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Guy de Maupassant

Carta 694
A UNA DESCONOCIDA
(original en francés)

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     [Fragmento]
[¿1891?]

      ... Hace tanto calor en este momento bajo el sol que llena mis ventanas. ¿Por qué no me rindo completamente a la alegría de este bienestar? Ciertos perros que ladran expresan muy bien este estado. Es un quejido lamentable que no se dirige a nadie, que no va a ninguna parte, que no dice nada y que no deja en las noches el grito de angustia encadenada que me gustaría poder emitir. Si pudiese gemir como ellos, me iría en ocasiones, con frecuencia, a una gran planicie o al fondo de un bosque, y ladraría de ese modo durante horas enteras, en las tinieblas. Me parece que eso me aliviaría.
      ... Mi espíritu sigue unos pequeños valles negros que me conducen a no sé donde. Se suceden y se mezclan, profundos y largos, infranqueables. Salgo de uno para entrar en otro y no puedo saber lo que habrá al final del último. Tengo miedo de que la lasitud no me permita más tarde salir de este inútil camino1...

      1 Fragmento publicado por Pol Neveux (prefacio, edición Conard)

Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant


A UNE INCONNUE

     [Fragment]
[1891 ?]

      ... Il fait si chaud en ce moment sous le soleil qui emplit mes fenêtres ! Pourquoi ne suis-je pas tout entier au bonheur de ce bien-être ? Certains chiens qui hurlent expriment très bien cet état. C'est une plainte lamentable qui ne s'adresse à rien, qui ne va nulle part, qui ne dit rien et qui jette dans les nuits le cri d'angoisse enchaînée que je voudrais pouvoir pousser. Si je pouvais gémir comme eux, je m'en irais quelquefois, souvent, dans une grande plaine ou au fond d'un bois, et je hurlerais ainsi durant des heures entières, dans les ténèbres. Il me semble que cela me soulagerait...
      ... Mon esprit suit des vallons noirs qui me conduisent je ne sais où. Ils se succèdent et s'emmêlent, profonds et longs, infranchissables. Je sors de l'un pour entrer dans un autre et je ne prévois pas ce qu'il y aura au bout du dernier. J'ai peur que la lassitude ne me décide plus tard à ne pas continuer cette route inutile1...

      1 Fragment publié par Pol Neveux (préface, édition Conard).

Puesto en formato html por Thierry Selva:  http://maupassant.free.fr/