Carta anterior: 522

Guy de Maupassant

Carta 523
A  ÉMILE ZOLA
(original en francés)

  Carta Siguiente:524

calle de Montchanin, 10
[julio de 1888]

      Mi querido Maestro y amigo,
      Recibiendo su primera carta he comprendido inmediatamente que, habiendo aceptado la cruz como consecuencia de una gestión hecha directamente con usted, preferiría, tras la respuesta llevada al ministro por su primer mensajero, no desear  encargar a todo el mundo que acepte por usted.
      Cuando el señor Lockroy1, al que he visto por casualidad, pues habiendo sabido que yo estaba con mi amigo Roujon jefe de negociado en el Gabinete, me ha pedido hablarle, me rogó encargarme de esta misión ante usted y yo he sido muy feliz de hacerlo. Sabía por él también que ya había sondeado a la Señora Charpentier sobre sus intenciones. Yo respondí a sus preguntas diciendo que no tenía conocimiento de que usted hubiese rechazado la condecoración, y habia contado lo que sabía del asunto Bardoux.
      En cuanto a mí (respondo a la última frase de su carta) he quemado mis naves de modo que he suprimido toda suerte de volverme atrás. He rechazado el año anterior, en términos formales y definitivos la cruz que me había sido ofrecido por el señor Spuller. Acabo de reafirmarme en mi negativa ante el señor Lockroy. No son ni razonamientos ni principios lo que me ha conducido a esta determinación, pues no veo por qué tendría que desdeñar la Legíon de honor, sino una profunda repugnancia, estúpida e invencible. He sido tentado y he reconocido que me sería muy desagradable ser condecorado, y que  lamentaría durante toda mi vida haber aceptado. Esto es extensivo a la Academia que es, creo, todavía más bobo de mi parte.
      Salgo para Étretat el jueves, pero pasaré por París dentro de un mes de camino a los Vosges, y espero poder ir a estrecharle la mano.
      Presente, se lo ruego, mis respetos a la Señora Zola y crea en mi viva amistad.

      GUY DE MAUPASSANT

      1 Fue en efecto Lockroy, ministro de Instrucción Pública en el Gabinete Floquet, quién hizo nombrar a Zola caballero de la Legión de honor, el 14 de julio de 1888.

Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant


A  ÉMILE ZOLA

 10, rue de Montchanin.
[Juillet 1888].

      Mon cher Maître et ami,
      En recevant votre 1re lettre j'ai compris immédiatement qu'ayant accepté la croix à la suite d'une démarche faite près de vous, vous préfériez, après la réponse portée au ministre par son premier messager, ne pas avoir l'air de charger tout le monde de dire oui pour vous.
      Quand M. Lockroy1 que j'ai vu par hasard, car ayant appris que j'étais chez mon ami Roujon chef de bureau au Cabinet, il m'a fait demander de vouloir bien lui parler, m'a prié de me charger de cette mission près de vous, j'ai été très heureux de m'en charger. Je savais par lui d'ailleurs qu'il avait déjà pressenti Madame Charpentier sur vos intentions. J'avais répondu à ses interrogations que je n'avais pas connaissance que vous eussiez refusé la décoration, et j'avais raconté ce que je savais de l'histoire Bardoux.
      Quant à moi (je réponds à la dernière phrase de votre lettre) j'ai brûlé mes vaisseaux de façon à supprimer toute chance de retour. J'ai refusé l'an dernier, en termes formels et définitifs la croix qui m'était offerte par M. Spuller. Je viens de renouveler ce refus à M. Lockroy. Ce ne sont ni des raisonnements ni des principes qui m'ont conduit à cette détermination, car je ne vois pas pourquoi on dédaignerait la Légion d'honneur, mais une répugnance profonde, bête et invincible. Je me suis tâté et j'ai reconnu qu'il me serait très désagréable d'être décoré, et que je regretterais, durant toute ma vie, d'avoir accepté. Il en est et il en sera de même pour l'Académie, ce qui est, je crois, encore plus niais de ma part.
      Je pars pour Étretat jeudi, mais je repasserai par Paris dans un mois en allant dans les Vosges, et j'espère bien pouvoir aller vous serrer la main.
      Présentez, je vous prie, mes compliments empressés à Madame Zola et croyez à ma vive amitié.

     GUY DE MAUPASSANT

1 C'est en effet Lockroy, ministre de l'Instruction publique dans le cabinet Floquet, qui fit nommer Zola chevalier de la Légion d'honneur, le 14 juillet 1888.

Puesto en formato html por Thierry Selva:  http://maupassant.free.fr/