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Guy de Maupassant niño

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A LOUIS LE POITTEVIN1
(Original en francés)

Louis Le Poittevin niño Carta siguiente: 6

     Étretat, domingo. [Abril 1868.]

      Querido primo:
      Aprovecho algunos días de mis vacaciones para escribirte, pues hace tanto tiempo que no nos vemos, que no debes saber si estoy muerto o vivo; por otro lado, he perdido mucho tiempo los últimos años; de modo que no tengo ni un minuto para mí en Yvetot; es necesario trabajar sin descanso si quiero aprobar mis exámenes, y debo esperar a algunos momentos de reposo que tengo en vacaciones para escribir a aquellos a los que quiero. Parece haber en verdad una especie de fatalidad que nos impide vernos. Cuando he estado en Ruán, al final de las pasadas vacaciones, tú no estabas; y mientras mi madre y mi tía te han visto en La Neuville, yo estaba encerrado en mi claustro de Yvetot. No sé si conoces esa barraca, convento triste, donde reinan los curas, la hipocresía, el aburrimiento, etc., etc., y de donde emana un olor a sotana que se extiende por toda la ciudad de Yvetot y que se mantiene todavía, muy a su pesar, los primeros días de vacaciones; para desquitarme acabo de leer una obra de J. J. Rousseau2. No conocía La Nouvelle Eloise3 y ese libro me ha servido al mismo tiempo de desinfectante y de obra de lectura para la Semana Santa.
      No sé si estás enterado de que nuestro primo Marcel Le Poittevin de Cherbourg llega aquí el martes, con su mujer y sus hijos para pasar algunos días con nosotros. Me propongo llevarle, mal que le pese, a los acantilados para enseñarle los alrededores, pues estoy solo y me aburre hacer excursiones sin acompañantes. ¿Por qué entonces no vienes tu para vernos, te llevaría por unos valles y bosques desconocidos para los profanos, junto a unos manantiales que brotan de unas grandes rocas, y allí, en presencia de la bella naturaleza, podrías componer alguna bella poesía. Sé que no tienes necesidad de esto para componer bonitos versos, pero te aseguro que esos espectáculos te inspirarían unos más bellos todavía, y yo tendría por lo menos alguien con quién pasear. 
      Antes de finalizar mi carta, tengo una petición que hacerte; espero que no me lo niegues. Acaban de darme un álbum donde poner las fotos de mis padres y mis amigos y  deseo colocar allí  la tuya y también la de Armand. Te ruego que me las envíes; mi madre me encarga pedirte una de mi tía Louise.
      Adiós, querido Louis, mi madre y mi hermano se unen a mí para abrazarte igualmente como a Armand y a tu madre. Estrechamos afectuosamente la mano a mi tío. 

1 Hijo de Alfred Le Poittevin, tío de Maupassant
2 Jean Jacques Rousseau, uno de los ideólogos de la Revolución Francesa (1712-1778)
Julia o la nueva Eloisa, novela escrita entre 1756 y 1760

Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant


A LOUIS LE POITTEVIN1

      Cher cousin,
      Je profite de mes quelques jours de vacances pour t'écrire, car il y a tant de temps que nous ne nous sommes vus, que tu ne dois pas savoir si je suis mort ou vivant ; d'un autre côté, j'ai perdu beaucoup de temps les années dernières ; de sorte que je n'ai pas une minute à moi à Yvetot ; il faut travailler sans cesse si je veux réussir à mes examens, et je dois attendre les quelques moments de repos que me donnent les vacances pour écrire à ceux qui me sont chers. Il y a vraiment une sorte de fatalité qui nous empêche de nous voir. Quand j'ai été à Rouen à la fin des grandes vacances dernières, tu n'y étais pas ; et lorsque ma mère et ma tante vous ont vus à La Neuville j'étais enfermé dans mon cloître d'Yvetot. Je ne sais si tu connais cette baraque, couvent triste, où règnent les curés, l'hypocrisie, l'ennui, etc., etc., et d'où s'exhale une odeur de soutane qui se répand dans toute la ville d'Yvetot et qu'on garde encore malgré soi les premiers jours de vacances ; pour m'en débarrasser je viens de lire un ouvrage de J. J. Rousseau. Je ne connaissais pas La Nouvelle Héloïse et ce livre m'a servi en même temps de désinfectant et de pieuse lecture pour la semaine sainte.
Je ne sais si tu as appris que notre cousin Marcel Le Poittevin de Cherbourg arrive ici mardi, avec sa femme et ses enfants pour passer quelques jours avec nous. Je me promets bien de le mener bon gré mal gré dans les falaises pour lui faire connaître les environs, car je suis seul et cela m'ennuie de faire des excursions sans compagnons. Pourquoi donc ne viens-tu pas nous voir, je te mènerais dans des vallées et des bois inconnus aux profanes, auprès des sources qui jaillissent de nos grands rochers, et là, en présence de la belle nature, tu pourrais faire quelque jolie pièce de vers. Je sais que tu n'as pas besoin de cela pour faire de beaux vers, mais je t'assure que ces spectacles t'en inspireraient de plus beaux encore, et j'aurais du moins quelqu'un avec qui me promener.
      Avant de finir ma lettre, j'ai une demande à t'adresser ; et j'espère que tu ne me refuseras pas. On vient de me donner un album où je mets les photographies de mes parents et de mes amis et à ce double titre je désire y mettre la tienne et celle d'Armand aussi. Je vous prie de bien vouloir me les envoyer ; ma mère me charge de demander celle de ma tante Louise. Adieu, cher Louis, ma mère et mon frère se joignent à moi pour t'embrasser ainsi qu'Armand et ta mère. Nous serrons affectueusement la main à mon oncle.

GUY DE MAUPASSANT


1 Fils d'Alfred Le Poittevin, oncle de Maupassant.

Puesto en formato html por Thierry Selva:  http://maupassant.free.fr/