libre, por encima de todo prejuicio, de toda creencia
preconcebida y de toda religión, debe desprenderse absolutamente de eso que se
llaman las relaciones mundanas, pues la mezquindad universal es tan contagiosa,
que no podría frecuentar a sus semejantes, verlos y oírlos, sin ser, a su
pesar, arrastrado por sus ideas y su moral de imbéciles.
Enseñe esto a su hijo en lugar del catecismo, y
déjeme besarle las manos.
MAUPASSANT
1
Mont-Oriol
2 El príncipe de Sagan (?)
Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant
[Fragment]
Antibes, 2 mars 1886.
Madame et chère amie,
Que vous dirai-je d'ici ? Je navigue, et je travaille surtout. Je fais une
histoire de passion1 très exaltée, très alerte et très poétique. Ça me
change - et m'embarrasse. Les chapitres de sentiments sont beaucoup plus
raturés que les autres. Enfin ça vient tout de même ; on se plie à tout avec
de la patience ; mais je ris souvent des idées sentimentales, très
sentimentales et tendres, que je trouve, en cherchant bien ! J'ai peur que ça
me convertisse au genre amoureux, pas seulement dans les livres, mais aussi dans
la vie ; quand l'esprit prend un pli, il le garde, et vraiment il m'arrive
quelquefois en me promenant sur le cap d'Antibes, un cap solitaire comme une
lande en Bretagne, en préparant un chapitre poétique au clair de lune, de
m'imaginer que ces aventures-là ne sont pas si bêtes qu'on le croirait.
Je vais assez souvent à Cannes, qui est aujourd'hui une cour ou plutôt une
basse-cour de Rois. - Rien que des Altesses et tout ça règne dans les Salons
de leurs nobles sujets. Moi je ne veux plus rencontrer un prince, plus un seul,
parce que je n'aime pas rester debout des soirées entières, et ces rustres-là
ne s'asseyant jamais, laissent non seulement les hommes, mais aussi toutes les
femmes perchées sur leurs pattes de dindes de neuf heures à minuit, par
respect de l'Altesse Royale.
Le prince X...2, qui serait fort beau avec la blouse bleue du marchand de porcs
normand, bien qu'il ressemble à l'animal plutôt qu'au vendeur, règne sur un
peuple..., en face du comte ..., un vrai serrurier, qui règne sur un peuple de
nobles, faux ou vrais. Cependant les... l'emportent de beaucoup en nombre et en
fortune. Dans dix ans Cannes sera... ou ne sera pas.
A côté de ces 2 monarques on voit au moins cent altesses, roi de Wurtemberg,
grand-duc de Mecklembourg, duc de Bragance, etc., etc. La société cannoise en
est devenue folle. Il est facile de constater que ce n'est pas par les Idées
que périra la noblesse d'aujourd'hui comme son aînée de 89. Quels crétins
!!!
De temps en temps tous ces princes vont rendre visite à leur cousin de... Alors
la scène change dès la gare. Les Altesses qui daignaient à peine tendre un
doigt, la veille, à leurs fidèles et très nobles serviteurs, inclinés
jusqu'à leurs genoux, sont bousculés par les commissionnaires, coudoyés et
poussés par des commis voyageurs, entassés dans des wagons avec les hommes les
plus communs, les plus grossiers et les plus mal appris... Et on s'aperçoit
avec stupeur que, si on n'était prévenu, il serait impossible de reconnaître
la distinction royale et la vulgarité bourgeoise ; c'est là une comédie
admirable, admirable... admirable... que j'aurais un plaisir infini - vous
entendez infini - à raconter si je n'avais des amis, de très charmants amis,
parmi les fidèles de ces grotesques. Et puis le duc..., lui-même, est si
gentil à mon égard que vraiment je ne peux pas : mais ça me tente, ça me
démange, ça me ronge... En tout cas, cela m'a servi de formuler ce principe
qui est plus vrai, soyez-en convaincue, que l'existence de Dieu.
Tout homme qui veut garder l'intégrité de sa pensée, l'indépendance de son
jugement, voir la vie, l'humanité et le monde en observateur libre, au-dessus
de tout préjugé, de toute croyance préconçue et de toute religion, doit
s'écarter absolument de ce qu'on appelle les relations mondaines, car la
bêtise universelle est si contagieuse, qu'il ne pourra fréquenter ses
semblables, les voir et les écouter, sans être, malgré lui, entraîné par
leurs convictions, leurs idées et leur morale d'imbéciles.
Enseignez cela à votre fils au lieu du catéchisme, et laissez-moi vous baiser
les mains.
MAUPASSANT
1 Mont-Oriol.
2 Le prince de Sagan (?)
Puesto en formato html por Thierry Selva: http://maupassant.free.fr/