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MINISTERIO DE LA MARINA
Y DE LAS COLONIAS
París, sábado [1877]
Dos palabras solamente, mi querida madre, para contarte una conversación que he
tenido ayer noche. Venía de ver a mi padre que me había hablado de la visita
del Doctor Lacronique y de lo que éste le había dicho. Como tenía que habar
con Suzanne Lagier, he ido a su casa y allí encontré al Doctor Duplay. Le
hablé de tí y le detalle todos los síntomas de tu enfermedad. El me dijo:
«Yo no veo dentro que indique una enfermedad orgánica grave, sin embargo hace
falta intentar frenarla inmediatamente, porque podrían producirse secuelas que
no se podrían combatir enseguida. El sulfato de quinina no podra aportar
alivio, pero la idea que ha tenido el doctor Lacronique me parece muy lógica y
mientras no se pruebe lo contrario, creo en la presencia de la tenia. MIentras
se oculta de ciertas maneras, no se rinde nunca, porque los anillos que se
sueltan son digeridos por el estómago. Pero quizás sea demasiado larga para
expulsar.» Yo he acabado por compartir esta creencia, máxime cuando Hervé la
ha tenido y que el podría tenerla de tí, aun después de mucho tiempo.
Cinco, de cada diez veces, la tenia no presenta
ningún rastro, se presenta en forma de todas las enfermedades y especialmente
de las enfermedades nerviosas, del estómago y del corazón. Los síntomas son
tan diversos y tan cambiantes que confunden a todos los médicos. Estos cambios
de síntomas son debidos a los desplazamientos del animal. El apetito en lugar
de ser excesivo, como se pretende, es con frecuencia nulo. Las apariencias tan
incomprensibles de tu enfermedad indican casi con seguridad para los dos
médicos citados la existencia de esta bestia, que hasta aquí habría
disimulado su presencia. Habla de esto a Paul Fidelin, te lo ruego. Se tiene
alguna vez tratado durante diez o quince años enfermedades de las que los
médicos no reconocen la causa o no quieren verla, que se tienen curado en tres
meses con potentes vermicidas.
Estoy muy contento de que Hervé sea por fin
suboficial. Su vida va a cambiar por completo y será más soportable ahora. Es
para él una diferencia total.
Trabajo en este momento, mucho en mi novela. Pero
es tremendamente dificil, sobre todo por la localización de cada cosa y las
transiciones. En fin, en cuatro o cinco meses estará bastante adelantada. No
estoy mal en este momento; creo que es el efecto de los baños de vapor que
continúo tomando los dos días, sin que me cansen lo más mínimo. En mi
última carta a Flaubert, le he pedido si podría venir a Étretat, pero no he
tenido todavía respuesta.
Adiós, mi querida madre, te abrazo con todas mis
fuerzas y de todo corazón. Saludos a Cramoysan1 y a los buenos.
Tu hijo
GUY DE MAUPASSANT
1. Cramoysan, hombre de confianza de la señora de Maupassant para su casas de
los Verguies.
Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant
MINISTÈRE
DE LA MARINE
ET DES COLONIES
Paris, ce samedi [1877].
Deux mots seulement, ma chère mère, pour te raconter une conversation que j'ai
eue hier soir. Je venais de voir mon père qui m'avait parlé de la visite du
Docteur Lacronique et de ce qu'il lui avait dit. Comme j'avais à parler à
Suzanne Lagier, j'ai été chez elle et j'y ai rencontré le Docteur Duplay. Je
lui ai parlé de toi et raconté avec tous les détails possibles chaque
symptôme de ta maladie. Il m'a dit : « Je ne vois là-dedans rien qui indique
une maladie organique grave, cependant il faut aviser à enrayer immédiatement,
parce qu'il pourrait se produire des accidents qu'on ne pourrait plus combattre
ensuite. Le sulfate de quinine ne pourra qu'apporter du soulagement, mais
l'idée qu'a eue le docteur Lacronique me semble fort logique et, jusqu'à
preuve du contraire, je crois à la présence du ténia. Lorsqu'il est placé de
certaines façons, on n'en rend jamais, parce que les anneaux qui se détachent
sont digérés par l'estomac. Mais il peut être fort long à déloger. » J'ai
fini par partager cette croyance, d'autant plus qu'Hervé l'a eu et qu'il
pouvait le tenir de toi, chez qui il existerait depuis fort longtemps.
Le ténia, dont, cinq fois sur dix, on ne voit
aucune trace, affecte les formes de toutes les maladies et spécialement des
maladies nerveuses, de l'estomac et du cœur. Les symptômes sont si divers et
si changeants qu'ils déroutent tous les médecins. Ces changements de
symptômes sont dus aux déplacements de l'animal. L'appétit au lieu d'être
excessif, comme on le prétend, est souvent nul. Les apparences si
incompréhensibles de ta maladie indiquent presque sûrement pour les deux
médecins sus-nommés l'existence de cette bête, qui jusqu'ici aurait
dissimulé sa présence. Parle de cela à Paul Fidelin, je t'en prie. On a
quelquefois traité pendant dix ou quinze ans des malades dont les médecins ne
reconnaissaient pas l'affection, ou ne voulaient pas la voir, qu'on a guéris en
trois mois avec des vermifuges énergiques.
Je suis joliment content qu'Hervé soit enfin sous-officier. Sa vie va être
toute changée et fort supportable maintenant. C'est pour lui une différence du
tout au tout.
Je travaille en ce moment beaucoup à mon roman.
Mais c'est rudement difficile, surtout pour la mise en place de chaque chose et
les transitions. Enfin dans quatre ou cinq mois je serai bien avancé. Je ne
vais pas mal en ce moment ; je crois que c'est l'effet des bains de vapeur que
je continue à prendre tous les deux jours, sans qu'ils me fatiguent le moins du
monde. Dans ma dernière lettre à Flaubert, je lui ai demandé s'il pourrait
venir à Étretat, mais je n'ai pas encore eu de réponse.
Adieu, ma bien chère mère, je t'embrasse de
toute ma force et de tout mon cœur. Bien des choses à Cramoysan1 et aux bonnes.
Ton
fils,
GUY DE MAUPASSANT
1 Cramoysan, homme de confiance de Mme de Maupassant, pour sa maison des
Verguies.
Puesto en formato html por Thierry Selva: http://maupassant.free.fr/