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Guy de Maupassant en 1969

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A SU MADRE
(original en francés)

Laure de Maupassant Carta siguiente: 807

       París, sábado [27 de agosto de 1870]

      Te escribiré aún algunas palabras hoy, querida madre, porque de aquí a dos días las comunicaciones serán interrumpidas entre París y el resto de Francia. Los prusianos avanzan sobre nosotros a marchas forzadas. En cuanto al desenlace de la guerra, no hay duda, los prusianos están perdidos, por lo demás ellos lo saben muy bien y su única esperanza es tomar París de un golpe, pero nosostros estamos preparados aquí para recibirlos.
      En cuanto a mí, no duermo todavía en Vincennes y no me preocupa tener una cama, me gusta más estar en París por el sitio que en el viejo fuerte, donde estamos mal alojados, aquél viejo fuerte será abatido a cañonazos por los prusianos. Mi padre me acosa, quiere a toda costa hacerme entrar en la Intendencia de París, - me hace las recomendaciones más divertidas para evitar los accidentes. - Si le hiciese caso, tendría que pedir el puesto de guarda del gran alcantarillado colector para no exponerme a las bombas. Robert se va encontrar con el primer fuego en Saint-Maux. Los móviles tiene el chassepot1, tienen buena capacidad. Médrinal me ha escrito para que le preste mi fusil; voy a responderle que se lo he prometido a mi primo Germer. La señora Denisane me ha ofrecido ayer un lugar en la Ópera, he ido a oír la Muette, es muy bella.
      Faure-Dujarric, que está muy relacionado con el intendente general, se ha puesto a mi disposición para estar lo más cómodamente posible, ha ido a buscar al intendente y regresa mañana, pues la vida cuartelera es muy aburrida, yo estaría mejor en las oficinas o en el campo, pero allí no vería a nadie, las comunicaciones con la tropa se están volviendo muy difíciles. Adiós, querida madre, te abrazo de todo corazón, también a Hervé. Recuerdos a Josèphe. Mi padre te estrecha la mano.
      Tu hijo
      Guy de Maupassant

      ¡Me aburro soberanamente ! ¡Cuando sea enviado a la Intendencia hará buen tiempo! Médrinal puede procurarse otro fusil.

      1 Fusil de guerra utilizado por las tropas francesas entre 1866 y 1874. Su nombre se debe a su inventor Antoine Chassepot (1832-1905)
    

Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant


A SA MÈRE

        Paris, ce samedi [27 août 1870].

      Je t'écrirai encore quelques mots aujourd'hui, chère mère, parce que d'ici à deux jours les communications seront interrompues entre Paris et le reste de la France. Les Prussiens arrivent sur nous à marche forcée. Quant à l'issue de la guerre, elle n'offre plus de doute, les Prussiens sont perdus, ils le sentent très bien du reste et leur seul espoir est d'enlever Paris d'un coup de main, mais nous sommes prêts ici à les recevoir.
      Quant à moi, je ne couche pas encore à Vincennes et je ne me presse pas d'y avoir un lit, j'aime mieux être à Paris pour le siège que dans le vieux fort, où nous sommes logés là-bas, lequel vieux fort sera abattu à coup de canon par les Prussiens. Mon père est aux abois, il veut absolument me faire entrer dans l'Intendance de Paris, - et il me fait les recommandations les plus drôles pour éviter les accidents. - Si je l'écoutais, je demanderais la place de gardien du grand égoût collecteur pour ne pas recevoir de bombes. Robert va se trouver au premier feu à Saint-Maur, Les mobiles ont le chassepot, ils font bonne contenance. Médrinal m'a écrit pour que je lui prête mon Lefaucheux ; je vais lui répondre que je l'ai promis à mon cousin Germer. Mme Denisane m'a offert hier une place à l'Opéra, j'ai été entendre la Muette, c'est très joli.
      Faure-Dujarric, qui est très lié avec l'intendant général, s'est mis tout à ma disposition pour me caser le plus agréablement possible, il a été trouver l'intendant et il y retourne demain, car la vie de caserne est bien ennuyeuse, je serai bien mieux dans les bureaux ou au camp, mais on n'y verra plus personne, les communications avec l'armée étant devenues très difficiles.
      Adieu, chère mère, je t'embrasse de tout cœur, ainsi qu'Hervé. Bien des choses à Josèphe. Mon père te serre la main.

      Ton fils,
      GUY DE MAUPASSANT
      Je m'embête abominablement ! Quand je serai repris à l'Intendance il fera beau temps ! Médrinal peut prendre l'autre fusil.

Puesto en formato html por Thierry Selva:  http://maupassant.free.fr/