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Cannes, Pensión Marie-Louise [1889]
Señorita,
He sido muy lento leyendo el manuscrito que usted
me ha confiado, porque mis ojos no me permiten casi ninguna lectura y no puedo
fijar su atención más de veinte minutos seguidos sin trastornos visuales.
Me veo muy apurado para darle una opinión que es
múltiple, pues aquello que toca este debut no entraña del todo la creencia de
la imposibilidad de un futuro éxito.
De entrada, esta fantasía es del estilo de Julio
Verne y teñida de filosofía crítica, lo que resulta más dificil de hacer, lo
que nunca ha sido hecho.
Hace falta, para esas cubiertas en el cielo una
imaginación desbordante, un verbo infinitamente variado, y, al mismo tiempo,
una aparente precisión científica casi indiscutible.
... El relato comienza por una series de errores
que no importa que se revelen al primer vistazo. Me detengo en el más grave.
¡Marte está encima de la Tierra!... No. En el cielo no hay ni arriba ni abajo.
Marte parece encima de nosotros cuando la rotación de la Tierra nos coloca de
modo en que este planeta tenga la apariencia de estar sobre nuestras cabezas;
pero, doce horas más tarde se encuentra exactamente bajo nuestros pies. La
verdad científica no tienen ninguna relación con las apariencias que nos
equivocan por la ignorancia de nuestros sentidos. Sería necesario entonces para
hacernos plausible el viaje, imaginar al principio un medio de locomoción
inverosimil pero admisible en el sueño de una imaginación trastornada por la
magia de la invención. Eso de que una piedra haría gritar a unos alumnos de
escuela primaria, pues esos elementos de mecánica celeste se enseñan ahora por
todas partes.
Nos queda un relato que es una crítica de los
habitantes de la Tierra pero que nos muestra unas personas seguramente tan
enojosos como nosotros, pues sustituyen nuestros pequeños prejuicios por unos
contra-prejuicios muy doctrinales, por un curso de moral práctica nacida en la
cabeza de un Prudhomme planetario, y que sustituyen al mal los remedios de la
propia naturaleza. Un cuento de esta clase no podría hacerse leer más que por
la diversidad de incidentes bastante grande e imprevista para hacer casi olvidar
las disertaciones cuya originalidad no es nueva para captar únicamente la
atención y el interés.
Pero de ahí a creer que la joven - usted me ha
dicho que esta obra es de una mujer - debe renunciar a escribir, hay un abismo.
En primer lugar, es un relato largo, prueba de la
continuidad del pensamiento, de larga duración. Enseguida revela una tendencia
a la crítica y al espíritu, que pueden dar con la experiencia y el trabajo,
resultados encantadores. Si yo comparo este debut con aquellos de casi todos
nuestros escritores, en particular con los primeros libros de Zola que acabo de
leer, lo encuentro más maduro y más repleto de promesas.
Creo que el autor ha leido poco a los Maestros
cuyo giro de espíritu puede incrementar, aguijonear, flexibilizar sus ideas. Si
es una muchacha no me sorprende. No hablo aquí de novelistas, sino de grandes
fabuladores, de grandes irónicos, de los grandes burlones. Creo que no se
pueden adquirir cualidades esenciales más que después de haber comprendido y
analizado bien las de otros, pues dudo de los talentos natos a menos que sean
unos genios. Con rigor, un poeta o un novelista puede estar dotado
excepcionalmente; pero cuando se trata de la fina, mordiente y espiritual de la
burla, es necesario una salsa de habilidad que solamente la experiencia puede
proporcionar.
Discúlpeme esta severidad que es todo lo que
pienso. Y sobre todo no diga a su amiga que pare de escribir.
Crea, Señorita, en mi muy respetuosa y profunda
devoción.
GUY DE MAUPASSANT1
1 Publicada por Maurice d'Hartoy: Guy de Maupassant inconnu, 1957. El señor d'Hartoy considera que las tres cartas a Jeannine Dumas fueron escritas en 1887; la indicación de la residencia en Cannes, Pensión Marie-Louise, y el anuncio de un próximo viaje a Inglaterra (carta nº 587), nos induce a datarlas en 1889 (la estancia en Inglaterra data de 1890)
Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant
Cannes, Pension Marie-Louise [1889].
