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Guy de Maupassant

Carta 554 
A JEAN BOURDEAU 
(Original en francés)

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Triel, Villa Stieldorff.
[junio de 1889]

      Mi querido amigo,
      No había visto la nota bibliográfica de  Débats. Estoy en Triel, viviendo muy solo, totalmente solo, y mi editor no me envía más que los artículos que él considera importantes. Sabía entonces que recibiría el suyo cuando apareciese; lo recibiré cuando aparezca y le agradezco mucho haberlo escrito.
      He encontrado aquí una casa que es un sueño. Al pie de una colina está construida sobre una terraza que domina el Sena. Veo desde todas mis ventanas veinte kilómetros de río, de cerros boscosos y de verdor. Tengo un jardín lleno de rosas y de fresas lo que esparce en el aire unas fragancias de perfume al mismo tiempo que caricias y apetito. Trabajo y reviso allí dentro. Tengo una cuerda anudada colgada de la luna, cuando hay, y escalo allí todavía un poco, menos agilmente que otras veces, pero escalo. Me baño y corro en los bosques con una alegría de animal y he olvidado completamente esa gran puta Exposición.
      Esa feria se ha convertido en el delirio  de todos los parisinos. Ellos tienen por fin en que pasar el tiempo. Y pasan el tiempo yendo a ver eso, luego a contárselo. Paris se ha convertido en una ciudad donde es el 14 de julio todos los días. Seis meses de 14 de julio, es demasiado.
      Nuestras bellas amigas1 frecuentan mucho ese lugar; quizás sea eso lo que las distrae. Pero usted resucitará cuando regrese, esté seguro. Se resucita siempre cuando se vuelve. Una de ellas, la que usted prefiere, me da la impresión de estar bien, de estar más alegre y de vivir con cierto placer. Creo que ella no lo confesará, pero encuentro su salud y su alegreía en bastante buen estado en este momento. Menos intelectual (ella tiene razón), frecuenta los establecimientos de danza áarabe de las esplanada de los Inválidos, y todos los pisos de la Torre Eiffel donde se almuerza, siempre encantadora y de igual humor, está más bella que nunca, y deliciosamente amable. Vea usted que ya que ella olvida darle sus noticias, yo lo hago en su lugar.
      La otra es. en este momento, una maravilla de gracia. No la he visto tan extraña, imprevista, bromista y despectiva. La saboreo cada vez que regreso a París - una vez por semana - pues me divierte verdaderamente mucho. No le hablo de los hombres. Georges, siempre muy raro, encuentra que la vida tiene un gusto amargo. El bueno de Schlumberger considera que las mujeres son inconstantes, engañosas y pérfidas - Nada ha cambiado.
      Si sobreviene algún acontecimiento importante en el grupo yo lo mantendré informado en el próximo correo. ¡Soy complaciente! Adiós, querido amigo, le estrecho cordialmente la mano.

      MAUPASSANT

      1 Se trata, parece, de las dos hermanas Warshawska, Señoras de Abert Cahen d'Anvers y Marie Kann.

Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant


A JEAN BOURDEAU 

Triel, Villa Stieldorff.
[Juin 1889.]

      Mon cher ami,
      Je n'avais pas vu la note bibliographique des Débats. Je suis à Triel, vivant très seul, tout à fait seul ; et mon éditeur ne m'envoie que les articles qu'il juge importants. Je savais donc que je recevrais le vôtre quand il paraîtrait ; je le recevrai quand il paraîtra : et je vous remercie beaucoup de l'avoir écrit.
      J'ai trouvé ici une maison qui est un rêve de maison. Au pied d'une côte elle est construite sur une terrasse qui domine la Seine. Je vois de toutes mes fenêtres vingt kilomètres de rivière, de coteaux boisés et de verdure. J'ai un jardin plein de roses et de fraises ce qui répand dans l'air une gourmandise de parfum en même temps de la tendresse et de l'appétit. Je travaille et je rêvasse là-dedans. J'ai une corde à nœuds accrochée à la lune, quand il y en a, et j'y grimpe encore un peu, moins agilement qu'autrefois, mais j'y grimpe. Je me baigne et je cours dans le bois avec une joie d'animal et j'ai tout à fait oublié cette grande salope d'Exposition.
      Elle est devenue, cette foire, le délire de tous les Parisiens. Ils ont enfin de quoi passer le temps. Et ils passent le temps à aller voir cela, puis à se le raconter. Paris est devenu une ville où c'est le 14 juillet tous les jours. Six mois de 14 juillet, c'est trop.
      Nos belles amies1 fréquentent beaucoup cet endroit ; c'est peut-être ce qui les a distraites. Mais vous ressusciterez quand vous reviendrez, soyez-en sûr. On ressuscite toujours quand on revient. L'une, celle que vous préférez, m'a l'air d'aller bien, d'être plus gaie et de vivre avec un certain plaisir. Je crois qu'elle ne l'avouerait pas, mais je trouve sa santé et sa gaîté en assez bon état en ce moment. Moins intellectuelle (elle a raison), elle fréquente les établissements de danse arabe de l'esplanade des Invalides, et tous les étages de la Tour Eiffel où l'on déjeune, toujours charmante et d'humeur égale, elle est plus jolie que jamais, et délicieusement aimable. Vous voyez que puisqu'elle néglige de vous donner de ses nouvelles, je le fais à sa place.
      L'autre est, à cette heure, une merveille de drôlerie et de fantasquerie. Je ne l'ai jamais vue si bizarre, imprévue, blagueuse et méprisante. Je la savoure chaque fois que j'entre à Paris - une fois par semaine - car elle m'amuse vraiment beaucoup. Je ne vous parle pas des hommes. Georges, toujours très drôle, trouve que la vie a un goût amer. Le bon Schlumberger trouve que les femmes sont inconstantes, trompeuses et perfides. - Rien n'est changé.
      S'il survenait quelqu'événement important dans ce groupe je vous en rendrais compte par le plus proche courrier. Suis-je complaisant ! Adieu, cher ami, je vous serre très cordialement la main.

      MAUPASSANT

      1 Il s'agit, semble-t-il, des deux sœurs Warshawska, Mmes Albert Cahen d'Anvers et Marie Kann.

Puesto en formato html por Thierry Selva:  http://maupassant.free.fr/