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Étretat,
10 de octubre de 1873.
Esta carta te encontrará en Croisset, mi viejo compañero, y me gustaría
hacerlo a mí al igual que ella. Después de esta primavera, después de tu invitación
tan apremiante y tan cordial, he quedado con la idea fija de ir a estrecharte la
mano; pero es necesario esperar, esperar todavía, esperar siempre, y la vida se
pasa así. Se puede en ocasiones llegar al borde de los grandes obstáculos; no
es igual con los pequeños; estos se agrupan, se multiplican, y es necesario
ceder a su número. En primer lugar he estado padeciendo una fiebre nerviosa, qué todavía no me ha pasado definitivamente, luego mi casita ha estado llena
durante toda la estación estival. He tenido a Virginie con sus niños, a
Louis Le Poittevin, Gustave de Maupassant, y finalmente a mi amado Guy. En este
momento estoy sola con mi compañero de siempre, el joven salvaje que no ha
podido aclimatarse lejos de su región natal. Los estudios nos ocupan mucho;
tiene que llegar al bachillerato antes de hacer el servicio militar; y esto no
es un asunto baladí con los recursos de los que disponemos. Tenemos sin embargo
muchas esperanzas de salir adelante. Puedes ver como transcurren nuestras
jornadas y perdóname por resistirme a tus insistencias y a mi deseo; pero si de
hecho quieres ser bueno y encantador, sabrás buscar una manera de hacerme una
visita, y traerás la alegría a nuestro refugio. Nada más fácil, me da
la impresión. Cuando Guy tenga cuarenta y ocho horas de libertad, te irá a
recoger, y vendréis ambos aquí. ¿Es demasiado lo que te pido? ¿No puedes
hacer esto por tu vieja amiga? Vamos, piénsalo, y no dejes de decir que sí.
Tu carta me ha producido pena y placer al mismo
tiempo; es bueno recordar; pero hay en todo ese pasado tantos hechos dolorosos.
Yo también, estoy a menudo con los muertos y creo que su imagen regresa más
viva, más real, más tangible, a medida que mi edad aumenta. El futuro sin
embargo me sonríe todavía en mis dos queridos muchachos, pero son muy fuertes
los lazos que nos atan a las cosas y a los seres desaparecidos. Regresan sin
cesar a nuestra cabeza. ¿Es que los muertos no pueden amarnos más?
Sí, tienes razón, tenemos gran necesidad de
volvernos a ver y de hablar. Guy lo sabe bien ya que no cesa de preguntarlo
sobre todo en lo que a tí concierne. Eres tan excelso, tan perfecto para mi
hijo que no sé como agradecértelo. El joven te pertenece de corazón y
espíritu, y yo soy como él, toda tuya ahora y siempre.
Adiós, mi querido compañero, te abrazo con todas mis fuerzas.
LP. DE MAUPASSANT
He visto a Caroline y a su marido, pero un instante solamente, y he lamentado no poder retenerlos un día o dos en nuestra costa. Dales mis más afectuosos saludos1
1 Cf.carta de Flaubert, Correspondance (éd. Conard, tome VII, 1930, N° 1420).
Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant
DE
LAURE DE MAUPASSANT
A GUSTAVE FLAUBERT
Étretat, le 10 octobre 1873.
Cette lettre ira te trouver à Croisset, mon vieux camarade, et je voudrais bien
faire comme elle. Depuis ce printemps, depuis ton invitation si pressante et si
cordiale, j'ai gardé cette idée fixe d'aller te serrer la main ; mais il faut
attendre, attendre encore, attendre toujours, et la vie se passe ainsi. On peut
quelquefois venir à bout des grands obstacles ; il n'en est pas de même des
petits ; ceux-ci se groupent, se multiplient, et il faut céder au nombre.
D'abord, j'ai été très souffrante d'une fièvre nerveuse, qui ne m'a point
encore fait des adieux définitifs ; puis ma maisonnette a été remplie de
visiteurs pendant toute la saison des bains. J'ai eu Virginie et ses enfants, le
ménage Louis Le Poittevin, Gustave de Maupassant, et enfin mon bien-aimé Guy.
A l'heure qu'il est, je reste seule avec mon compagnon ordinaire, le jeune
sauvage qui n'a pu s'acclimater loin du pays natal. Les études nous occupent
beaucoup ; il faut arriver au baccalauréat avant le service militaire ; et ce
n'est point une mince affaire avec les ressources dont nous disposons. Nous
avons pourtant tout espoir de réussir. Tu vois comment s'en vont nos journées,
et tu me pardonnes de résister à tes instances et à mon désir ; mais si tu
veux être tout à fait bon et charmant, tu t'arrangeras de manière à me faire
une visite pour commencer, et tu apporteras la joie dans notre ermitage. Rien de
plus facile, à ce qu'il me semble. Quand Guy aurait quarante-huit heures de
liberté, il te prendrait en passant, et vous viendriez tous les deux jusqu'ici.
Est-ce donc te demander trop, et ne peux-tu faire cela pour ta vieille amie ?
Allons, réfléchis, et tâche de dire oui.
Ta lettre m'a fait peine et plaisir à la fois ;
il est bien bon de se souvenir ; mais il y a dans tout ce passé tant de points
douloureux. Moi aussi, je suis souvent avec les morts et je crois que leur image
devient plus vivante, plus réelle, plus palpable, à mesure que j'avance en
âge. L'avenir pourtant me sourit encore dans mes deux chers garçons, mais ils
sont bien forts les liens qui nous attachent aux choses et aux êtres disparus.
Ils nous font sans cesse retourner la tête. Est-ce que les morts ne peuvent
plus nous aimer ?
Oui, tu as raison, nous avons grand besoin de
nous revoir et de causer. Guy le sait bien puisque je ne cesse de le questionner
sur tout ce qui te concerne. Tu es si excellent, si parfait pour mon fils que je
ne sais comment te remercier. Le jeune homme t'appartient de cœur et d'âme, et
moi, je suis comme lui, toute tienne maintenant et toujours.
Adieu, mon cher compagnon, je t'embrasse de
toutes mes forces.
LE P. DE MAUPASSANT
J'ai vu Caroline et son mari, mais un instant seulement, et j'ai bien regretté de ne pouvoir les retenir un jour ou deux sur notre rivage. Offre-leur mes bien affectueux souvenirs1.
1 Cf. lettre de Flaubert, Correspondance (éd. Conard, tome VII, 1930, N°
1420).
Puesto en formato html por Thierry Selva: http://maupassant.free.fr/