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Marie Bashkirtseff

Carta 802 
DE MARIE BASHKIRTSEFF
A MAUPASSANT

(Original en francés)

Guy de Maupassant Carta siguiente: 803

    14 de junio de 1884

      Al señor Guy de Maupassant.
      Comprendo su desconfianza. Es poco probable que una mujer como es debido, joven y bonita, se divierta escribiéndole. ¿Es eso?. Pero señor... Vamos, iba a olvidar que esto acabó entre nosotros.     
      Creo que usted se equivoca. Estoy todavía en condiciones de decírselo pues voy a dejar de ser interesante, si es que lo he sido alguna vez. Verá usted como.
      Me pongo en su lugar: "Una desconocida aparece en el horizonte, si la aventura es fácil ella me repugna; si no hay nada que hacer, ella es inútil y me aburre".
      No tengo la dicha de estar entre ambos tipos de mujer y se lo advierto muy gentilmente puesto que hemos hecho las paces.
      Encuentro muy divertido decirle simplemente la verdad mientras usted imagina que yo me burlo.
      Yo no frecuento el mundo republicano, aun siendo republicana roja.
      De todos modos yo no quiero verle.
      Y usted...¿No quiere un poco de fantasía en medio de sus perrerías parisinas?¿No desea una amistad intangible? No rehuso verle y voy incluso a prepararme para ello sin advertirle. Si usted sabe que se le mira a propósito, tal vez habría podido adaptar una actitud tonta. Es necesario evitar esto. Su envoltura terrestre me es indiferente, bien, pero ¿y la mía a usted? Imagine que tiene el mal gusto de no encontrarme maravillosa, ¿cree que estaría contenta por muy puras que sean mis intenciones? Un día, no digo cuando, cuento incluso con asombrarle un poco.
      Espero que si esto le cansa, no nos escribamos más. Me reservo no obstante el derecho de escribirle aun cuando me pasen atrocidades por la cabeza.
      Usted me desafía, es natural. Pues bien, voy a darle un remedio de portera para asegurarle de que no soy una. Vaya a una vidente y dele a oler mi carta; ella le dirá mi edad, el color de mis cabellos, todo lo que me rodea, etc. Usted escribirá lo que ella le habrá revelado...
      ¡Aburrimiento, farsa, miseria!... ¡Ah! señor, es perfectamente lógico, incluso para mi. Pero en mi es porque deseo cosas grandiosas que no tengo...todavía. Lo suyo debe serlo también por el mismo motivo.
      No es tan sencillo preguntarle cual es su sueño secreto, aunque mi enfermedad me provoca un candor a lo Chérie. ¡Que ingenuo este viejo japonés naturalista con peluca estilo Luis XV!
      Entonces usted piensa que después de haber escrito, nada es más simple que decir: "¿soy yo?. Le aseguro que me disgusta mucho... Se dice que a usted no le gustan más que las mujeres fuertes y morenas. ¿Es cierto?
      ¿Vernos? Déjeme conquistarle con mi ... literatura; ¡usted lo ha hecho!

      Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant


DE MARIE BASHKIRTSEFF
A MAUPASSANT

[14 Juin 1884.]

      A M. Guy de Maupassant.
      Je comprends vos défiances. Il est peu probable qu'une femme comme il faut, jeune et jolie, s'amuse à vous écrire. Est-ce ça ? Mais Monsieur... Allons, j'allais oublier que c'est fini nous deux. Je crois que vous vous trompez. Et je suis encore bonne de vous le dire car je vais cesser d'être intéressante, si je l'ai jamais été. Vous allez voir comment.
      Je me mets à votre place : « Une inconnue se dessine à l'horizon ; si l'aventure est facile elle me répugne ; si il n'y a rien à faire, elle est inutile et m'ennuie ».
      Je n'ai pas le bonheur d'être entre les deux et je vous en avertis très gentiment puisque nous avons fait la paix.
      Ce que je trouve très drôle, c'est de vous dire simplement la vérité pendant que vous vous imaginez que je vous mystifie.
      Je ne vais pas dans le monde républicain, bien que républicaine rouge.
      Mais non, je ne veux pas vous voir.
      Et vous, vous ne voulez donc pas d'un peu de fantaisie au milieu de vos saletés parisiennes ? Pas d'amitié impalpable ? Je ne refuse pas de vous voir et je vais même m'arranger pour cela sans vous en prévenir. Si vous saviez qu'on vous regarde exprès vous auriez peut-être l'air bête. Il faut éviter ça. Votre enveloppe terrestre m'est indifférente, bien ; mais la mienne à vous ? Mettez que vous ayez le mauvais goût de ne pas me trouver merveilleuse, croyez-vous que je serais contente, quelque pures que soient mes intentions ? Un jour, je ne dis pas, - je compte même vous étonner un peu ce jour-là.
      En attendant, si cela vous fatigue, ne nous écrivons plus. Je me réserve pourtant le droit de vous écrire lorsqu'il me passera des atrocités par la tête.
      Vous vous défiez, c'est très naturel. Eh bien, je vais vous donner un moyen de concierge pour vous assurer que je n'en suis pas une. Ne riez pas seulement. Allez chez une somnambule et faites-lui flairer ma lettre ; elle vous dira mon âge, la couleur de mes cheveux, ce qui m'entoure, etc. Vous écrirez ce qu'elle aura révélé...
      Ennui, farce, misère !... Ah ! Monsieur, c'est parfaitement juste, même pour moi. Mais moi, c'est parce que je veux des choses énormes que je n'ai pas... encore. Vous, ce doit être pour le même motif.
      Pas assez simple pour vous demander quel est votre rêve secret, bien que ma maladie m'ait refait une candeur à la Chérie. Quel naïf que ce vieux Japonais naturaliste en perruque Louis XV !
      Alors vous pensez qu'après avoir écrit, rien n'est plus simple que de venir dire : c'est moi ? Je vous assure que ça me gênerait beaucoup... On dit que vous n'appréciez que les fortes femmes aux cheveux noirs. C'est vrai ?
      Nous voir ? Laissez-moi donc vous charmer par ma... littérature ; vous y êtes bien arrivé, vous !

Puesto en formato html por Thierry Selva:  http://maupassant.free.fr/