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Étretat, 2 de mayo de 1877
Tus tres cuentos, mi querido Gustave, me han gustado infinitamente; los he
leído todos de un tirón, y ahora voy a releerlos. Pero antes tengo que
agradecerte todo el placer que tu me has dado, y decirte que tu recuerdo no
podía llegar aquí más adecuadamente. Estaba sufriendo el sábado por la
mañana, me sentía un poco triste, la soledad me agobiaba; tu libro ha llegado
a mí como un amigo, y la sola vista de su cubierta amarilla me ha revitalizado
enseguida el corazón.
He comenzado ávidamente, por el primer cuento1.
He seguido paso a paso a la humilde Félicité en su vida de trabajo y
abnegación; he entrado en esa casa de pueblo donde los días suceden a los
días con una tan desesperante monotonía; luego he querido a Loulou, el
pequeño periquito verde que vuela tan bien al país del sueño a pesar de
su ala rota, de su ojos de vidrio y de su vientre lleno de estopa.
Este estudio es exquisito, en sus matices tan
profundos y tan finas.
La légende de St- Julien ofrece unas
bellezas de otro género, y no recuerdo haber sentido jamás un tan completo
deslumbramiento. La gota de sangre del pequeño ratón blanco me ha producido el
mismo estremecimiento que la muerte de los dos ancianos; la llegada de la princesa
de dulces ojos me ha encantado como la celeste visión del final. Todo es
rápido, dramático, entretenido, y por tanto perfecto en los detalles,
cincelado a la manera de los maestros joyeros de antaño. Bien se puede decir
que es una verdadera maravilla, una rara obra maestra.
Tu último cuento, el estudio antiguo titulado Hérodias,
me parece igualmente de lo más notable. Esta muy logrado y de colorido
brillante. Los personajes están vivos y se desenvuelven bien en esas grandes
salas donde brilla el lujo de la época romana. Las extrañas viandas humean
sobre las mesas, los convidados se ceban de carne y vino, y el infame Aulus
está cerca de transmitir sus nauseas al lector... pasemos rápido... Y aquí
llega la bella Salomé con su embriagadora danza , y la cabeza del pobre San
Juan sin apoyo sobre sus hombros... Como irá derecho al Paraíso, no tengo
necesidad de apiadarme de su suerte, y puedo entregarme completamente al
sentimiento de admiración que tanto me inspiran estas bellas páginas. ¿Podré
alguna vez, mi buen amigo, agradecerte bastante las encantadoras horas que tú
me haces pasar?
Me queda todavía un poco de tiempo y un poco de
sitio para hablarte de mi; pero no tengo gran cosa que decirte que valga la pena
de ser resaltada. No me atrevo a describirte la vida que llevo aquí; recuerda
demasiado a ciertos cuadros tan bien descritos en Un Coeur simple. Diría
que la soledad absoluta de esta rivera durante ocho meses del año, le da un
encanto melancólico que faltará al pueblo, esencialmente mezquino y cotilla.
Ves que me consuelo lo mejor que puedo; pero no puedo impedir reconocer que el
último invierno me ha parecido eterno y que tenía gran necesidad de los diez
días pasados en Paris. El regreso no ha sido alegre, y me estoy encontrando muy
sola en mi gran casa. He pensado mucho en todos los que venía de dejar, y me he
dicho que sería muy agradable retornar de vez en cuando al hogar de los
queridos viejos amigos. No me atrevo demasiado a hacer proyectos, pero trataré
de no quedar inmóvil en mi desierto, para que los pájaros no vengan a hacer
sus nidos en medio de mis cabellos- puedes ver que aprovecho lo que he leído -
En fin, adiós mi querido compañero, bastante charlatana estoy siendo. Te
abrazo fuete y te estrecho la mano de todo corazón. Mil cariñosos recuerdos a
tu amable sobrina a la que quiero mucho, y mis atentos saludos al señor
Commanville. Tu vieja amiga
LAURE
1 Un coeur simple
Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant
DE
LAURE DE MAUPASSANT
A GUSTAVE FLAUBERT
Étretat, le 2 mai 1877.
