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Guy de Maupassant

Carta 525
A UN DESTINATARIO
NO IDENTIFICADO

(original en francés)

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[Julio 1888]

      Mi querido colega,
      Esperaba vivamente y en vano no estar citado entre aquellos que han rechazado la cruz. Su artículo me desmuestra que me he equivocado esperando esto. He leído por otra parte unas noticias y recibido unas cartas que me demuestran que se ha hecho algún ruido a este respecto. Ignoro quién ha divulgado la noticia un tanto erronea que circula.
      Se me ha propuesto la cruz; se ma ha preguntado únicamente en el caso en que el ministro pensaría en mí. He respondido que consideraba una grosería rechazar una distinción muy deseada y muy respetable - pero he rogado que no se me ofreciese y se solicitó al ministro que me descartara.
      Siempre he dicho, y todos mis amigos son testigos, que desearía estar al margen de todos los honores y de todas las dignidades. He tenido la precaución de repetirlo a menudo, y durante mucho tiempo, a fin de que no se sospechase de que podría pensar en ello en un momento dado.
      En cuanto a mi motivos, son demasiado numerosos para ser escritos.
      Uno solo será suficiente, sin embargo: no admito una jerarquía oficial en las letras. Somos los que somos sin tener necesidad de ser clasificados.
      Si la Legión de honor no tuviese un valor jerarquico, la admitiría, pero los grados constituyen una escala de meritos verdaderamente demasiado fantástica.
      Usted cita a Edmond de Goncourt. ¿Puede acaso cuestionarse su gran valor y su influencia sobre la literatura contemporanea?
      Nadie, quizás, lo merece más que él.
      Ahora bien, él se convierte en Legionario de honor, mientras que los grados superiores están reservados sin duda a sus discípulos.
      Cuando se está decidido a no pedir nunca de nadie, es mejor vivir sin títulos honoríficos, pues si se obtiene uno, por casualidad, sin intriga,  casi seguro se queda en eso, y cuando se cogen cintas, nunca son demasiadas. 
     
Esta razón no es tal vez la mejor, pero cuando no se tiene ganas de una cosa, la menor razón te decido a no solicitarla, y a impedir que te la den. Sin embargo debo decir, tras su artículo, que tengo un gran respeto por la Legión de honor, y no me gustaría que se creyese lo contrario.
      Reciba, Señor y querido colega, la seguridad de mis devotos sentimientos.

      GUY DE MAUPASSANT

Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant


Á  UN DESTINATAIRE NON IDENTIFIÉ

  [Juillet 1888.]

      Mon cher confrère,
      J'espérais vivement et vainement n'être point cité parmi ceux qui ont refusé la croix. Votre article me démontre que j'ai eu tort d'espérer cela J'ai lu d'ailleurs des échos et reçu des lettres qui me prouvent qu'on a fait, à ce sujet, quelque bruit. Je n'y suis pour rien et j'ignore qui a répandu la nouvelle un peu erronée qui court.
      On ne m'a point proposé la croix ; on m'a interrogé seulement pour le cas où le ministre songerait à moi. J'ai répondu que je considérais comme une grossièreté de refuser une distinction très recherchée et très respectable - mais j'ai prié qu'on ne me l'offrît point et qu'on demandât au ministre de m'oublier.
      J'ai toujours dit, tous mes amis en pourraient témoigner, que je désirais rester en dehors de tous les honneurs et de toutes les dignités. J'ai eu soin de le répéter souvent, et depuis fort longtemps, afin qu'on ne me suspectât point d'arrière-pensée à un moment donné.
      Quant à mes raisons, elles sont trop nombreuses pour être écrites.
      Une seule suffirait, d'ailleurs : je n'admets pas de hiérarchie officielle dans les lettres. Nous sommes ce que nous sommes sans avoir besoin d'être classés.
      Si la Légion d'honneur n'avait point de degrés je la comprendrais davantage, mais les grades constituent une échelle de mérite vraiment par trop fantaisiste.
      Vous aviez cité Edmond de Goncourt. Peut-on contester sa haute valeur et surtout son influence sur la littérature contemporaine ? Personne, peut-être, n'en eut plus que lui.
      Or, il demeure chevalier de la Légion d'honneur, tandis que les grades supérieurs sont réservés sans doute à ses élèves.
      Quand on est décidé à ne jamais rien solliciter de personne, il vaut mieux vivre sans titres honorifiques, car si on en obtient un, par hasard, sans intrigue, on est presque certain d'en rester là, et , quand on prend du ruban, on n'en saurait trop prendre.
      Cette raison n'est peut-être pas la meilleure, mais quand on n'a point envie d'une chose, la moindre raison vous décide à ne la point demander, et à empêcher qu'on vous la donne. Je tenais cependant à vous dire, après votre article, que j'ai pour la Légion d'honneur un grand respect, et je ne voudrais point qu'on crût le contraire.
      Recevez, Monsieur et cher confrère, l'assurance de mes sentiments dévoués.

      GUY DE MAUPASSANT

Puesto en formato html por Thierry Selva:  http://maupassant.free.fr/