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Étretat, viernes 1871
Querido padre:
He recibido tu carta y me dispongo a responder.
Si se puede todavía conseguir yo no pido más que entrar en el Ministerio de mi
primo de Passy. Tu verás lo que ganaré entrando. Ahora bien, si yo no
puedo conseguirlo, me gustaría mucho más estar en París que en Rouen, pero
hay dos hechos a considerar. En primer lugar mi madre está muy asustada con la
idea de que pase este verano en París, a causa de los miles de muertos
enterrados alrededor de esta ciudad que pueden hacer brotar el cólera. Es lo
que los médicos han dicho, pero a mi esto no me parece muy significativo. Luego
está la cuestión del dinero. Mi enfermedad1 me ha costado muy cara
y me queda para mis seis meses de verano 600 francos más 150 francos de suelo
que asciende todo a 750 francos, lo que es poco. En Rouen estoy alojado en casa
de mi abuelo, justamente aquí él ha querido alimentarme a cambio de nada. Si
vuelvo a Rouen le pagaré una pensión, como debe ser, aunque esto no me
costará caro - Yo no lo quiero gratis - si voy a Paris, he de estar
encuartelado, he visto bastantes cuarteles espantosos y quiero una
habitación. He aquí las únicas objeciones que puedo hacer, por lo
demás todas son ventajas yendo a París - podré trabajar mi Derecho y pasar mi
primer examen en septiembre y hacer enseguida mi segundo año tranquilamente -
todo estando de soldado, pero si pudiese conseguir, admitamos que gane 1500
francos en el ministerio, tengo 1600 francos de pensión, esto me supondrían
3100 francos que sería muy generoso - míralo así - aunque creo que de todas
formas tendría una gran ventaja en París. Quedan las cuestiones de salubridad
y dinero.
No he sido hecho prisionero por los prusianos -
estamos replegados ante ellos en Rouen - he quedado en la retaguardia para
llevar unas órdenes del intendente al general - además he hecho durante la
noche 15 leguas a pie - algunos jinetes prusianos nos han perseguido un poco -
en Pont-au-de-Mer todas las casas están llenas de soldados y me vi obligado a
dormir en una cueva - sin abrigo, para no quedarme fuera con un frío de diez
grados bajo cero.
Adiós querido padre, hasta pronto, espero. Te
abrazo de todo corazón, Hervé hace otro tanto, los d'Harnois también. Un buen
apretón de manos de mi madre.
Tu
hijo
Guy de Maupassant
Se dice que el cólera2 llegará a París en breve
1
¿De qué enfermedad habla? Su madre ha comentado un mal de garganta, pero la
evidencia nos conduce a otra cosa. No se puede impedir pensar en la sífilis.
2 Parece que Laure había comunicado a su hijo su obsesión por la enfermedad. A
propósito del cólera, él escribe: « Vamos, se siente bien que esta aquí. Y
no es el miedo a una enfermedad que alarma a estas personas. El cólera es otra
cosa, es invisible, es una plaga de antaño, de tiempos pasados, una especie de
espíritu maléfico que regresa y nos rodea tanto que nos aterroriza, pues
aparece, junto con la desaparición de las épocas »
Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant
Étretat
ce Vendredi [1871]
Mon cher père
J'ai reçu ta lettre et je m'empresse d'y
répondre. Si on peut encore se racheter je ne demande pas mieux que d'entrer
dans le Ministère de mon cousin de Passy. Tu verrais ce que je gagnerais en
entrant. D'un côté si je ne puis me racheter, il vaudrait beaucoup mieux pour
moi être à Paris qu'à Rouen, mais il y a deux choses à considérer. D'abord
ma mère est très effrayée à l'idée que je passerai cet été à Paris, à
cause des milliers de morts enterrés autour de cette ville gui peuvent y
déterminer le choléra. Vois ce que les médecins en diront, moi je ne crois
pas que cela signifie grand'chose. Ensuite vient la question d'argent. Ma
maladie1 m'ayant coûté très cher il me reste pour mes six mois d'été 600 F
plus 150 F de solde en tout 750 F et c'est peu. A Rouen je suis logé chez mon
grand-père, jusqu'ici il a voulu absolument me nourrir pour rien. Si je
retourne à Rouen je lui payerai pension bien entendu mais cela ne me coûtera
pas cher - Et je ne veux pour rien - si je vais à Paris, être caserné, j'ai
vu assez de casernes c'est épouvantable je veux une chambre. Voici les deux
seules objections que je puisse faire, outre cela j'ai tout avantage à aller à
Paris - je pourrai travailler mon droit passer mon premier examen en septembre
et faire ensuite ma seconde année tranquillement - tout en étant soldat, mais
si je pouvais me racheter, admettons que je gagne 1500 F au ministère, j'ai
1600 F de pension, cela me ferait 3100 F ce qui serait très gentil - vois tout
cela - je crois que de toutes façons j'aurais grand avantage à Paris. Restent
les questions de salubrité et d'argent.
Je n'ai pas failli être pris par les Prussiens -
nous nous sommes repliés devant eux à Rouen - je suis resté à l'extrême
arrière garde pour porter des ordres de l'intendant au général - puis j'ai
fait dans la nuit 15 lieues à pied - quelques cavaliers prussiens nous ont
poursuivis mais très peu - à Pont-au-de-Mer toutes les maisons étant pleines
de soldats, j'ai été obligé de coucher dans une cave - sans couverture, pour
ne pas rester dehors par un froid de dix degrés au dessous de zéro.
Adieu cher père, à bientôt j'espère. Je
t'embrasse de tout cœur, Hervé en fait autant, les d'Harnois aussi.
Bonne poignée de main de ma mère,
ton fils
Guy de Maupassant
On dit que le choléra2 sera à Paris
incessamment
1 De quelle maladie s'agit-il ? Sa mère a évoqué un mal de gorge, mais, à
l'évidence, il s'agit d'autre chose. On ne peut s'empêcher de penser à la
syphilis.
2 Il semble que Laure ait communiqué à son fils
sa hantise de la maladie. A propos du choléra, il écrit : « Allez, on sent
bien qu'il est là. Et ce n'est pas la peur d'une maladie qui affole ces gens.
Le choléra, c'est autre chose, c'est l'invisible, c'est un fléau d'autrefois,
des temps passés, une sorte d'esprit malfaisant qui revient et qui nous entoure
autant qu'il nous épouvante, car il appartient, semble-t-il, aux âges disparus.
»
Puesto en formato html por Thierry Selva. http://maupassant.free.fr