Tes trois contes, mon cher Gustave, me plaisent infiniment ; je les ai lus tout
d'une haleine, et maintenant je vais les relire. Mais auparavant, je tiens à te
remercier de tout le plaisir que tu m'as fait, et à te dire que ton souvenir ne
pouvait arriver ici plus à propos. J'étais souffrante samedi matin, je me
sentais un peu triste, la solitude m'accablait ; ton livre est venu à moi comme
un ami, et la seule vue de sa couverture jaune m'a tout de suite réchauffé le
cœur.
J'ai commencé incontinent, par le premier conte. J'ai suivi pas à pas l'humble
servante Félicité dans sa vie de travail et d'abnégation ; je suis entrée
dans cette maison de petite ville où les jours succèdent aux jours avec une si
désespérante monotonie ; puis j'ai aimé le pauvre Loulou, le perroquet vert,
qui s'envole si bien au pays du rêve en dépit de son aile cassée, de son œil
de verre et de son ventre bourré d'étoupe.
Cette étude est exquise, dans ses demi-teintes
si fondues et si fines.
La légende de St-Julien offre des beautés d'un
autre genre, et je ne me souviens pas d'avoir éprouvé jamais un plus complet
éblouissement. La goutte de sang de la petite souris blanche m'a donné le
même frisson que le meurtre des deux vieillards ; la venue de la princesse aux
doux yeux m'a charmée comme la céleste vision de la fin. Tout cela est rapide,
dramatique, entraînant, et pourtant parfait dans les détails, ciselé à la
manière des maîtres joailliers d'autrefois. On peut bien dire que c'est là
une vraie merveille, un rare chef-d'œuvre !
Ton dernier conte, l'étude antique intitulée
Hérodias, me paraît également des plus remarquables. C'est largement fait et
très brillant de couleur. Les personnages sont vivants et circulent bien dans
ces grandes salles où s'étale tout le luxe de l'époque romaine. Les mets
étranges fument sur les tables, les convives se gorgent de viande et de vin, et
l'infâme Aulus est bien près de faire partager ses nausées au lecteur...
passons vite... Voici venir la belle Salomé avec sa danse enivrante, et la
tête du pauvre St Jean ne tient plus guère sur ses épaules... Comme il ira
tout droit au paradis, je n'ai pas besoin de m'apitoyer sur son sort, et je puis
me livrer tout entière au sentiment d'admiration que m'inspirent tant de belles
pages. Pourrai-je jamais, mon bon ami, te remercier assez des heures charmantes
que tu m'as fait passer ?
Il me reste encore un peu de temps et un peu de
place pour te parler de moi ; mais je n'ai pas grand'chose à te dire qui vaille
la peine d'être noté. le n'ose guère essayer de te décrire la vie que je
mène ici ; elle ressemble trop à certains tableaux si bien tracés dans Un Cœur
simple. Il faut dire pourtant que la solitude absolue de ce rivage pendant huit
mois de l'année, lui donne un charme mélancolique gui manquera toujours à la
petite ville, essentiellement mesquine et cancanière. Tu vois que je me console
de mon mieux ; mais je ne puis m'empêcher d'avouer que le dernier hiver m'a
paru éternel et que j'avais grand besoin des dix jours passés à Paris. Le
retour n'a pas été gai, et je me suis trouvée bien seule dans ma grande
maison. J'ai beaucoup pensé à tous ceux que je venais de quitter, et je me
suis dit qu'il serait très doux de retourner de temps en temps s'asseoir au
foyer des chers vieux amis. Je n'ose trop faire de projets, mais je tâcherai
pourtant de ne pas rester immobile dans mon désert, de peur que les oiseaux ne
s'avisent de venir faire leurs nids au milieu de ma chevelure - tu vois que je
profite de ce que j'ai lu - Allons, adieu mon cher camarade, assez bavardé
comme cela. ,Je t'embrasse fort et te serre la main de tout mon cœur. Mille
tendres souvenirs à ton aimable nièce que j'aime beaucoup, et mes compliments
bien empressés à Monsieur Commanville. Ta vieille amie
LAURE
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