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Casa
Founais, Chatou.
[Verano de 1886]
Señora,
Voy a ser muy indiscreto y egoísta.
En primer lugar, renovarle una proposición que
ha tenido poco éxito la primera vez, pidiéndole si tendría la amabilidad de
dar un paseo por el río y de almorzar o cenar en Chatou. Si usted acepta, le
rogaría que me indicase las personas con las que le gustaría encontrarse.
Eso no es todo.
Observe que comienzo a imitar a Caro1,
¡ cuyo método me parece bueno !... Así pues, Señora, ¿no sería posible
encontrarla alguna vez en su casa hacia unas horas de afluencia mundana ? Si
usted me encuentra pesado, dígamelo. No me molesto. En el fondo, esta petición
es muy modesta y no tiene más que el fallo de no estar hecha en verso. ¿Acaso
no es natural pedir ver más a menudo y verlas a solas, para
apreciarlas, para saborear su encanto y su gracia, a las mujeres de las que uno
padece vivamente la seducción ?
El día y las horas con todos los demás tienen
esa parte insoportable de la espera incesante de ese o esa que va a venir a
estropear el placer que uno tiene. La
puerta es una amenaza y el timbre una tortura. Me gusta llegar cuando me siento
esperado, que me mire a mi sólo, que me escuche a mí sólo, estar sólo encontrándola bella y
encantadora y no quedaré demasiado tiempo, se lo prometo.
¿ Pensará sin duda que me conoce bien poco y
que voy muy rápido a solicitar privilegios íntimos ? ¿De que me servirá
esperar más? ¿Y por qué? Yo conozco ahora su atractivo y cuanto me gusta,
cuanto me place y cuanto me gustará cada día más la naturaleza de su
espíritu. Estos no son cumplidos, sino hechos totalmente sencillos que yo he
podido constatar. Queda saber lo que usted piensa,, y lo que responderá. Al
respecto, un ruego. Si yo le molesto, si usted prevé que la molestaré, si
siente que únicamente la simple cortesía y el deseo de no ser desagradable, le
hacen aceptar lo que le solicito, prefiero que me lo diga o que me de a entender
que yo soy o que podría ser inoportuno.
Estimo (en prosa) que una mujer es una soberana
que tiene el derecho de hacer únicamente lo que le place, de obedecer a todos
sus caprichos, de imponer todas sus fantasías y de ¡ no tolerar lo que le sea
molesto o enojoso !
Le beso las manos, Señora, declarándome su muy
ferviente y devoto admirador.
GUY DE MAUPASSANT
1 Edme Caro, filósofo, profesor en el Collège de France (1826 - 1887)
Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant
Maison
Fournais, Chatou.
[Été 1886.]
Madame,
Je vais être très indiscret et très égoïste.
D'abord, je renouvellerai une proposition qui a
eu peu de succès près de vous une première fois, en vous demandant s'il
pourrait vous être agréable de faire une promenade sur l'eau et de déjeuner
ou dîner à Chatou. Si vous répondez oui, je vous prierai de me désigner les
personnes avec qui il vous plairait de vous trouver.
Ce n'est pas tout.
Remarquez que je commence à imiter Caro1, dont
la méthode me paraît bonne !... Donc, Madame, ne serait-il pas possible de
vous rencontrer quelquefois chez vous hors des heures d'affluence mondaine ? Si
vous me trouvez raseur, dites-le. Je ne me froisse pas. Au fond, cette demande
est très modeste et n'a que le tort de n'être point faite en vers. N'est-il
point naturel, en effet, de demander à voir plus souvent et à voir seules pour
les bien goûter, pour bien savourer leur charme et leur grâce, les femmes dont
on subit vivement la séduction ?
Le jour et les heures de tous ont cela
d'insupportable que l'attente incessante de celui ou celle qui va venir gâte à
moitié le plaisir qu'on a. La porte est une menace et le timbre une torture.
J'aime venir quand je me sens attendu, regardé seul, écouté seul, être seul
à vous trouver belle et charmante et je ne reste pas trop longtemps, je le
promets.
Vous penserez sans doute que vous me
connaissez encore bien peu et que je vais vite à réclamer des privilèges
d'intimité ? A quoi me servirait d'attendre davantage ? Et pourquoi ? Je sais
maintenant votre attrait et combien j'aime et combien me plaît et combien me
plaira chaque jour davantage la nature de votre esprit. Ce ne sont point là des
compliments, mais des faits tout simples que j'ai constatés. Reste à savoir ce
que vous pensez, et ce que vous répondrez ? A ce sujet, une prière. Si je vous
ennuie, si vous prévoyez que je vous ennuierai, si vous sentez que la simple
politesse et le désir de n'être pas désagréable, vous détermineraient seuls
à m'accorder ce que je sollicite, je préfère que vous me disiez ou que vous
me laissiez entendre que je suis ou que je deviendrais importun.
J'estime (en prose) qu'une femme est une
souveraine qui a le droit de faire uniquement ce qui lui plaît, d'obéir à
tous ses caprices, d'imposer toutes ses fantaisies et de ne rien tolérer qui
lui soit une gêne ou un ennui !
Je vous baise les mains, Madame, en me disant
votre admirateur très fervent et très dévoué.
GUY DE MAUPASSANT
1 Edme Caro, philosophe, professeur au Collège de France (1826-1887).
Puesto en formato html por Thierry Selva: http://maupassant.free.fr/