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Guy de Maupassant

Carta 576
A FERDINAND BRUNETIÈRE
(original en francés)

Ferdinand Brunetière (1849-1906)  Carta Siguiente:577

    GRAN HOTEL
GRASSE
Lunes [18 de noviembre de 1889]

      Mi querido amigo y colega,
      Estoy en Grasse junto a mi madre, cuya salud me produce las más graves preocupaciones después de la muerte de mi hermano.
      Espero sin embargo que podré partir para París mañana martes. Llegaré allí el miércoles por la mañana, y le veré dentro de algunos días. Pienso que podría darle mis notas sobre Italia. Las he atenuado, no por la Revista sino por la conciencia literaria de opiniones exageradas. El fragmento es corto, y contiene sobre todo unos paisajes comparables a unas fotografías. Son consecuencia de visiones, de sensaciones, de emociones apenas comentadas, a menudo rápidas y tomadas como una instantanea. Me he divertido haciendo esto con palabras simples buscando la imagen con una exactitud de términos, de verbos y de adjetivos que confieren, me parece, la impresión franca y segura de la realidad, sin descuidar la comprensión por sutiles percepciones literarias. Le escribo en un comedor del hotel. Me explico mal.
      Usted tendrá también, dentro de algún tiempo, una pequeña novela que la muerte de mi hermano ha interrumpido. El título es: Notre Coeur. Lo que me produce bastante placer. Me siento en una corriente de incontestable verdad que me transporta. En todas las ocasiones que he tenido esta sensación, el resultado no ha sido malo.
      Lo veré entonces dentro de unos días para hablar de todo esto. Esperando, le estrecho las manos cordialmente.

      MAUPASSANT

Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant


A FERDINAND BRUNETIÈRE        

GRAND HÔTEL
GRASSE
Lundi [18 novembre 1889].

      Mon cher ami et confrère,
      Je suis à Grasse auprès de ma mère dont la santé me donne les plus graves inquiétudes depuis la mort de mon frère.
J'espère cependant que je pourrai partir pour Paris demain mardi. J'y arriverai mercredi matin, et je vous verrai dans quelques jours. Je pense que je pourrai vous donner mes notes sur l'Italie. J'ai atténué, non pour la Revue mais par conscience littéraire des opinions exagérées. Le morceau est court, et contient surtout des paysages comparables à des photographies. Ce sont des suites de visions, de sensations, d'émotions à peine commentées, souvent promptes et sèches comme une épreuve instantanée. Je me suis amusé à faire cela avec des mots simples en cherchant l'image dans une exactitude de terme, de verbe et d'adjectif qui donnent me semble-t-il l'impression franche et sûre de la réalité, sans troubler la compréhension par de subtiles perceptions littéraires. Je vous écris dans une salle à manger d'hôtel. Je m'explique mal.
       Vous aurez aussi, dans quelque temps un petit roman que la mort de mon frère a interrompu. Le titre est : Notre Cœur. Ce que j'en ai fait me plaît assez. Je me sens dans un courant d'incontestable vérité, et il me porte. Toutes les fois que j'ai eu cette impression le résultat n'a pas été mauvais.
      Je vous verrai donc dans quelques jours pour parler de tout cela. En attendant je vous serre bien cordialement les mains.

      MAUPASSANT

  Puesto en formato html por Thierry Selva:  http://maupassant.free.fr/