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Louis Le Poittevin niño

 Carta: 6
DE LOUIS LE POITTEVIN
A GUY DE MAUPASSANT

(Original en francés)

Guy de Maupassant niño Carta Siguiente: 7

   La Neuville, 16 de abril de 1868

      Mi querido primo:
      Tu carta me ha hecho muy feliz; esta demostración de amistad que me testimonias me hace ver que tu corazón no conoce la ausencia y que pese a la distancia que nos separa él no deja de venir alguna vez a decirle a los habitantes de La Neuville que no los olvida.  
      Hace, como bien dices, mucho tiempo que no nos vemos, y ello me resulta más penoso en cuanto estamos unidos por la sangre y la amistad, que nuestros gustos son muy parecidos y nuestros carácteres fraternizan indudablemente. No puedo dejar de pensar sin una especie de estremecimiento del corazón que podríamos encontrarnos en una calle y quizás no nos reconoceríamos, pues tú debes estar muy crecido y en consecuencia haber cambiado mucho desde la última vez que estuvimos juntos en Bornambusc. Una especie de fatalidad, dices en tu carta, nos aleja, nos separa el uno del otro. Bien, tú sabes cuál es esa fatalidad. Reflexiona, tú la conoces tanto como yo. Por una lado te encontrarás en el claustro y por el otro en la facultad de Derecho.
      Ahí tenemos los dos únicos obstáculos que impiden nuestra reunión; sin ellos podríamos estrecharnos más a menudo la mano, escalar las escarpadas rocas de Étretat o caminar en las profundidad de los bosques de La Neuville, murmurar, reír, cantar, componer versos juntos, pasatiempo delicioso y remedio sin par contra el aburrimiento y la fatiga que causa el Derecho al espíritu. 
      Padecerás también, estoy seguro, todo lo positivo de esta ciencia, toda su aridez, cuando, tras haber acabado tus estudios literarios, te pongas a cultivar el Código. Tu espíritu apasionado por las letras no se someterá en un día a este trabajo. Yo he sentido muy a menudo durante meses enteros el mío presto a rebelarse y no sé realmente como he continuado unos estudios que son discordes con mi carácter. La poesía en efecto busca las ilusiones, y no hay nada que menos se le parezcan que las lecciones de jurisprudencia.
      Te ruego que no tomes al pie de la letra todo lo que te digo al respecto; hace mucho tiempo que mi corazón está lejos de la afición a este estudio y he ido probablemente un poco lejos en su efusividad.
      Es muy cierto que no podremos vernos todavía este año; tú vas a entrar en tu claustro, yo en mi cuerpo jurídico civil y el tiempo pasará sin vernos reunidos.
      En fin, espero ser más feliz el año próximo; por un lado, mi Derecho estará acabado, por otro, tus exámenes de bachillerato habrán pasado, y estos dos obstáculos desaparecerán y lo celebraremos con una poesía el día  que nos estrechemos las manos.
      Me pides mi fotografía, querido primo; no tengo, aunque tú no hayas estado obligado a pedírmela, y adelantándote a tus deseos, te la habría enviado hace tiempo. Tan pronto tenga algunas, recibirás una; en cuanto a mi hermano, creo que te hará llegar una.- mi madre no te olvida.
      Todo tuyo.

      LE POITTEVIN

Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant


DE LOUIS LE POITTEVIN
A GUY DE MAUPASSANT

    La Neuville, ce 16 avril 1868.

      Mon cher Guy,
      Ta lettre m'a rendu bien heureux ; cette marque d'amitié que tu me témoignes me fait assez voir que ton cœur ne connaît point l'absence et que malgré la distance qui nous sépare il ne craint pas de venir quelquefois faire comprendre aux habitants de La Neuville qu'il ne les oublie pas.
      Il y a, comme tu le dis, bien longtemps que nous ne nous sommes vus, et cela m'est d'autant plus pénible que nous sommes unis par le sang et par l'amitié, que nos goûts semblent les mêmes et que nos caractères fraterniseraient indubitablement. Je ne puis penser sans une sorte de serrement de cœur que nous pourrions nous rencontrer dans une rue et, peut-être, ne pas nous reconnaître, car tu dois avoir bien grandi et par conséquent avoir changé depuis que nous nous sommes trouvés ensemble à Bornambusc. Une sorte de fatalité, dis-tu dans ta lettre, nous écarte, nous sépare l'un de l'autre. Eh bien, tu sais quelle elle est, cette fatalité. Réfléchis, tu la connaîtras comme moi. D'un côté tu trouveras le cloître et de l'autre la faculté de droit.
      Voilà les deux seuls obstacles à notre réunion ; sans eux nous pourrions nous serrer plus souvent la main, gravir les rochers escarpés d'Étretat ou marcher au fond des bois de La Neuville, causer, rire, chanter, faire des vers ensemble, passe-temps délicieux et remède sans pareil contre l'ennui et la fatigue que cause le Droit à l'esprit.
      Tu sentiras aussi, j'en suis sûr, tout le positif de cette science, toute son aridité, quand, après avoir terminé tes études littéraires, tu te mettras à cultiver le code. Ton esprit passionné pour les lettres ne se courbera pas en un jour à ce travail. J'ai senti bien souvent pendant des mois entiers le mien prêt à se révolter et je ne sais véritablement pas comment j'ai continué une étude qui était si en désaccord avec mon caractère. La poésie en effet cherche les illusions, et il n'y a rien de moins propre à en procurer que les recueils de jurisprudence.
      Je te prie toutefois de ne pas prendre entièrement à la lettre tout ce que je te dis à ce sujet ; il y a longtemps que mon cœur est loin d'affectionner cette étude et il a probablement été un peu loin dans son effusion.
      Il est trop certain que nous ne pourrons nous voir encore cette année ; tu vas rentrer dans ton cloître, moi dans mon corpus juris civilis et le temps se passera sans nous voir réunis.
      Enfin, j'espère être plus heureux l'an prochain ; d'un côté, mon droit sera terminé, de l'autre, tes examens de baccalauréat seront passés, et ces deux obstacles disparaissant nous célébrerons par une pièce de vers le jour qui nous verra la main dans la main.
Tu me demandes ma photographie, cher cousin ; je ne l'ai pas, sans quoi tu n'aurais pas été obligé de me la demander, allant au devant de tes désirs, je te l'aurais envoyée depuis longtemps. Aussitôt que j'en posséderai de nouvelles, tu en recevras une ; quant à mon frère, il en a je crois encore et il t'en fera parvenir une - ma mère aussi ne vous oubliera pas.
      Tout à toi,

LE POITTEVIN

Puesto en formato html por Thierry Selva:  http://maupassant.free.fr/