Mademoiselle,
J'ai été très long à lire le manuscrit que
vous m'avez confié, parce que mes yeux ne me permettent presque aucune lecture
et que je ne peux fixer leur attention plus de vingt minutes de suite sans
troubles de la vision.
Je suis fort embarrassé pour vous donner une
opinion qui est multiple, car celle qui touche ce début n'entraîne pas du tout
la croyance à l'impossibilité d'un succès futur.
D'abord, cette fantaisie est du genre Jules Verne
et teintée de philosophie critique, ce qu'il y a de plus difficile à faire, ce
qui n'a jamais été fait.
Il faut, pour ces couvres dans le ciel une
imagination débordante, une verve infiniment variée, et, en même temps, une
apparente précision scientifique presque indiscutable.
... Le récit commence par des séries d'erreurs
que n'importe qui relèvera au premier coup d'œil. Je m'arrête à la plus
grosse. Mars est au-dessus de la Terre !... Mais non. Il n'y a dans le ciel ni
haut ni bas. Mars semble au-dessus de nous quand la rotation de la Terre nous
place de façon à ce que cette planète ait l'air d'être sur nos têtes :
mais, douze heures plus tard elle se trouve exactement sous nos pieds. La
vérité scientifique n'a aucun rapport avec les apparences dont nous trompe
l'ignorance de nos sens. Il faudrait donc pour nous faire croire au voyage,
imaginer d'abord un moyen de locomotion invraisemblable mais admissible dans le
rêve d'une imagination troublée par la féerie de l'invention. Celui d'une
pierre ferait crier des élèves d'école primaire, car ces éléments de
mécanique céleste sont enseignés maintenant partout.
Il nous reste un récit qui est une critique des
habitants de la Terre mais qui nous montre des gens assurément aussi ennuyeux
que nous, car ils remplacent nos petits préjugés par des contre-préjugés
très doctrinaires, par un cours de morale pratique né dans la tête d'un
Prudhomme planétaire, et qui substituent au mal les remèdes de même nature.
Un conte de cette sorte ne pourrait se faire lire que par une diversité
d'incidents assez grande et imprévue pour faire presque oublier les
dissertations dont l'originalité n'est pas assez neuve pour capter seule
l'attention et l'intérêt.
Mais de là à croire que la jeune femme - vous
m'avez dit n'est-ce pas que cette œuvre est d'une femme - doive renoncer à
écrire, il y a loin.
D'abord, c'est un long récit, preuve de la
continuité de la pensée, de l'haleine. Ensuite, il révèle une tendance à la
critique et à l'esprit, qui peuvent donner avec de l'expérience et du travail
des résultats charmants. Si je compare ce début avec ceux de presque tous nos
écrivains, en particulier, avec les premiers livres de Zola que je viens de
lire, je le trouve plus mûr et plus nourri de promesses.
Je crois que l'auteur a peu lu les Maîtres dont
la tournure d'esprit peut accroître, aiguiser, assouplir ses idées. Si c'est
une jeune fille cela ne m'étonne pas. Je ne parle pas ici de romanciers, mais
de grands fantaisistes, des grands ironiques, , des grands railleurs. Je crois
qu'on ne peut acquérir de qualités essentielles qu'après avoir très bien
compris et analysé celles des autres, car je doute des talents innés à moins
que ce soient des génies. A la rigueur un poète ou un romancier peut être
doué exceptionnellement ; mais quand il s'agit de la fine, mordante et
spirituelle raillerie, il y faut une sauce d'habileté que seule l'expérience
peut donner.
Excusez cette sévérité qui est toute ma
pensée. Et surtout ne dites pas à votre amie de cesser d'écrire.
Croyez, Mademoiselle, à mon très respectueux et
très profond dévouement.
GUY DE MAUPASSANT1
1 Publiée par Maurice d'Hartoy : Guy de Maupassant inconnu, 1957. - M. d'Hartoy considère que les trois lettres à Jeannine Dumas ont été écrites en 1887 ; l'indication de la résidence à Cannes, Pension Marie-Louise, et l'annonce d'un prochain voyage en Angleterre (lettre N° 587), nous invitent à les situer en 1889 (le séjour en Angleterre date de 1890
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