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Guy de Maupassant

Carta 574 
A JEAN BOURDEAU 
(Original en francés)

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Hotel de la Ciudad de Florencia
[¿ Octubre de 1889 ?]

      Mi querido amigo, estoy todavía en Florencia y aquí he recibido su carta. He estado muy enfermo y el médico parece alegre viéndome partir, pero yo me conozco, eso no es nada, volverá a surgir. He tenido fuertes hemorragias en el intestino donde las desgarraduras, hoy cicatrizadas, presentan unas sensibles protuberancias1. Es una vuelta de mi sistema nervioso y de este odioso regulador de las funciones físicas de los órganos que se llama estupidamente « el gran simpático ». A mi  « gran simpático », cuando el clima no le gusta, trata de matarme cerrando una de sus redes, lo que paraliza un órgano. Me ha hecho por el corazón, por las piernas, por el estómago, por la piel, lo que me ha producido calvicie hace ocho años. Acaba de producirme lo mismo en el vientre, sin previo aviso. Me he desperatado una noche sangrando como una parturienta. Eso me ha hecho daño. Llamo a mi médico que encuentra una serie de inflamaciones, y de desgarros sin ninguna de las caracterísiticas que de ordinario tienen esa clase de males.
      ¡Ah! ¡Dios mío, Dios mío! Voy a regresar a Francia, pero no a París. Lo lamento pues me he prendado con verdadera ternura de todas las hermosas cosas que aquí hay. Me gusta esto y regresar diez veces ante un monumento o un cuadro. Pero de todas las artes plásticas, la más cerebral quizás, la más superior y la más seductora para mi, es la arquitectura. Es casi incomprensible para los burgueses sabios de hoy, ese Arte de líneas, dominando el alma por la composición y seduciendo por la gracia del detalle. Que falta hace un buen cerebro, un buen espejo de imágenes bellas, ideas elevadas, sintéticas y al mismo tiempo casi materiales para concebir y diseñar un extraño monumento, uno de los que contienen la historia de una raza, de una civilización y de todo un pueblo de espíritus. A mí me gusta más vivir con las piedras esculpidas de aquí que con las hermosas damas de París, que duran menos. Hablo en general, pues tengo por todas mis amigas unos afectos superiores a los que llevo a los monumentos.
      Me pide usted un consejo respecto de un libro. Mi consejo, dado desde la distancia, tal vez no sea muy útil. En principio, no haga nunca negocios con Calmann-Lévy. Havard no vale nada. Marpon es muy hábil, muy negociante, paga bien, pero su tienda es muy cutre. Charpentier es honorable, bien puesto, vende mal a los autores de segunda fila. Queda Ollendorff del que estoy muy contento. Pero, con las mujeres, todos los caballeros de la librería son cien veces más maleducados que con los hombres. Sé sin embargo que Ollendorff publica de buen grado y tiene unas buenas relaciones y muy agradables. ¿Quiere usted ir a verlo?. Le adjunto unas palabras para él. Le escribo al mismo tiempo que tal vez vaya usted a encontrarlo sin ninguna explicación, y yo le informo de dicha carta que usted llevará al correo si se decide a ir.
Le estrecho las manos, mi querido amigo, rogándole que crea en mi afecto sincero.

MAUPASSANT

1 Sobre la indisposición de Maupassant, ver la carta siguiente.

Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant


A JEAN BOURDEAU 

  Hôtel de la Ville de Florence
[Octobre 1889 ?]

      Mon cher ami, je suis encore à Florence et j'y reçois votre lettre. J'y ai été fort malade et le médecin semble content de me voir partir, mais, moi, je me connais, ça n'est rien, ça se recollera. J'ai eu des hémorragies violentes de l'intestin où les déchirures, aujourd'hui cicatrisées, font encore des bosses sensibles1. C'est encore un tour. de mon système nerveux et de cet odieux régulateur des fonctions physiques des organes qu'on appelle stupidement « Le grand sympathique ». Le mien « grand sympathique », quand un climat ne lui plaît pas il essaye de me tuer en fermant un de ses réseaux, ce qui paralyse un organe. Il m'a fait cela pour le cœur, pour les jambes, pour l'estomac, pour la peau, ce qui m'a rendu chauve il y a huit ans. Il vient de me jouer le même tour dans le ventre, sans crier gare. Je me suis réveillé une nuit saignant comme une femme en couches. Je me tâte. Ça me fait mal. J'appelle mon médecin qui trouve une série d'inflammations, et de déchirures sans rien des caractères qu'ont d'ordinaire ces sortes de maux.
      Ah ! joli Bon Dieu, joli Bon Dieu ! Donc je vais revenir en France, mais pas à Paris. Je le regrette car je m'éprends d'une vraie tendresse pour toutes les belles choses d'ici. J'aime ça à retourner dix fois devant un monument ou un tableau. Mais de tous les arts plastiques, le plus cérébral peut-être, le plus supérieur et le plus séduisant pour moi c'est l'architecture. C'est presque incompréhensible pour les bourgeois savants d'aujourd'hui, cet Art de lignes, dominant l'âme par la composition et la séduisant par la grâce sobre du détail. Mais comme il faut un beau cerveau, un beau miroir à belles images, à idées hautes, synthétiques et en même temps presque matérielles pour concevoir et dessiner un rare monument, un de ceux qui contiennent l'histoire d'une race, d'une civilisation et de tout un peuple d'esprits. Moi j'aime autant vivre avec les pierres sculptées d'ici qu'avec toutes les belles dames de Paris, qui durent moins. Je parle en général, car j'ai pour toutes mes amies des amitiés supérieures à celles que je porte aux monuments.
      Vous me demandez un conseil au sujet d'un livre. Mon conseil, donné de loin, ne sera pas très utile peut-être. En principe, il ne faut jamais faire une affaire avec Calmann-Lévy - Havard ne vaut plus rien - Marpon très adroit très marchand, paye bien, mais très boutique à treize. Charpentier honorable, bien posé, vend mal les auteurs de second plan. Reste Ollendorff dont je suis fort content. Mais, avec les femmes, tous les chevaliers de la librairie sont cent fois plus pignoufs qu'avec les hommes. Je sais cependant qu'Ollendorff en publie volontiers et il est de relations fort courtoises et fort agréables. Voulez-vous aller le voir. Ci-joint un mot pour lui. Je lui écris en même temps que vous irez peut-être le trouver sans aucune explication, et je vous communique la dite lettre que vous jetterez à la poste si vous vous décidez à y aller.
      Je vous serre les mains, mon cher ami, en vous priant de croire à ma sincère affection.

MAUPASSANT

     1 Sur l'indisposition de Maupassant, voir la lettre suivante.

Puesto en formato html por Thierry Selva:  http://maupassant.free.fr/