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Guy de Maupassant

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A GISÈLE D'ESTOC
(original en francés)

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  Argel, martes [1881]

      Mi bella amiga, acabo de pasar quince días en las altas mesetas, en las cercanías del falaz e hipotético Bou-Amama. He visto muchos esqueletos de camellos, algunos cráneos de españoles, chacales, víboras y buitres.
      He atravesado un abominable país con cincuenta y seis grados a la sombra. He conocido la gran desesperanza blanco del desierto.
      Me he hecho quemaduras en los dedos con el cañón de mi fusil. He respirado el siroco, bebido agua podrida, dormido sobre chinches, en medio de animales que gruñían; y todo esto para convencerme de una vez por todas del embrutecimiento definitivo del hombre. Eso es todo. ¡Oh! Bou-Amama tiene un fácil plan, vaya. los caminos están libres ante él.
      Yo vuelvo por el desierto, pero en otra dirección. Voy a Laghouat. Escríbame siempre a Argel si usted tiene un minuto para mí. Sabe que no olvido nunca nada. La abstinencia prolongada me da a veces terribles ganas de sus caricias.
      El vivo recuerdo de tu cuerpo agita furiosamente mi memoria carnal.
      Encuentro aquí una veintena de periódicos que hablan de mis riñones: Figaro, National, Vingtième Siècle, etc., etc.     Decididamente los periodistas están más idiotas que nunca. Pero lo que es más estúpido es todo este público que se divierte con estos ineptos y que cree todavía en Bou-Amama.
      Mil besos mi bella amiga
      Disculpe esta breve carta, me hace falta enviar una treintena de despachos, pues yo no he encontrado mi correo al llegar aquí.

      GUY DE MAUPASSANT

  Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant


A GISÈLE D'ESTOC 

Alger, mardi [1881].

      Ma belle amie, je viens de passer quinze jours sur les hauts plateaux, dans le voisinage du fallacieux et hypothétique Bou-Amama. J'ai vu beaucoup de carcasses de chameaux, quelques crânes d'Espagnols, des chacals, des vipères et des vautours.
      J'ai traversé un abominable pays par cinquante-six degrés à l'ombre. J'ai connu le grand désespoir blanc du désert.
      Je me suis fait des brûlures au doigt sur le canon de mon fusil. J'ai respiré le siroco, bu de l'eau croupie, dormi sur des punaises, au milieu de bêtes qui grognaient ; et cela pour me convaincre une fois de plus de l'abrutissement définitif de l'homme. Voilà tout.
      Oh ! Bou-Amama a beau jeu, allez. Les voies sont libres devant lui.
      Je repars pour le désert, mais dans une autre direction. Je vais à Laghouat. Écrivez toujours à Alger si vous avez une minute pour moi. Vous savez que je n'oublie jamais rien. L'abstinence prolongée me donne parfois de terribles fringales de vos caresses.
      Le souvenir précis de ton corps agite furieusement ma mémoire charnelle.
      Je trouve ici une vingtaine de journaux qui parlent de mes reins : Figaro, National, Vingtième Siècle, etc., etc. Décidément les journalistes sont plus bêtes que jamais. Mais ce qui est plus bête que tout c'est le public qui s'amuse de ces inepties et qui croit encore à Bou-Amama.
      Mille baisers ma belle amie.
      Excusez cette courte lettre, il me faut envoyer une trentaine de dépêches car je n'ai trouvé mon courrier qu'ici en arrivant.

      GUY DE MAUPASSANT

Puesto en formato html por Thierry Selva:  http://maupassant.free.fr/