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Guy de Maupassant

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A SU MADRE
(original en francés)

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        He visto a Sarah Bernhardt, querida madre, y la he encontrado muy amable, incluso demasiado, pues me ha anunciado, en el momento en el que yo me iba, que presentaría mi drama a Perrin y que haría lo posible para obtener una carta de él. Resulta que al día siguiente supe que Flaubert había llevado la obra al susodicho Perrin y temo que Sarah Bernhardt, rompiéndose la nariz con su director, se enfurezca conmigo. En fin, trataré de verla mañana para explicarle la situación. No podía esperar que ella intentará esta gestión. De todos modos, cuando ella me dijo esto, no había leído más que el primer acto de mi drama. ¿Lo había leído ella misma? En fin, que lo conozca o no, me dio la impresión de que estaba encantada. Esto es como el tintero, es imposible saber lo que saldrá. ¿Es una alegría o una desgracia que la obra haya sido presentada por Flaubert? Ya lo veremos. Hablando de Flaubert, ha estado un poco torpe para mis intereses. Yo habría podido ser nombrado segundo bibliotecario de la Escuela de Bellas Artes, los emolumentos no habrían sido mucho más elevados  que los que tengo en este momento en el ministerio; pero la posición es moralmente superior, estaría libre y tendría cada año vacaciones desde el 1 de agosto al 1 de octubre. A pesar de mis afirmaciones, el ha creído la cosa imposible, ha esperado, dudado, y la hierba ha sido cortada bajo nuestros pies. Cuando se trata de cuestiones prácticas, este querido Maestro no sabe como tratarlas, pide platónicamente y nunca con efectividad, no insiste bastante y sobre todo no sabe elegir el momento. En fin, se ha engañado con lo que más conviene, y espero que esté más afortunado en otra ocasión.
      Voy a mandarte por el ferrocarril a tu dirección (portes pagados) el miércoles o jueves próximos, un paquete de camisas, de las que las pecheras están usadas, y unas pecheras nuevas. Aquí se me pide una cantidad enorme para arreglarlas pues nuevas, me han costado cuatro francos setenta y cinco - te ruego que las hagas remendar a mi cargo, por Anastasie u otra - deberá hacer en las pecheras nuevas que van en el envío tres dobles ojales.
      El cuello deberá ser alargado casi un centímetro y un poco despejado  por delante - es decir, que la nueva pechera deberá subir un poco menos que la vieja, ser más acampanada. - así1 ... Cuando el trabajo esté terminado, ¿querrías enviarme las camisas por el ferrocarril? Te las pagaré en Päques.
      He recibido aviso del señor de Longperrir de que no tengo que ocuparme más de tus encajes; el comité me informará por carta cuando habrá que presentarlos a su examen. Así que puedes estar tranquila en este aspecto.
      La señora Barinne, con la que he hablado largo y tendido ayer, me ha hecho una descripción de la señora Commanville, cuya conclusión me ha dejado muy asombrado - ella es, dice, incomprensible - sigue los cursos de filosofía y de metafísica, es devota y republicana, fría como el mármol, inaccesible a la mayor parte de los sufrimientos y de las pasiones, pasa horas cara a cara con el Padre Didon y otras horas ante sus modelos desnudos - es intolerante, infalible, de una razón suprema. Es tanto así que debía ser absolutamente la señora de Maintenon. Esta comparación es del todo justa. Es la señora de Maintenon.
      Trabajo encerrado en mi novela y espero que que antes del verano habré hecho una buena parte; pues tu sabes que no avanzo mucho una vez que esta estación llegue. En fin, con mucho retraso, acabaré seguramente para un día del año próximo. Quizás antes.
      Adiós querida  madre bien amada, te abrazo de todo corazón.

      Tu hijo

      GUY DE MAUPASSANT

      Saludos a todos; si tengo alguna novedad, te escribiré de inmediato.

