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8 de enero de 1888
Mi querido Director,
Se ha publicado ayer en el suplemento literario
del Figaro un estudio mío sobre la Novela contemporanea1,
donde pongo en boca de Flaubert una tontería atribuyendo a Chateaubriand unas
palabras de Buffon. Tengo que manifestar que la tontería es mía, que he
cometido, no sé como, semejante despiste, después de haber oído tan a menudo
a Flaubert la cita que yo reseño2.
Si me dirijo a usted para esta rectificación, y
no al periódico que ha publicado mi estudio, es porque le he hecho una denuncia
por los numerosos cortes practicados sin mi consentimiento en ese trabajo cuyo
sentido se ha alterado completamente de ese modo3.
No es el proceder grosero e inexplicable del Figaro
con respecto a mí lo que me ha decidido a esta acción contra el periódico,
sino la preocupación de hacer proclamar una vez más el derecho absoluto de
todo escritor de defender sus ideas, valgan lo que valgan, contra todas las
manipulaciones posibles.
Me había asegurado, tres meses antes, que el Figaro
aceptaba este ensayo al que yo otorgaba, con razón o sin ella, una gran
importancia, pues en él se expresa la que pienso sobre la novela4, y
responde a las críticas que me han sido dirigidas con frecuencia.
En caso de haber sido rechazado por su parte,
habría tenido tiempo de elegir una revista a mi gusto.
He entregado mi manuscrito tres semanas antes de
su publicación.
El Director del Suplemento me ha hecho retrasar
ocho días la aparición de Pierre et Jean a lo que esta disertación
sirve de prólogo, a fin de dejar el número del 1 de enero a la revista de
Caran d'Ache.
Todavía en la víspera, el susodicho Director me
ha hecho una comunicación sobre otro tema, sin relación con este trabajo que
debía aparecer al día siguiente.
Tengo entonces, no solamente el derecho, sino
también todas las circunstancias favorables, y por consiguiente el deber de
obtener un juicio decisivo contra unas tijeras autoritarias, aunque fuesen
incluso manejados por manos más competentes5.
Reciba, mi querido Director, la seguridad de mis
más afectuosos sentimientos.
GUY DE MAUPASSANT
1
Servía de prólogo a Pierre et Jean
2 El misma despiste se encontraba ya en una carta de Maupassant a Maurice
Vaucaire, [1886], cf. supra Nº 414
3 Variante borrada: « convertido por este hecho en casi ininteligible. Tengo,
en interés de todos los escritores tanto como en el mío, que hacer proclamar
una vez más nuestro absoluto derecho a impedir que nuestro pensamiento sea
mutilado.»
4 Variante borrada: « Pues contiene todo lo que yo pienso en materia de novela.
»
5 Variante borrada: «...Un juicio decisivo contra las tijeras y las plumas
antoritarias procedentes en esta ocasión de manos demasiado incompetentes...»
(publicada por Albert Lumbroso en Souvenirs sur Maupassant, Roma, 1905)
Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant
8 janvier 1888.
Mon cher Directeur,
On a publié hier dans le supplément littéraire
du Figaro une étude de moi sur le Roman contemporain1, où je fais dire à
Flaubert une bêtise en attribuant à Chateaubriand un mot de Buffon. Je tiens
à déclarer que la bêtise est de moi, qui ai commis, je ne sais comment, une
pareille étourderie, après avoir entendu si souvent dans la bouche de Flaubert
la citation que je rapporte2.
Si je m'adresse à vous pour cette rectification,
et non au journal qui a publié mon étude, c'est que je lui fais un procès
pour de nombreuses coupures pratiquées sans mon assentiment dans ce travail
dont le sens s'est trouvé ainsi complètement altéré3.
Ce n'est point le procédé grossier et inexplicable du
Figaro à mon égard qui m'a décidé à cette action contre lui, mais le souci
de faire proclamer une fois de plus le droit absolu de tout écrivain de
défendre sa pensée, quoi qu'elle vaille, contre tous les tripatouillages
possibles.
Je m'étais assuré, trois mois à l'avance, que
le Figaro acceptait cette étude à laquelle j'attachais, à tort ou à raison,
une grande importance, car elle exprime ce que je pense sur le roman4, et
répond à des critiques qui m'ont été souvent adressées.
En cas de refus de sa part, j'aurais eu le temps
de choisir une Revue à mon gré.
J'ai livré mon manuscrit trois semaines avant sa
publication.
Le Directeur du supplément m'a fait retarder de
huit jours l'apparition de Pierre et Jean auquel cette dissertation sert de
préface, afin de laisser le numéro du 1er janvier à la revue de Caran d'Ache.
La veille encore le susdit Directeur m'a fait
faire une communication sur un autre sujet, sans qu'il fût question du travail
qui devait paraître le lendemain.
J'ai donc non seulement le droit, mais aussi
toutes les circonstances favorables, et par conséquent le devoir d'obtenir un
jugement décisif contre des ciseaux autoritaires, fussent-ils même maniés par
des mains plus compétentes5.
Recevez, mon cher Directeur, l'assurance de mes
sentiments très affectueux.
GUY DE MAUPASSANT
1
Elle servit de préface à Pierre et Jean.
2 La même « étourderie » se trouvait déjà dans une lettre de Maupassant à
Maurice Vaucaire, [1886], cf. supra N° 414.
3 Variante effacée : « Devenu par ce fait presque inintelligible. Je tiens,
dans l'intérêt de tous les écrivains autant que dans le mien, à faire
proclamer une fois de plus notre droit absolu d'empêcher que notre pensée soit
mutilée. »
4 Variante effacée : « Car elle contient tout ce que je pense en matière de
roman. »
5 Variante effacée : « ...Un jugement décisif contre les ciseaux et les
plumes autoritaires maniées d'ailleurs en cette occasion par des mains trop
incompétentes... » (publié par Albert Lumbroso dans Souvenirs sur Maupassant,
Rome, l905.)
Puesto en formato html por Thierry Selva: http://maupassant.free.fr/