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[Verano de 1886]
Señora,
Me llega su carta a Inglaterra1, luego
de haber estado algún tiempo en no sé donde, tal vez en París, tal vez en
Chatou, tal vez en Étretat, pues he vagabundeado mucho. Perdóneme pues el
retraso en responderle. Mi voluntad no era esa en absoluto.
Voy, Señora, a enviarle un primer remedio contra la caída del cabello. Si no
resulta enseguida, dígamelo y le indicaré otro sistema, pues los cabellos caen
por dos motivos: en primer lugar, la parálisis del cuero cabelludo, debido a la
naturaleza grasa de la piel; en segundo lugar, por exceso de lo contrario, es
decir por la extrema sequedad de los cabellos.
El primer caso es el más frecuente. Así pues,
deberá lavar la raíz de los cabellos dos veces por semana con agua caliente
donde habrá echado (algunos minutos antes del lavado) diez o quince gotas de
amoniaco a fin de limpiarlo disolviendo bien el jabón. Usted deberá emplear para este lavado jabón de glicerina sin
perfume, el de Rimmel es tal vez el mejor, después usted enjuagará y y friccionará
la piel con la siguiente mezcla: en un vaso de agua tibia, verterá una
cucharilla de café con coaltar* jabonoso
de Leboeuf y Bayonne.
El coaltar, que
se encuentra en todas las buenas farmacias, debe tener la apariencia verdosa y
lechosa, sin ningún depósito en el fondo de la botella.
Si el líquido es ligero y se deposita, es
demasiado viejo.
Pero el inconveniente de este sistema es el de
mojar mucho la cabeza, lo que es desagradable para las mujeres. Si esto no le
va, le indicaré otro remedio que he visto funcionar a menudo, pero que yo no he
empleado.
Es necesario siempre limpiar la piel lo más
posible y secarla completamente.
No emplee ninguna pomada ni aceite, sino
brillantina, sin aplicarla nunca sobre la piel, pues las sustancias grasas
impiden el buen funcionamiento, y la vida de la epidermis.
Espero, Señora, que me dará noticias de mis
hermosos enfermos, cuya salud va a inquietarme; y si tengo el éxito que espero,
pido (prometiéndole no hablar de ello nunca), pido, como precio de mis
servicios, algunos de los que habré salvado.
Es muy audaz y muy inconveniente lo que hago, pero tanto peor.
¿Querrá usted recomendarme a sus amigas? Espero
que la Señora de Richelieu me deba, como usted, muchos cabellos sanos. Estaré
feliz de que sea así.
Tomo las disposiciones necesarias para que sus
cartas me lleguen más rápido, dirigiéndolas a Étretat (Seine-Inferieur),
donde estaré algunos días.
Como le decía al principio de esta carta, estoy
en Inglaterra desde hace quince días, y he visto desfilar en la casa solariega
de Rothschild una cantidad de personas ilustres, comenzando por el hijo del
príncipe de Gales. Pero los hombres me interesan poco y ¡ las mujeres de aquí
no tienen el toque de encanto de las nuestras ! quiero decir de las mujeres de
Francia. Parece que lo único que tienen de severo son las apariencias. Ahora bien,
cuando se mantienen las apariencias, y ese es mi caso, se tiene derecho a pedir más familiaridad. Pero imagino que se me ha adjudicado, antes de mi
llegada, una reputación terrible, y que me encuentro en presencia de plazas en
pie de guerra por temor a un ataque inmediato e imperioso de este francés
libertino.
Tengo pues los portes del muchachito que pretende
ser prudente y que debe parecer muy tímido. Y se hablará, luego de mi partida,
del pudor francés, como se habla en Francia, sin creerlo, del pudor inglés.
Pasaré por París a comienzos de la semana
próxima, donde espero ver a las amigas y amigos que hemos dejado allí. He
recibido ayer una carta de la Condesa2 que debe aburrirse, pues la
carta tiene dos páginas, lo que es un milagro para ella. Me pregunto si los Macabeos
están muertos de viejos, o si los calores del verano les han afectado de
parálisis, lo que no tendría nada de sorprendente3. Sería
verdaderamente divertido verlos a todos no pudiendo decir más: « auo-auo-auo.
» ¿Qué se perdería ? ¿Qué se ganaría ? No
opino. Va
a decir usted que estoy celoso.
He recibido también unas palabras de la Señora
Kann, una auténtica nota, es decir tres líneas, sin ninguna novedad de su
salud. ¿Sabe usted más que yo?
Espero, Señora, que me dará noticias de la
suya, ya que la cuido.
Le beso las manos declarándome su respetuosos
amigo y muy profundamente devoto, rogándole que presente mis respetos a la
duquesa de Richelieu.
GUY DE MAUPASSANT
1
Maupassant había sido invitado por lord Rothschild.
2 Condesa Potocka.
3 Sobre la cena de los Macabeos, ver la carta a la condesa Potocka (N° 546).
* coaltar.- Alquitrán de hulla (N. del T.)
Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant
[Été 1886.]
