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Chalet
del Isère, Cannes
[noviembre-diciembre 1891].
Mi querido amigo,
Me he sentido mejor ayer y le he enviado un
despacho urgente, pero he pasado una espantosa noche de descomposición
cerebral, mi cerebro estaba afectado de un horrible dolor. El sudor fluía por
la frente como una fuente; esta mañana me he caído en la escalera y luego en
mi jardín. He adelgazado unos 10 kilos después de ocho días.
Escribiéndole mi frente vuelve a sudar y mi
cabeza me devuelve palabras sin sentido. El aire de aquí, cargado de sal, es
sin duda la causa de este agravamiento, pues desde que he llegado los trastornos
han aumentado día a día, y siento que me respiración salada es la causa, un
constante agravante de la creciente excitación de los trastornos del cerebro.
He preguntado a Daremberg si eso no era un
ablandamiento cerebral producido por los lavados. Me ha dicho que el
ablandamiento era siempre ignorado por el loco, mientras que yo siento, razono
muy bien lo que tengo. Este síntoma, por otra parte, data del tercer día de
los lavados pero pareció atenuarse cuando dejé París. Aquí se ha vuelto
terrible.
He descubierto ayer, día de odiosos
sufrimientos, que todo mi cuerpo, carne y piel, estaban impregnados de sal.
Tengo unos trastornos o mejor dicho unos dolores terribles por culpa de todo lo
que entra en mi estómago y además unos desoladores desarreglos de cabeza y del
pensamiento. Más saliva - la sal ha secado toda, pero una odiosa masa
salada me gotea de los labios. Creo que es el comienzo de la agonía. Mis
dolores de cabeza son tan fuertes que la estrecho entre mis manos y me parece
que es la cabeza de un muerto.
Algunos perros que aúllan expresan muy bien mi
estado. Es una lamentable queja que no se dirige a nada, que no va a ninguna
parte, que no dice nada y que arroja en las noches, el grito de angustia
encadenado que me gustaría poder poseer... Si pudiese gemir como ellos, iría
con frecuencia a una gran llanura o al fondo de un bosque y aullaría así,
durante horas enteras, en las tinieblas. Con el cerebro agotado y vivo todavía,
no puedo escribir. No veo. Es el desastre de mi vida...
Pero usted sabe también que mal me sientan los climas
en febrero. Hará falta reflexionar mucho. Haré lo que se me diga, Le estrecho
la mano.
GUY DE MAUPASSANT
Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant
Chalet
de l'Isère, Cannes
[novembre-décembre 1891].
Mon cher ami,
Je me suis senti mieux hier et je vous ai
envoyé une dépêche rassurante, mais j'ai passé une nuit de détraquement
cérébral épouvantable, mon cerveau haletait d'une douleur horrible. La sueur
coulait du front comme d'une source ce matin je suis tombé dans mon escalier et
tantôt dans mon jardin. J'ai maigri de 10 kilos depuis huit jours.
En vous écrivant mon front se remet à suer et
ma tête me répète des mots sans suite. L'air d'ici chargé de sel est sans
doute cause de cette aggravation car depuis que j'y suis arrivé les accidents
ont augmenté de jour en jour, et je sens que ma respiration salée est cause,
une raison constamment aggravante de l'excitation croissante des troubles du
cerveau.
J'ai demandé à Daremberg si ce n'était
pas du ramollissement cérébral produit par les lavages. Il m'a dit que le
ramollissement était toujours ignoré du fou, tandis que je sens, que je
raisonne très bien ce qui m'arrive. Cet accident d'ailleurs date du troisième
jour des lavages mais il semblait s'atténuer quand j'ai quitté Paris. Ici il
devient terrible.
J'ai découvert hier, jour de souffrances
odieuses, que tout mon corps, chair et peau, étaient imprégnés de sel. J'ai
des accidents ou plutôt des douleurs terribles pour tout ce qui entre dans mon
estomac et alors des accidents désolants de la tête et de la pensée. Plus de
salive - le sel a tout séché mais une pâte odieuse et salée qui me coule des
lèvres. Je crois que c'est le commencement de l'agonie. Mes douleurs de tête
sont si fortes que je la serre entre mes deux mains et il me semble que c'est
une tête de mort.
Certains chiens qui hurlent expriment très bien
mon état. C'est une plainte lamentable qui ne s'adresse à rien, qui ne va
nulle part, qui ne dit rien et qui jette dans les nuits, le cri d'angoisse
enchaînée que je voudrais pouvoir pousser... Si je pouvais gémir comme eux,
je m'en irais quelquefois, souvent, dans une grande plaine ou au fond d'un bois
et je hurlerais ainsi, durant des heures entières, dans les ténèbres. Le
cerveau usé et vivant encore, je ne peux pas écrire. Je n'y vois plus. C'est
le désastre de ma vie...
Mais vous savez aussi quel mal me font les
climats février. Il faudra réfléchir beaucoup. Je ferai ce qu'on me dira. Je
vous serre la main.
GUY DE MAUPASSANT
Puesto en formato html por Thierry Selva: http://maupassant.free.fr/