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G.M.
calle Dulong, 83
Febrero de 1883
Mi querido Deschaumes,
Estoy desolado por haberle ofendido. Voy a
resumirle los hechos en veinte líneas y usted comprenderá.
Le he escrito, porque es a usted a quién más
conozco en el Chat Noir. Ahora bien, después de seis semanas, he
recibido varias injurias anónimas en las que se me ha incluso reprochado
el haber vendido mi nombre al Chat Noir por ¡ cuarenta francos!
Naturalmente no he dado ningún crédito a estas infamias pero uno de mis amigos
que va mucho por la prensa ha oído decir y me ha repetido la misma estúpida
cantinela. Se decía que yo había encontrado una noche al señor Salis y le
dije en voz baja: « Tengo necesidad de dos luises; si usted me los da, le doy
autorización a poner mi nombre sobre la cubierta de su periódico. »
Esto era estúpido, pero sin darle ninguna importancia, he preferido rogarle
simplemente suprimir mi nombre de la cubierta. Le he escrito entonces una nota
amistosa de cuatro líneas.
No he recibido respuesta. He dejado pasar tres
números. MI nombre no estaba borrado. He creído, naturalmente, que la broma
continuaba intencionadamente a pesar de mi petición, y he encontrado que ese
proceder no puede ser más grosero.
De ahí mi segunda carta, dirigida a usted,
porque yo le había dirigido la primera y no había ninguna razón para pensar
que no le haya llegado. Usted es el secretario de la redacción. Por lo que
estaba persuadido de que toda carta dirigida al secretario de redacción le
llegaría. La absoluta ausencia de respuesta a una primera carta me ha hecho
creer que se querían divertir a mi costa. Ese proceder me ha sobre todo
ofendido, viniendo de usted y del señor Salis, que me había, por el contrario,
testimoniado, hasta ese momento, mucha amabilidad. Ahora estoy confuso de
haberme equivocado y de haberle dirigido esa carta irritada, que, yo lo
entiendo, dadas su enfermedad y su ignorancia de mi primera carta, ha debido
sorprenderle y herirle. Muy cordialmente.
GUY DE MAUPASSANT
Si no le he escrito a su casa, es porque quería
indicar explícitamente que mi carta se dirigía a la Secretaría de la
redacción.
Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant
G.
M.
83, rue Dulong.
Février 1883.
Mon cher Deschaumes,
Je suis désolé de vous avoir blessé. Je vais
vous dire les faits en vingt lignes et vous comprendrez.
Je vous ai écrit, parce que c'est vous que je
connais le plus au Chat-Noir. Or, depuis six semaines, j'ai reçu pas mal
d'injures anonymes dans lesquelles on a été jusqu'à me reprocher d'avoir
vendu mon nom au Chat Noir pour quarante francs ! Je n'ai fait naturellement
aucune attention à ces infamies mais un de mes amis qui va beaucoup dans la
presse a entendu dire et m'a répété le même propos stupide. On prétendait
que j'avais été un soir trouver M. Salis et lui dire tout bas : « J'ai besoin
de deux louis ; si vous me les donnez, je vous autoriserai à mettre mon nom sur
la couverture de votre journal. »
C'était imbécile, mais sans y attacher aucune
importance, j'ai préféré vous prier tout simplement d'enlever mon nom de sur
la couverture. Je vous ai donc écrit un billet amical de quatre lignes.
Je n'ai pas reçu de réponse. J'ai laissé
passer trois numéros. Mon nom n'était pas effacé. J'ai cru, naturellement,
que la plaisanterie était continuée intentionnellement malgré ma prière, et
j'ai trouvé le procédé on ne peut plus grossier.
De là ma seconde lettre, à vous adressée,
parce que je vous avais adressé la première et que je n'avais aucune raison de
penser qu'elle ne vous fût pas parvenue. Vous êtes secrétaire de la
rédaction. Donc j'étais persuadé que toute lettre adressée au secrétaire de
la rédaction vous arriverait. L'absence totale de réponse à une première
lettre m'a fait croire qu'on voulait s'amuser à mes dépens. Le procédé m'a
surtout blessé, venant de vous et de M. Salis, qui m'avait, au contraire,
témoigné, jusque-là, beaucoup d'amabilité. Je suis maintenant confus de
m'être trompé et de vous avoir adressé cette lettre nerveuse, qui, je le
comprends, étant données votre maladie et votre ignorance de ma première
lettre, a dû vous surprendre et vous froisser. Cordialement à vous.
GUY DE MAUPASSANT
Si je ne vous ai pas écrit chez vous, c'est que je voulais bien indiquer que ma lettre s'adressait au Secrétaire de la rédaction.
Puesto en formato html por Thierry Selva: http://maupassant.free.fr/