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[14
de marzo de 1891, fecha del matasellos]
calle Boccador, 24
Mi querida madre,
El apartamento que me propones parece convenirme.
Puedes entonces alquilarlo para abril. ¿Quieres que te envíe el dinero?
No te preocupes demasiado por mi salud.
Creo sencillamente que mis ojos y mi cabeza están muy cansados, y que este
invierno abominable ha hecho de mí una planta helada. Tengo buena cara. No
tengo del todo mal el vientre. Tengo necesiad de aire y de tranquilidad ante
todo.
He consultado acerca de mi estado nervisoso a un
hombre que se dice muy superior a Charcot. Joven y ya profesor y médico de los
hospitales, todos sus colegas lo halagan.
Me ha examinado durante mucho tiempo, ha
escuchado toda mi historia, luego me ha dicho: «Tiene usted todos los síntomas
de lo que se llama neurastenia (estilo Charcot, se decía antes histeria». Es
del sobreesfuerzo intelectual: la mitad de los hombres de letra y de Bolsa
están como usted. En resumen nervios, fatigados por el remo, luego por sus
trabajos intelectuales, nada más que unos nervios que alteran todo en usted;
pero la constitución física es excelente, y usted llegará muy lejos, con
problemas.
« Higiene, duchas, un clima tranquilo y caluroso
en verano, largos descansos muy profundos y solitarios. No me inquieta su
caso.»
Le repitió lo mismo a Landolt y a Cazalis. Se
llama Doctor Déjerine1. Pero estoy baldado de las neuralgias debidas
a Normandía, al Sena, y a mis malas viviendas.
Musotte va muy bien. El teatro llena su
aforo. Cuatro grupos parisinos van a partir para provincias. Hemos contratado
especialmente con Rouen, Lyon, Bordeaux, Lille. En el extranjero vamos a ser
representados en Bruselas, Berlín, Viena. En Italia, en Portugal, en Suecia, en
Dinamarca, en San Petersburgo.
El extranjero no da mucho dinero, pero ¡¡qué
publicidad!!
Hasta pronto, mi querida madre. Te abrazo con
todo mi corazón. Abrazo a Simone. Mil saludos a Marie-Thérèse.
Tu hijo,
GUY
Tengo gripe, pero se curará dentro de dos días. Ha sido muy benigna.
1 Jules Déjerine, neurólogo célebre (1849-1917)
Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant
[14 mars 1891, date de la poste]
24, rue Boccador.
Ma bien chère mère,
L'appartement que tu me proposes me paraît me
convenir. Tu peux donc l'arrêter pour avril. Veux-tu que je t'envoie de
l'argent ?
Ne t'inquiète pas trop de ma santé. Je crois
tout simplement que mes yeux et ma tête sont très fatigués, et que cet hiver
abominable a fait de moi une plante gelée. J'ai bonne mine. Je n'ai plus du
tout mal au ventre. J'ai besoin d'air et de calme avant tout.
J'ai consulté sur mon état nerveux un homme
qu'on dit très supérieur à Charcot. Jeune et déjà professeur et médecin
des hôpitaux, tous ses confrères le célèbrent.
Il m'a examiné pendant très longtemps, a
écouté toute mon histoire, puis m'a dit : « Vous avez eu tous les accidents
de ce qu'on appelle la neurasthénie (style Charcot, on disait autrefois
hystérie). C'est du surmenage intellectuel : la moitié des hommes de lettres
et de Bourse est comme vous. En somme des nerfs, fatigués par le canotage, puis
par vos travaux intellectuels, rien que des nerfs qui troublent tout chez vous ;
mais la constitution physique est excellente, et vous mènera très loin, avec
des embêtements.
« De l'hygiène, des douches, un climat calmant
et chaud en été, de longs repos bien profonds, bien solitaires. Je n'ai pas
d'inquiétudes sur vous. »
Il a répété les mêmes choses à Landolt et à Cazalis. Il s'appelle le
Docteur Déjerine1. Mais je suis perclus de névralgies dues à la Normandie, à
la Seine, et à mes mauvaises installations. La chaleur seule en vient à bout.
Musotte va très bien. Le théâtre fait le
maximum. Quatre troupes parisiennes vont partir pour la province. Nous avons
traité spécialement avec Rouen, Lyon, Bordeaux, Lille. A l'étranger nous
allons être joués à Bruxelles, Berlin, Vienne. En Italie, au Portugal, en
Suède, au Danemarck, à Saint-Pétersbourg.
L'étranger ne donne pas beaucoup d'argent, mais
quelle réclame !!
A bientôt, ma bien chère mère. Je t'embrasse
de tout mon cœur. J'embrasse Simone. Mille amitiés à Marie-Thérèse.
Ton fils,
GUY
J'ai l'influenza, mais elle se guérit depuis deux jours. Elle a été très bénigne.
1 Jules Déjerine, neurologue célèbre (1849-1917).
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