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A SU PADRE
(Original en francés)

Gustave de Maupassant Carta Siguiente: 12

     Étretat, viernes 1871

      Querido padre:
      He recibido tu carta y me dispongo a responder. Si se puede todavía conseguir yo no pido más que entrar en el Ministerio de mi primo de Passy. Tu verás lo que ganaré entrando. Ahora bien,  si yo no puedo conseguirlo, me gustaría mucho más estar en París que en Rouen, pero hay dos hechos a considerar. En primer lugar mi madre está muy asustada con la idea de que pase este verano en París, a causa de los miles de muertos enterrados alrededor de esta ciudad que pueden hacer brotar el cólera. Es lo que los médicos han dicho, pero a mi esto no me parece muy significativo. Luego está la cuestión del dinero. Mi enfermedad1 me ha costado muy cara y me queda para mis seis meses de verano 600 francos más 150 francos de suelo que asciende todo a 750 francos, lo que es poco. En Rouen estoy alojado en casa de mi abuelo, justamente aquí él ha querido alimentarme a cambio de nada. Si vuelvo a Rouen le pagaré una pensión, como debe ser, aunque esto no me costará caro - Yo no lo quiero gratis - si voy a Paris, he de estar encuartelado, he visto bastantes cuarteles espantosos y quiero una habitación.  He aquí las únicas objeciones que puedo hacer, por lo demás todas son ventajas yendo a París - podré trabajar mi Derecho y pasar mi primer examen en septiembre y hacer enseguida mi segundo año tranquilamente - todo estando de soldado, pero si pudiese conseguir, admitamos que gane 1500 francos en el ministerio, tengo 1600 francos de pensión, esto me supondrían 3100 francos que sería muy generoso - míralo así - aunque creo que de todas formas tendría una gran ventaja en París. Quedan las cuestiones de salubridad y dinero.
      No he sido hecho prisionero por los prusianos - estamos replegados ante ellos en Rouen - he quedado en la retaguardia para llevar unas órdenes del intendente al general - además he hecho durante la noche 15 leguas a pie - algunos jinetes prusianos nos han perseguido un poco - en Pont-au-de-Mer todas las casas están llenas de soldados y me vi obligado a dormir en una cueva - sin abrigo, para no quedarme fuera con un frío de diez grados bajo cero.
      Adiós querido padre, hasta pronto, espero. Te abrazo de todo corazón, Hervé hace otro tanto, los d'Harnois también. Un buen apretón de manos de mi madre.
     

Tu hijo
Guy de Maupassant
Se dice que el cólera2 llegará a París en breve

1 ¿De qué enfermedad habla? Su madre ha comentado un mal de garganta, pero la evidencia nos conduce a otra cosa. No se puede impedir pensar en la sífilis.
2 Parece que Laure había comunicado a su hijo su obsesión por la enfermedad. A propósito del cólera, él escribe: « Vamos, se siente bien que esta aquí. Y no es el miedo a una enfermedad que alarma a estas personas. El cólera es otra cosa, es invisible, es una plaga de antaño, de tiempos pasados, una especie de espíritu maléfico que regresa y nos rodea tanto que nos aterroriza, pues aparece, junto con la desaparición de las épocas »

Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant


A SON PÈRE

     Étretat ce Vendredi [1871]

      Mon cher père
      J'ai reçu ta lettre et je m'empresse d'y répondre. Si on peut encore se racheter je ne demande pas mieux que d'entrer dans le Ministère de mon cousin de Passy. Tu verrais ce que je gagnerais en entrant. D'un côté si je ne puis me racheter, il vaudrait beaucoup mieux pour moi être à Paris qu'à Rouen, mais il y a deux choses à considérer. D'abord ma mère est très effrayée à l'idée que je passerai cet été à Paris, à cause des milliers de morts enterrés autour de cette ville gui peuvent y déterminer le choléra. Vois ce que les médecins en diront, moi je ne crois pas que cela signifie grand'chose. Ensuite vient la question d'argent. Ma maladie1 m'ayant coûté très cher il me reste pour mes six mois d'été 600 F plus 150 F de solde en tout 750 F et c'est peu. A Rouen je suis logé chez mon grand-père, jusqu'ici il a voulu absolument me nourrir pour rien. Si je retourne à Rouen je lui payerai pension bien entendu mais cela ne me coûtera pas cher - Et je ne veux pour rien - si je vais à Paris, être caserné, j'ai vu assez de casernes c'est épouvantable je veux une chambre. Voici les deux seules objections que je puisse faire, outre cela j'ai tout avantage à aller à Paris - je pourrai travailler mon droit passer mon premier examen en septembre et faire ensuite ma seconde année tranquillement - tout en étant soldat, mais si je pouvais me racheter, admettons que je gagne 1500 F au ministère, j'ai 1600 F de pension, cela me ferait 3100 F ce qui serait très gentil - vois tout cela - je crois que de toutes façons j'aurais grand avantage à Paris. Restent les questions de salubrité et d'argent.
      Je n'ai pas failli être pris par les Prussiens - nous nous sommes repliés devant eux à Rouen - je suis resté à l'extrême arrière garde pour porter des ordres de l'intendant au général - puis j'ai fait dans la nuit 15 lieues à pied - quelques cavaliers prussiens nous ont poursuivis mais très peu - à Pont-au-de-Mer toutes les maisons étant pleines de soldats, j'ai été obligé de coucher dans une cave - sans couverture, pour ne pas rester dehors par un froid de dix degrés au dessous de zéro.
      Adieu cher père, à bientôt j'espère. Je t'embrasse de tout cœur, Hervé en fait autant, les d'Harnois aussi.
      Bonne poignée de main de ma mère,

      ton fils
      Guy de Maupassant

      On dit que le choléra2 sera à Paris incessamment

      1 De quelle maladie s'agit-il ? Sa mère a évoqué un mal de gorge, mais, à l'évidence, il s'agit d'autre chose. On ne peut s'empêcher de penser à la syphilis.
      2 Il semble que Laure ait communiqué à son fils sa hantise de la maladie. A propos du choléra, il écrit : « Allez, on sent bien qu'il est là. Et ce n'est pas la peur d'une maladie qui affole ces gens. Le choléra, c'est autre chose, c'est l'invisible, c'est un fléau d'autrefois, des temps passés, une sorte d'esprit malfaisant qui revient et qui nous entoure autant qu'il nous épouvante, car il appartient, semble-t-il, aux âges disparus. »

Puesto en formato html por Thierry Selva. http://maupassant.free.fr