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[Fragmento]
Aix-les-Bains, 1890.
... La media página del Joanne1 me ha traido a la memoria
todo lo que sé de esas cosas, de esas mujeres y de esos hombres, de esta fea
crónica secreta del Arte, que hace interesarse por la cama del artista más que
por su pluma; y me he felicitado a mi mismo de no tener esta curiosidad que
califico de malsana...
Ignoro el pudor físico del modo más absoluto,
pero tengo un excesivo pudor de sentimientos, tal pudor que una sospecha
adivinada con alguien me exaspera.
Ahora bien, si yo nunca debiese tener bastante
notoriedad para que una posteridad curiosa se interese por el secreto de mi
vida, el pensamiento de la sombra en la que exponen mi corazón iluminado por
publicaciones, revelaciones, citas, explicaciones, me daría una inexpresable
angustia y una irresistible cólera. La idea de que se hablará de Ella y de Mi,
que unos hombres la juzgarán, que unas mujeres comentarán, que los periodistas
discutirán, que se contestará, que se analizarán mis emociones, que se
sodomizará mi respetuoso cariño (perdone esta terrible palabra que me parece
justa) me arrojaría en un furor violento y en una profunda tristeza2...
GUY DE MAUPASSANT.
1 Sobre los Charmettes que acaba
de visitar.
2 Publicada por la Señora Leone Ginzburg en La Culture (Roma, año X,
fascículo III, julio-septiembre 1932)
Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant
[Fragment]
Aix-les-Bains, 1890.
... La demi-page du Joanne1 m'a remis en mémoire tout ce que je sais de ces
choses, de ces femmes et de ces hommes, de cette vilaine chronique secrète de
l'Art, qui fait s'intéresser au lit de l'artiste plus qu'à sa plume ; et je me
suis vivement félicité tout seul de n'avoir pas cette curiosité que je
qualifie de malsaine...
J'ignore la pudeur physique de la façon la plus
absolue, mais j'ai une excessive pudeur de sentiment, une telle pudeur qu'un
soupçon deviné chez quelqu'un m'exaspère.
Or si je devais jamais avoir assez de notoriété
pour qu'une postérité curieuse s'intéressât au secret de ma vie, la pensée
de l'ombre où je tiens mon cœur éclairée par des publications, des
révélations, des citations, des explications me donnerait une inexprimable
angoisse et une irrésistible colère. L'idée qu'on parlerait d'Elle et de Moi,
que des hommes la jugeraient, que des femmes commenteraient, que des
journalistes discuteraient, qu'on contesterait, qu'on analyserait mes émotions,
qu'on déculotterait ma respectueuse tendresse (pardonnez cet affreux mot qui me
semble juste) me jetterait dans une fureur violente et dans une tristesse
profonde2...
GUY DE MAUPASSANT
1 Sur les Charmettes qu'il vient de visiter.
2 Publiée par Mme Leone Ginzburg dans La Cultura
(Rome, anno X, fascolo III, iuglio-settembre 1932).
Puesto en formato html por Thierry Selva: http://maupassant.free.fr/