      1. En el margen dos esquemas representan la camisa vieja y la camisa nueva indicando las modificaciones solicitadas.

 Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant


A SA MÈRE     

      J'ai vu Sarah Bernhardt, ma chère mère, et je l'ai trouvée très aimable, trop même, car elle m'a annoncé, au moment où je partais, qu'elle présenterait mon drame à Perrin et qu'elle se faisait fort de m'obtenir une lettre de lui. Or j'ai su le lendemain que Flaubert justement avait porté la pièce au susdit Perrin et je crains que Sarah Bernhardt, se cassant ainsi le nez chez son directeur, n'en revienne furieuse après moi. Enfin je tâcherai de la revoir demain pour lui expliquer la chose. Je ne pouvais espérer qu'elle tenterait elle-même cette démarche. Or, quand elle m'a dit cela, elle n'avait lu que le premier acte de mon drame. L'avait-elle même lu ? Enfin qu'elle le connût ou non, elle a eu l'air d'en être enchantée. Or, tout cela est la bouteille à l'encre et il est impossible de savoir ce qui en sortira. Est-ce un bonheur, est-ce un malheur que la pièce ait été présentée par Flaubert ? Nous verrons bien. Le susnommé Flaubert a été bien maladroit pour moi. J'aurais pu peut-être être nommé sous-bibliothécaire de l'École des Beaux Arts, les appointements n'auraient pas été beaucoup plus élevés que ceux que j'ai en ce moment au ministère ; mais la position est moralement bien supérieure, j'étais libre et j'avais chaque année un congé du 1er août au 1er octobre. Malgré mes affirmations, il a cru la chose impossible, a attendu, hésité, et l'herbe nous a été coupée sous le pied. Aussitôt qu'il s'agit de choses pratiques, ce cher Maître ne sait plus comment s'y prendre, il demande platoniquement et jamais effectivement, n'insiste pas assez et ne sait pas surtout saisir le moment. Enfin, il est dupe quoiqu'il n'en convienne pas, et j'espère qu'il sera plus heureux une autre fois.
      Je vais mettre au chemin de fer à ton adresse (port payé) mercredi ou jeudi prochain, un paquet de chemises à moi, dont les plastrons sont usés, et des plastrons neufs. On me demande ici un prix fou pour arranger ces chemises qui, neuves, m'ont coûté quatre francs soixante quinze - je te prie de les faire rafistoler à mes frais par Anastasie ou une autre - on devra faire dans les plastrons neufs joints à l'envoi trois doubles boutonnières.
      Le col devra être élargi de près d'un centimètre et peu dégagé par devant - c'est-à-dire que le nouveau plastron devra monter un peu moins haut que l'ancien, être plus évasé - soit1... Quand le travail sera terminé, tu voudras bien me renvoyer ces chemises par le chemin de fer. Je te rembourserai à Pâques.
      J'ai reçu avis de M. de Longperrier que je n'avais plus à m'occuper de tes dentelles ; le comité m'avertira par lettre quand il faudra les présenter à son examen. Ainsi sois tranquille sous ce rapport.
      Mme Brainne, avec qui j'ai longuement causé hier, m'a fait un portrait de Mme Commanville, dont la conclusion m'a beaucoup frappé - elle est, dit-elle, incompréhensible - suit les cours de physiologie et de métaphysique, est dévote et républicaine, froide comme du marbre, inaccessible à la plupart des souffrances et des passions, passe des heures en tête-à-tête avec le Père Didon et des heures en tête-à-tête avec ses modèles nus - elle est intolérante, infaillible, d'une raison suprême. C'est ainsi que devait être absolument Mme de Maintenon. Cette comparaison est absolument juste. C'est Mme de Maintenon.
      Je travaille ferme à mon roman et j'espère que j'en aurai un bon bout de fait avant l'été ; car tu sais que je n'avance plus beaucoup une fois cette saison arrivée. Enfin, avec beaucoup de retards, je finirai toujours certainement pour le jour de l'an prochain. Et peut-être aurai-je terminé bien avant.
      Adieu, chère mère bien-aimée, je t'embrasse de tout mon cœur.

Ton fils,
GUY DE MAUPASSANT

Compliments aux bonnes ; si j'avais quelque chose de nouveau, je t'écrirais immédiatement.

1 En marge deux croquis représentant la chemise vieille et la chemise neuve indiquent les modifications demandées.

 Puesto en formato html por Thierry Selva:  http://maupassant.free.fr/