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Guy de Maupassant

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A ÉMILE ZOLA
(original en francés)

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MINISTERIO DE LA MARINA
Y DE LAS COLONIAS

París, 10 de julio de 1878

      Mi querido Maestro,
      El barco está comprado1, remolcado a tierra y casi enteramente pintado. He supervisado yo mismo todas estas operaciones para examinarlo completamente fuera del agua. Desde mi punto de vista, está muy bien. El nombre NANA está escrito a ambos lados traseros, porque el barco, como todos los caza-canarios, es puntiagudo por los dos extremos.
      El asunto del transporte ha estado lleno de dificultades. He pensado al principio en las chalanas, pero el constructor me ha desengañado, porque los marineros estropean la mitad de las embarcaciones que se les confía. Además, quedan expuestos sobre el puente, al sol, fuera del agua, durante dos días por lo menos que dura el viaje. Es esto es suficiente, por el calor que estamos padeciendo, para agrietarlo de un lado al otro, una o dos veces.
      He buscado a un pescador para conducirlo. Me ha pedido 20 francos, lo que me ha parecido exagerado.
Entonces vea como lo he resuelto.
      Como el trayecto es largo (49 K.), no quiero emprenderlo solo con otro barco que no sea una yola. Pero con dos remeros, es fácil. Tomé entonces a mi camarada que rema conmigo; y como no es lo suficientemente fuerte para ir hasta el final sin cansarse, he retenido a Hennique que podrá relevarle una hora de vez en cuando. Yo iré bien y sin problemas.
      Partiremos el domingo por la mañana a las 3 horas y media de Bezons, almorzaremos en Conflans, donde dejaré descansar a mis hombres durante dos horas, y estaremos en Médan hacia las 4 o las 5. Si usted está en la orilla, nos verá llegar. Luego tomaremos en Triel el tren que nos llevará a Houilles, cerca de Bezons. De este modo, ese viaje no será en absoluto cansado, más bien un placer, y estaremos de regreso una buena hora, todo como si fuésemos de paseo a Bougival. Además, estoy seguro de que Nana le llegará en buen estado, sin averías de ninguna clase.
      Así entonces, hasta el domingo, mi querido Maestro; le estrecho las manos, y le ruego que presente mis respetuosos saludos a la señora Zola.

      GUY DE MAUPASSANT

      1 Ver la carta a Zola del 2 de julio de 1878 (Nº 95)

Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant


A ÉMILE ZOLA     

MINISTÈRE DE LA MARINE
ET DES COLONIES

Paris, le 10 juillet 1878.

      Mon cher Maître,
      Le bateau est acheté1, tiré à terre, et presque entièrement repeint. J'ai surveillé moi-même toutes ces opérations pour l'examiner encore tout à fait hors de l'eau. Il est, à mon avis, fort bon. Le nom NANA est écrit des deux côtés à l'arrière, parce que le bateau, comme tous les chasse-canard, est pointu par les deux bouts.
      La question du transport a été grosse de difficultés. J'ai pensé d'abord aux chalands, mais le constructeur m'en a détourné, parce que les mariniers démolissent la moitié des embarcations qu'on leur confie. De plus, elles restent exposées sur le pont, au grand soleil, hors de l'eau, pendant deux jours au moins que dure le voyage. Et cela suffit, par les chaleurs que nous traversons, pour fendre d'un bout à l'autre, un ou deux clins.
      J'ai cherché un pêcheur pour le conduire. On m'a demandé 20 francs, ce qui m'a paru exagéré.
      Alors voici à quoi je me suis arrêté.
      Comme le trajet est long (49 k.), je ne veux pas l'entreprendre seul avec un bateau autre qu'une yole. Mais à deux rameurs, il est facile. Je prends donc mon camarade qui canote avec moi ; et comme il n'est peut-être pas assez fort pour aller jusqu'au bout sans fatigue, j'ai retenu Hennique qui pourra le relayer une heure de temps en temps. Moi, j'irai bien et sans mal.
      Nous partirons donc dimanche matin à 3 heures et demie de Bezons, nous déjeunerons à Conflans, où je laisserai souffler mes hommes pendant deux heures, et nous serons à Médan vers 4 ou 5 heures. Si vous êtes au bord de l'eau, vous nous verrez arriver. Nous reprendrons à Triel le train qui nous descendra à Houilles, près de Bezons. De cette façon, ce voyage n'est nullement une fatigue, mais un plaisir, et nous serons rentrés de bonne heure, tout comme si nous nous étions promenés à Bougival. De plus, je suis certain que Nana vous arrivera en bon état, sans avarie d'aucune sorte.
      Ainsi donc, à dimanche, mon cher Maître ; je vous serre les mains en attendant, et je vous prie de présenter à Madame Zola mes compliments respectueux.

     GUY DE MAUPASSANT

      1 Cf. ci-dessus la lettre à Zola du 2 juillet 1878.

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