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Guy de Maupassant

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A ARTHUR MEYER
(original en francés)

Arthur Meyer  Carta siguiente: 482

   8 de enero de 1888

      Mi querido Director,
      Se ha publicado ayer en el suplemento literario del Figaro un estudio mío sobre la Novela contemporanea1, donde pongo en boca de Flaubert una tontería atribuyendo a Chateaubriand unas palabras de Buffon. Tengo que manifestar que la tontería es mía, que he cometido, no sé como, semejante despiste, después de haber oído tan a menudo a Flaubert la cita que yo reseño2.
      Si me dirijo a usted para esta rectificación, y no al periódico que ha publicado mi estudio, es porque le he hecho una denuncia por los numerosos cortes practicados sin mi consentimiento en ese trabajo cuyo sentido se ha alterado completamente de ese modo3.
      No es el proceder grosero e inexplicable del Figaro con respecto a mí lo que me ha decidido a esta acción contra el periódico, sino la preocupación de hacer proclamar una vez más el derecho absoluto de todo escritor de defender sus ideas, valgan lo que valgan, contra todas las manipulaciones posibles.
      Me había asegurado, tres meses antes, que el Figaro aceptaba este ensayo al que yo otorgaba, con razón o sin ella, una gran importancia, pues en él se expresa la que pienso sobre la novela4, y responde a las críticas que me han sido dirigidas con frecuencia.
      En caso de haber sido rechazado por su parte, habría tenido tiempo de elegir una revista a mi gusto.
      He entregado mi manuscrito tres semanas antes de su publicación.
      El Director del Suplemento me ha hecho retrasar ocho días la aparición de Pierre et Jean a lo que esta disertación sirve de prólogo, a fin de dejar el número del 1 de enero a la revista de Caran d'Ache.
      Todavía en la víspera, el susodicho Director me ha hecho una comunicación sobre otro tema, sin relación con este trabajo que debía aparecer al día siguiente.
      Tengo entonces, no solamente el derecho, sino también todas las circunstancias favorables, y por consiguiente el deber de obtener un juicio decisivo contra unas tijeras autoritarias, aunque fuesen incluso manejados por manos más competentes5.
      Reciba, mi querido Director, la seguridad de mis más afectuosos sentimientos.

GUY DE MAUPASSANT

1 Servía de prólogo a Pierre et Jean
2
El misma despiste se encontraba ya en una carta de Maupassant a Maurice Vaucaire, [1886], cf. supra Nº 414
3 Variante borrada: « convertido por este hecho en casi ininteligible. Tengo, en interés de todos los escritores tanto como en el mío, que hacer proclamar una vez más nuestro absoluto derecho a impedir que nuestro pensamiento sea mutilado.»
4 Variante borrada: « Pues contiene todo lo que yo pienso en materia de novela. »
5 Variante borrada: «...Un juicio decisivo contra las tijeras y las plumas antoritarias procedentes en esta ocasión de manos demasiado incompetentes...» (publicada por Albert Lumbroso en Souvenirs sur Maupassant, Roma, 1905)       
   

Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant


A ARTHUR MEYER     

8 janvier 1888.

      Mon cher Directeur,
      On a publié hier dans le supplément littéraire du Figaro une étude de moi sur le Roman contemporain1, où je fais dire à Flaubert une bêtise en attribuant à Chateaubriand un mot de Buffon. Je tiens à déclarer que la bêtise est de moi, qui ai commis, je ne sais comment, une pareille étourderie, après avoir entendu si souvent dans la bouche de Flaubert la citation que je rapporte2.
      Si je m'adresse à vous pour cette rectification, et non au journal qui a publié mon étude, c'est que je lui fais un procès pour de nombreuses coupures pratiquées sans mon assentiment dans ce travail dont le sens s'est trouvé ainsi complètement altéré3.
     Ce n'est point le procédé grossier et inexplicable du Figaro à mon égard qui m'a décidé à cette action contre lui, mais le souci de faire proclamer une fois de plus le droit absolu de tout écrivain de défendre sa pensée, quoi qu'elle vaille, contre tous les tripatouillages possibles.
      Je m'étais assuré, trois mois à l'avance, que le Figaro acceptait cette étude à laquelle j'attachais, à tort ou à raison, une grande importance, car elle exprime ce que je pense sur le roman4, et répond à des critiques qui m'ont été souvent adressées.
      En cas de refus de sa part, j'aurais eu le temps de choisir une Revue à mon gré.
      J'ai livré mon manuscrit trois semaines avant sa publication.
      Le Directeur du supplément m'a fait retarder de huit jours l'apparition de Pierre et Jean auquel cette dissertation sert de préface, afin de laisser le numéro du 1er janvier à la revue de Caran d'Ache.
      La veille encore le susdit Directeur m'a fait faire une communication sur un autre sujet, sans qu'il fût question du travail qui devait paraître le lendemain.
      J'ai donc non seulement le droit, mais aussi toutes les circonstances favorables, et par conséquent le devoir d'obtenir un jugement décisif contre des ciseaux autoritaires, fussent-ils même maniés par des mains plus compétentes5.
      Recevez, mon cher Directeur, l'assurance de mes sentiments très affectueux.  

GUY DE MAUPASSANT

1 Elle servit de préface à Pierre et Jean.
2 La même « étourderie » se trouvait déjà dans une lettre de Maupassant à Maurice Vaucaire, [1886], cf. supra N° 414.
3 Variante effacée : « Devenu par ce fait presque inintelligible. Je tiens, dans l'intérêt de tous les écrivains autant que dans le mien, à faire proclamer une fois de plus notre droit absolu d'empêcher que notre pensée soit mutilée. »
4 Variante effacée : « Car elle contient tout ce que je pense en matière de roman. »
5 Variante effacée : « ...Un jugement décisif contre les ciseaux et les plumes autoritaires maniées d'ailleurs en cette occasion par des mains trop incompétentes... » (publié par Albert Lumbroso dans Souvenirs sur Maupassant, Rome, l905.)
 

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