Carta anterior: 152 |
Carta 153 |
Carta Siguiente: 154 |
París, 2 de diciembre de 1879
Mi querido Maestro,
Aquí tengo la carta que he recibido de la
señora Adam. La razón que ella alega para no adquirir mi poema1 no
es realmente una derrota.
He ido a verla ayer. Me ha entregado mi
manuscrito y hemos charlado algunos instantes. Me pidió, por diplomacia, o al
menos así me ha parecido, hacer una obra expresamente para ella, de la longitud
y el género de la de Theuriet: ¡¡¡ Le Laboureur !!! En todo
caso, desea que las poesías publicadas por ella sean escritas bajo el espíritu
de su Revista. Añadió: « Pues nosotros tenemos un publico que tenemos que
aumentar y contentar, al que debemos conocer y satisfacer sus gustos: es un
aprendizaje que estoy haciendo en este momento.». Siempre, siempre en nuestro
país, el periodista trata de situarse en el lugar del público en lugar de
tratar de hacer comprender al público las cosas más elevadas. Es cierto que no
tiene nada de malo rebajarse, mientras que haya que rendir al público
inteligente.
Voy, uno de estos días, a enviar a esta bella
dama una obra de tres páginas, límite fijado a la inspiración. De este modo,
no tendré apariencia de ofendido; si ella no quiere esto será claro y yo
callaré. Después de sus palabras, sus poetas predilectos son Theuriet y
Déroulède, parece que ha querido decir: «Imítelos y usted será un
amigo de la casa.» Por lo demás su acogida ha sido graciosa. Me ha encargado
que le escriba, no atreviéndose a hacerlo ella misma.
Trabajo encerrado en mi novela sobre los
roueneses y la guerra2. Estaré de ahora en adelante obligado a tener
un par de pistolas en mis bolsillos para atravesar Rouen.
Le abrazo tiernamente, mi querido Maestro. Deme
noticias suyas y las de su hermano. Gracias por su gestión.
GUY DE MAUPASSANT3
1 Vénus rustique.
2 Boule de Suif.
3 Cf. Flaubert, Correspondance (ed. Conard, tomo
VIII, N° 1910 et 1914).
Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant
Paris, le 2 décembre 1879.
Mon bien cher Maître,
Voici la lettre que j'ai reçue de Mme Adam. La
raison qu'elle donne pour ne pas prendre mon poème1 n'est certainement qu'une
défaite.
J'ai été la voir hier. Elle m'a rendu mon
manuscrit, et nous avons causé quelques instants. Elle m'a demandé, par
politesse, autant qu'il m'a semblé, de faire une pièce exprès pour elle, de
la longueur et dans le genre de celle de Theuriet : Le Laboureur !!!! Dans tous
les cas, elle désire que les poésies publiées par elle soient écrites dans
l'esprit de sa Revue. Elle a ajouté : « Car nous avons un public qu'il nous
faut subir et contenter, dont nous devons connaître et deviner les goûts :
c'est un apprentissage que je fais en ce moment. » Toujours, toujours dans
notre pays, le journaliste tâche de s'abaisser au niveau du public au lieu
d'essayer de faire comprendre au public des choses plus hautes. Il est vrai
qu'il n'a pas de mal à s'abaisser, tandis qu'il en aurait beaucoup à rendre le
public intelligent.
Je vais, dans quelques jours, envoyer à cette
belle dame une pièce de 3 pages, limite fixée à l'inspiration. De cette
façon, je n'aurai pas l'air vexé ; si elle n'en veut pas ce sera clair et je
me tiendrai coi. D'après ses paroles, ses poètes de prédilection sont
Theuriet et Déroulède, elle a semblé vouloir me dire : « Imitez-les et vous
serez un ami de la maison. » Son accueil, du reste, a été gracieux. Elle m'a
chargé de vous écrire, n'osant le faire elle-même.
Je travaille ferme à ma nouvelle sur les
Rouennais et la guerre2. Je serai désormais obligé d'avoir des pistolets dans
mes poches pour traverser Rouen.
Je vous embrasse tendrement, mon bien cher
Maître. Donnez-moi des nouvelles et de celles de votre frère. Merci pour votre
démarche.
GUY DE MAUPASSANT3
1 Vénus rustique.
2 Boule de Suif.
3 Cf. Flaubert, Correspondance (éd. Conard, tome VIII, N° 1910 et 1914).
Puesto en formato html por Thierry Selva: http://maupassant.free.fr/