Carta anterior: 815

Guy de Maupassant

Carta 484
A ÉMILE STRAUS
(original en francés)

Carta Siguiente:485

   Cannes, 15 de enero de 1888.

      Mi querido amigo,
      El estado de mi hermano me imposibilita abandonarlo, tanto o más que mi madre está absolutamente abatida por la desgracia. No se puede perder un día para conducir al enfermo a una residencia de salud desde que tenga la opinión del Doctor Blanche sobre la elección de esta residencia; y yo solo puedo acompañar a mi hermano a ese lugar.
      Aquí tiene un volumen de Pierre et Jean con la indicación de todas las partes cortadas en el prólogo, lo que no la convierte en absolutamente ininteligible, pero le modifica totalmente el sentido, lo que es peor.
      La mayoría de los artículos hechos hasta ese día han sido escritos tras la lectura de los fragmentos del Figaro, de donde resulta que todos los lectores de estos artículos me atribuyen opiniones que no son las mías1.
      Si el Figaro había buscado con intención el desnaturalizar mi pensamiento no lo habría podido haber hecho mejor.
He aquí un punto que le señalo de un modo particular. Tome el Suplemento del Figaro.
      El noveno párrafo, que parece la continuación del precedente y sobre el que están contenidas todas las objeciones que me son hechas, está planificado, y preparado, en el prólogo, por cinco páginas de discusión suprimidas por el Fígaro. Si se lee en el periódico significa indudablemente que el crítico no tiene el derecho de discutir las escuelas literarias.
      Si se lee en el volumen significa, tras las páginas que le preceden y estando aquellas que le siguen, que el crítico no tiene el derecho de buscar un enfrentamiento con el escritor sobre la naturaleza de su talento, sino que debe explicar todas las escuelas y todos los temperamentos, para discutirlas en consecuencia: que debe dejar libertad a todas las tendencias, teniendo la misión de hacerlas comprender al lector, teniendo, por su condición de crítico, el deber de tener una inteligencia abierta a todo, bastante amplia para discutir todos los artes, sin condenar uno solo, sin mostrarse intolerante por una sola manifestación del pensamiento literario.
      Ese es el punto esencial. He dicho que el crítico no debe ser jamás intolerante. El Fígaro me hace decir, por el contrario, que debe limitar su apreciación a una simple discusión técnica.
      No creo tener otra cosa que indicarle puesto que la carta que he escrito al Gil Blas y al Gaulois le da exactamente las circunstancias en las que he aportado este estudio al señor Périvier.
      Adiós, mi querido amigo, presente, se lo ruego, mis cumplidos solícitos y respetuosos a la señora Straus y crea en mi sincero afecto.

GUY DE MAUPASSANT

      He reabierto mi carta recibiendo el Suplemento literario del Figaro del 14 de enero.
      El señor Périvier dice: « El autor no habiendo solicitado revisar sus pruebas... » Ahora bien, el señor Périvier sabe que no he corregido nunca pruebas ni al Figaro, ni a ningún periódico. Infórmese en el Gil Blas y en el Gaulois, donde no se me ha visto una sola vez desde 1880 ir a releer un artículo.
      Todos los directores de los periódicos donde he escrito saben igualmente que nunca he tolerado que se suprima una sola palabra. He cesado mi colaboración regular en el Gaulois después de una modificación, o más bien un corte hecho en mi ausencia, en un artículo sobre Manon Lescaut,  habiendo aparecido poco vivo.
      Vea en otra lectura la publicidad que el Figaro ha colocado sobre la primera página del Tout Paris. Allí se dice que todos los hombres conocidos se sirven del Figaro, todas las veces que tienen que hacer una comunicación al público; y los términos de este anuncio podrán servirle de argumento.

      Atentamente.
      G.M.

      1 Cf. Lumbroso, op. cit., pp 421-432: cartas de Geoerges Lachaud y de Émile Straus, encargado con el abogado Jacob de los intereses de Maupassant, etc.

Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant


A ÉMILE STRAUS

Cannes, 15 janvier 1888.

      Mon cher ami,
      L'état de mon frère me met dans l'impossibilité de le quitter, d'autant plus que ma mère est absolument affolée par le chagrin. Il ne faut pas d'ailleurs perdre un jour pour conduire le malade dans une maison de santé dès que j'aurai reçu l'avis du Dr Blanche sur le choix de cette maison ; et moi seul peux accompagner mon frère en ce lieu.
      Voici un volume de Pierre et Jean avec l'indication de toutes les parties coupées dans la préface, ce qui ne la rend pas absolument inintelligible, mais en modifie absolument le sens, ce qui est pis.
      La plupart des articles faits jusqu'à ce jour ont été écrits après la lecture des fragments du Figaro, d'où il résulte que toue les lecteurs de ces articles me prêtent des opinions qui ne sont pas les miennes1.
      Si le Figaro avait cherché avec intention à dénaturer ma pensée il n'aurait pas mieux réussi.
      Voici un point que je vous signale d'une façon toute particulière. Prenez le supplément du Figaro.
      Le 9e paragraphe, qui semble la suite du précédent et sur lequel ont porté toutes les objections qui me sont faites, est amené, expliqué, et préparé, dans la préface, par cinq pages de discussion supprimées par le Figaro. Si on le lit dans le journal il signifie indubitablement que le critique n'a pas le droit de discuter les écoles littéraires.
      Si on le lit dans le volume il signifie, après les pages qui le précèdent, et étant données celles qui le suivent, que le critique n'a pas le droit de chercher querelle à l'écrivain sur la nature de son talent, mais qu'il doit expliquer toutes les écoles et tous les tempéraments, par conséquent les discuter : qu'il doit laisser la liberté à toutes les tendances, ayant la mission de les faire comprendre au lecteur, ayant, de par son rôle même de critique, le devoir d'avoir une intelligence ouverte à tout, assez large pour discuter tous les arts, sans en condamner un seul, sans se montrer intolérant pour une seule manifestation de la pensée littéraire.
      C'est là le point essentiel. J'ai dit que le critique ne doit jamais être intolérant. Le Figaro me fait dire au contraire qu'il doit limiter son appréciation à une simple discussion technique.
      Je ne crois pas avoir autre chose à vous signaler puisque la lettre que j'ai écrite au Gil Blas et au Gaulois vous donne exactement les circonstances dans lesquelles j'ai apporté cette étude à M. Périvier.
      Adieu, mon cher ami, présentez, je vous prie, mes compliments empressés et respectueux à Madame Straus et croyez à ma vive affection.

      GUY DE MAUPASSANT

T. S. V. P.
Je rouvre ma lettre en recevant le supplément littéraire du Figaro du 14 janvier.
M. Périvier dit : « L'auteur n'ayant pas demandé à revoir ses épreuves... » Or M. Périvier sait que je n'ai jamais corrigé d'épreuves ni au Figaro, ni à aucun journal Qu'on s'informe au Gil Blas et au Gaulois, où on ne m'a pas vu une seule fois depuis 1880 venir relire un article.
Tous les directeurs des journaux où j'ai écrit savent également que je n'ai jamais toléré qu'on supprimât un seul mot. J'ai cessé ma collaboration régulière au Gaulois après une modification, ou plutôt une coupure faite en mon absence, à un article sur Manon Lescaut, cet article ayant paru un peu vif.
Veuillez en outre lire la réclame que le Figaro a placée sur la 1re page du Tout Paris. Il y est dit que tous les hommes connus se servent du Figaro, toutes les fois qu'ils ont une communication à faire au public ; et les termes de cette annonce pourront vous servir d'argument.Bien à vous.

GM

1 Cf. Lumbroso, op. cit., pp. 421-432 : lettres de Georges Lachaud et d'Émile Straus, chargé avec l'avoué Jacob des intérêts de Maupassant, etc.

 Puesto en formato html por Thierry Selva:  http://maupassant.free.fr/