Madame,
C'est en Angleterre1 que votre lettre me parvient,
après avoir séjourné je ne sais où, peut-être à Paris, peut-être à
Chatou, peut-être à Étretat, car j'ai beaucoup vagabondé. Pardonnez-moi donc
le retard que j'ai mis à vous répondre. Ma volonté n'y est pour rien.
Je vais, Madame, vous envoyer une première
méthode contre la chute des cheveux. Si elle ne réussit pas tout de suite,
prévenez-moi et je vous indiquerai un autre système, car les cheveux tombent
pour deux causes : premièrement, paralysie du cuir chevelu, provenant de la
nature grasse de la peau ; deuxièmement, excès contraire, c'est-à-dire
extrême sécheresse des cheveux.
Le premier cas est le plus fréquent. Donc vous
laverez la racine des cheveux deux fois par semaine avec de l'eau chaude où
vous aurez jeté (quelques minutes avant de vous en servir) dix ou quinze
gouttes d'ammoniaque afin de la rendre propre à bien dissoudre le savon. Vous
emploierez pour ce lavage du savon de glycérine sans parfum, celui de Rimmel
est peut-être le meilleur, puis vous rincerez et frictionnerez la peau avec le
mélange suivant : dans un verre d'eau tiède, vous verserez une cuillerée à
café de coaltar saponiné de Lebœuf et Bayonne.
Le coaltar, que l'on trouve dans toutes les
bonnes pharmacies, doit avoir l'apparence verdâtre et laiteuse, sans aucun
dépôt au fond de la bouteille.
Si le liquide est léger et dépose, il est trop vieux.
Mais l'inconvénient de ce système est de mouiller
beaucoup la tête, ce qui est désagréable pour les femmes. S'il ne vous va
point, je vous indiquerai un autre remède que j'ai vu réussir souvent, mais
que je n'ai pas employé.
Il faut toujours essuyer la peau le plus possible
et la sécher complètement.
N'employez aucune pommade ni huile, mais de la
brillantine, sans jamais en mettre sur la peau, car les corps gras empêchent le
fonctionnement, la vie de l'épiderme.
J'espère, Madame, que vous me donnerez des
nouvelles de mes beaux malades, dont la santé va m'inquiéter ; et si j'obtiens
le succès que j'espère, je demande (en vous promettant de ne jamais en parler),
je demande, comme prix de mes soins, quelques-uns de ceux que j'aurai sauvés.
C'est très hardi et très inconvenant ce que je fais
là, mais tant pis.
Vous voudrez bien aussi me recommander à vos
amies. J'espère que Mme de Richelieu me devra, comme vous, beaucoup de cheveux
guéris. Je serais heureux qu'il en fût ainsi.
Je prends des dispositions pour que vos lettres
m'arrivent plus vite, en les adressant à Étretat (Seine-Inférieure), où je
serai dans quelques jours.
Comme je vous le disais en commençant cette
lettre, je suis en Angleterre depuis quinze jours, et j'ai vu défiler dans le
manoir Rothschild une quantité de gens illustres, à commencer par le fils du
prince de Galles. Mais les hommes m'intéressent peu et les femmes d'ici n'ont
point le charme des nôtres ! je veux dire des femmes de France. On prétend
qu'elles n'ont de sévère que les apparences. Or, quand on s'en tient aux
apparences, et c'est mon cas, on a le droit de les demander plus familières.
Mais j'imagine un peu qu'on m'a fait, avant mon arrivée, une réputation
terrible, et que je me trouve en présence de places armées en guerre par
crainte d'une attaque immédiate et impérieuse de ce Français débauché.
J'ai donc les allures de petit garçon qui tient
à rester bien sage et qui doit sembler très timide. Et on parlera, après mon
départ, de la pudeur française, comme on parle chez nous, sans y croire, de la
pudeur anglaise.
Je passerai par Paris au commencement de la
semaine prochaine, où j'espère voir les amies et amis que nous y avons
laissés. J'ai reçu hier une lettre de la Comtesse2 qui doit s'ennuyer, car la
lettre a deux pages, ce qui est un miracle pour elle. Je me demande si les
Macchabées sont morts de vieillesse, ou si les chaleurs de l'été les ont
frappés de paralysie, ce qui n'aurait rien d'étonnant3. Ce serait vraiment
amusant de les voir tous ne pouvant plus dire : « auo-auo-auo. » Y perdrait-on
? Y gagnerait-on ? Mais je me tais. Vous allez dire que je suis jaloux.
J'ai reçu aussi un mot de Mme Kann, un vrai mot,
c'est-à-dire trois lignes, sans aucune nouvelle de sa santé. En savez-vous
plus que moi ?
Je compte, Madame, que vous me donnerez des
nouvelles de la vôtre, puisque je la soigne.
Je vous baise les mains en me disant votre ami
respectueux et très profondément dévoué et en vous priant de présenter mes
hommages à la duchesse de Richelieu.
GUY DE MAUPASSANT
1
Maupassant avait été invité par lord Rothschild.
2 Comtesse Potocka.
3 Sur le dîner des Macchabées, voir la lettre à la comtesse Potocka (N°
546).
Puesto en formato html por Thierry Selva: http://maupassant.free.fr/