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Chalet
de el Isère
Carretera de Grasse, Cannes,
[noviembre de 1891[
Señorita,
Veo que usted se enfadó mucho con mi carta. De
entrada, si la he ofendido, le pido todas mis excusas. ¿Qué razón tendría yo
en el mundo para creer que usted no es una muchacha como Dios manda? Yo no sé
nada de usted. He creído que usted era un joven que quería divertirse un poco
a mi costa.
En cuanto a mi fotografía, como permito exponerla y
venderla, yo se la he enviado como hago con otras muchas personas que me son
desconocidas, como usted. Confiese, en verdad, que es más bien un cumplido,
habiéndome divertido su carta. Yo digo que no muestro nada de mi vida; desde el
momento en que estoy en el mundo, y a donde tengo necesidad de ir, no oculta mi
persona. ¿Por qué iba a ocultarla? Me reservo tanto como me es posible y
permanezco en un solo medio con incursiones en otros. Es necesario ver y
conocer.
Esto no tenía nada personal. No he creído ni un
segundo que usted vendría a mi encuentro, si nosotros nos encontrásemos jamás
sería cara a cara. He pensado, al contrario, que usted quería intrigarme y no
conocerme. Busco en ser muy claro acerca de todos los puntos para no tener
apariencia de huraño. No lo soy en la vida. Creo incluso que nadie lo es menos
que yo. Pero soy ante todo un observador. Lo que me divierte, lo examino. Lo que
me parece insignificante, lo deshecho
educadamente. ¿Acaso no es esa
una conducta muy normal y cortés?
No se enfade entonces, Señorita. Le envío mis
solícitos homenajes y si nunca nos encontramos, le pediré permiso para firmar
con mi simple apellido, como se hace por un aficionado desconocido, esta nota
que usted ha arrugado. Firmo muchos volúmenes de este modo, a toda petición,
sin que se sepa la razón.
GUY DE MAUPASSANT
Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant
Chalet de l'Isère,
Route de Grasse, Cannes,
[novembre 1891].
Mademoiselle,
Je vois que vous avez été fort irritée par ma lettre.
D'abord si je vous ai blessée, je vous en fais toutes mes excuses. Quelle
raison au monde aurais-je de croire que vous n'êtes pas une jeune fille comme
il faut ? Je ne sais rien de vous. J'ai cru que vous étiez une jeune fille qui
vouliez vous amuser un peu à mes dépens.
Quant à ma photographie, comme je permets de l'exposer
et de la vendre, je vous l'ai envoyée comme je fais à beaucoup d'autres
personnes inconnues de moi, comme vous. Avouez, en vérité, que c'est là
plutôt une politesse, votre lettre m'ayant amusé. Je dis que je ne montre rien
de ma vie ; du moment que je vais dans le monde où j'ai besoin d'aller, je ne
cache pas ma personne. Pourquoi la cacherais-je ? Je me garde autant que
possible et je demeure dans un seul milieu avec des incursions en d'autres. Il
faut tout voir et tout connaître.
Cela n'avait rien de personnel. Je n'ai pas cru
une seconde que vous viendriez à ma rencontre, si nous nous trouvions jamais en
face l'un de l'autre. J'ai pensé au contraire que vous vouliez m'intriguer et
ne vous pas faire connaître. Je cherche à être très clair sur tous les
points pour n'avoir pas l'air bourru. Je ne le suis pas dans la vie. Je crois
même que personne ne l'est moins que moi. Mais je suis avant tout un regardeur.
Ce qui m'amuse, je l'examine. Ce qui me paraît insignifiant, je m'en écarte
poliment. Est-ce pas là une conduite très normale et courtoise ?
Ne soyez donc pas fâchée, Mademoiselle. Je vous
envoie mes hommages empressés et si jamais nous nous rencontrons, je vous
demanderai la permission de signer de mon simple nom, comme on fait pour un
amateur inconnu, cette carte qui vous a froissée. Je signe beaucoup de volumes
ainsi, à toute demande, sans qu'on sache pour qui.
GUY DE MAUPASSANT
Puesto en formato html por Thierry Selva: http://maupassant.free.fr/