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Guy de Maupassant

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A SU MADRE
(original en francés)

Laure de Maupassant   Carta siguiente: 45

      MINISTERIO DE LA MARINA
      Y DE LAS COLONIAS

París, 3 de septiembre de 1875

      Esto se acabó, querida madre, ¡que corto ha sido! Espero, durante once largos meses, estos quince días que son mi único placer al año, y se pasan tan rápido, tan rápido, que me pregunto como es que hoy esto se ha acabado. ¿Es posible que haya ido a Étretat y que hayan pasado quince días? Me parece que nunca he dejado el ministerio y que continúo esperando estas vacaciones... que se han terminado esta mañana. Lo que ha hecho más triste mi marcha todavía, esta vez, es que me duele mucho por tí  la total soledad en la que te vas a encontrar este invierno, veo las largas veladas que pasarás sola soñando tristemente con los que estarán lejos, sueños de los que saldrás enferma y desanimada; y a menudo, seguramente, durante las interminables noches de invierno cuando esté solo trabajando en mi habitación, creeré percibirte, sentada sobre una silla baja y mirando fijamente tu fuego, como hacen las personas que piensan en en otros lugares.
Y además, a pesar del calor terrible y un cielo totalmente azul, hoy percibo el invierno por primera vez. Vengo de ver las Tullerías; los árboles no tienes hojas, y de golpe me ha llegado como una bocanada de hielo y de nieve; he pensado en las lámparas  encendidas a las tres de la tarde, en la lluvia golpeando los cristales, en el horrible frío, y todo ello durante meses y meses.
      ¡Que bueno sería vivir en un país donde siempre hubiese sol!
      Es un error escribirte de este modo todo lo que me viene a la cabeza. Tu ya estás demasiado dispuesta a verlo todo negro para que yo te entristezca todavía más con mis lamentaciones. Pero es difícil reír cuando no  se tienen ganas, y te aseguro que no tengo ganas en absoluto. El cielo está completamente azul, y sin embargo no había notado nunca hasta hoy la diferencia de luz entre Étretat y París; me parece que no veo bien, es como si tuviese un velo sobre los ojos. ¡Oh! por ejemplo, aquí hace mucho más calor. Que bien me vendría tomar un baño en el mar.
      Apesta horriblemente por todas partes; creo que la basura de tu carnicero huele bien comparada con las calles de París.
Mi jefe está mas gruñón que nunca. Es un auténtico cardo.
      Hemos calculado bien, el Día de Todos los Santos cae un lunes; podré entonces ir; pero, por desgracia, el día del año cae un sábado, de modo que podré tener tres días en lugar de cuatro, como el año anterior. Y si el año próximo no es bisiesto, caerá un domingo, con lo que no tendré más que dos días. Pero de aquí allá, tendremos todavía tiempo de regresar.
El día de hoy me parece interminable, más largo incluso que los quince días que vengo de pasar en Étretat.
      Son las cuatro y media, he llegado de la oficina a las doce y media y me parece que llevo encerrado en su interior al menos diez horas. Hoy no tengo ánimo para ir a Bezons; lo he visto de lejos, esta mañana, pasando por el puente; me ha parecido tan feo que se me han quitado las ganas de ir allí a pasar la jornada. Es la región más abierta y descubierta que conozco, y sin embargo el horizonte me ha parecido estrecho y limitado. Esta sensación de que el horizonte parece amplio y abierto me es muy querido y familiar a los ojos.

      [falta el final]

  Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant


A SA MÈRE     

MINISTÈRE DE LA MARINE
ET DES COLONIES

Paris, le 3 septembre 1875.

      C'est donc fini, ma chère mère, comme c'est court ! J'attends pendant onze mois, bien longs, ces quinze jours qui sont mon seul plaisir de l'année, et ils passent si vite, si vite, que je me demande aujourd'hui comment il se fait que cela soit fini. Est-il bien possible que je sois allé à Étretat et que j'y aie passé quinze jours ? Il me semble que je n'ai point quitté le ministère et que j'attends toujours ce congé... qui s'est terminé ce matin. Ce qui a rendu mon départ plus triste encore, cette fois, c'est que je m'effraye beaucoup pour toi de ta solitude absolue où tu vas te trouver cet hiver, je vois les longues soirées que tu passeras seule à rêver tristement à ceux qui seront loin, rêves dont tu sortiras malade et découragée ; et bien souvent, certainement, pendant les interminables soirs d'hiver quand je serai seul à travailler dans ma chambre, il me semblera t'apercevoir, assise sur une chaise basse et regardant fixement ton feu, comme font les gens qui pensent ailleurs.
     Et puis, malgré une chaleur terrible et un ciel tout bleu, je sens l'hiver aujourd'hui pour la première fois. Je viens d'apercevoir les Tuileries ; les arbres n'ont plus de feuilles, et tout à coup il m'est venu comme une bouffée de glace et de neige ; j'ai pensé aux lampes allumées à trois heures, à la pluie battant les vitres, à l'horrible froid, et cela durant des mois et des mois.
      Qu'il ferait donc bon dans un pays où il y aurait toujours du soleil !
      J'ai tort d'écrire ainsi tout ce qui me vient au cerveau. Tu n'es que trop disposée déjà à voir tout en noir pour que j'aille t'attrister encore avec mes lamentations. Mais il est difficile de rire quand on n'en a pas envie, et je t'assure que je n'en ai nullement envie.
      Le ciel est tout bleu, et cependant je n'avais jamais remarqué autant qu'aujourd'hui la différence de lumière entre Étretat et Paris ; il me semble que je n'y vois pas, c'est comme si j'avais un voile sur les yeux. Oh ! par exemple, il fait plus chaud ici et beaucoup, beaucoup. Qu'il ferait donc bon prendre un bain de mer.
      On pue horriblement partout ; je trouve que le fumier de ton boucher sent bon à côté des rues de Paris.
      Mon chef est plus grincheux que jamais. C'est un vrai chardon.
      Nous avons bien calculé, la Toussaint tombe un lundi ; je pourrai donc venir ; mais, malheureusement, le jour de l'an tombe un samedi, de sorte que je pourrai avoir trois jours au plus au lieu de quatre, comme l'année dernière. Et si l'année prochaine n'est pas bissextile, il tombera un dimanche, de sorte que je n'aurai que deux jours. Mais d'ici là nous aurons encore le temps de nous retourner.
      La journée me semble aujourd'hui d'une longueur interminable, plus longue, certes, que les quinze jours que je viens de passer à Étretat.
II est quatre heures et demie, je ne suis venu au bureau qu'à midi et demi et il me semble qu'il y a au moins dix heures que je suis enfermé là-dedans. Je n'ai, ma foi, pas le cœur d'aller à Bezons ; je l'ai vu, de loin, ce matin, en passant sur le pont ; cela m'a paru tellement laid que je n'avais aucune velléité d'aller y passer la journée. C'est le pays le plus ouvert et découvert que je connaisse, et cependant l'horizon m'en a paru étroit et borné. C'est que cet horizon-là seul paraît large et ouvert qui est familier à l'œil et cher au cœur.

[La fin manque]
 

Puesto en formato html por Thierry Selva:  http://maupassant.free.fr/