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Guy de Maupassant

Carta 261  
A EDMOND DESCHAUMES
(Original en francés)

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G.M.
calle Dulong, 83

Febrero de 1883

      Mi querido Deschaumes,
      Estoy desolado por haberle ofendido. Voy a resumirle los hechos en veinte líneas y usted comprenderá.
      Le he escrito, porque es a usted a quién más conozco en el Chat Noir. Ahora bien, después de seis semanas, he recibido  varias injurias anónimas en las que se me ha incluso reprochado el haber vendido mi nombre al Chat Noir por ¡ cuarenta francos! Naturalmente no he dado ningún crédito a estas infamias pero uno de mis amigos que va mucho por la prensa ha oído decir y me ha repetido la misma estúpida cantinela. Se decía que yo había encontrado una noche al señor Salis y le dije en voz baja: « Tengo necesidad de dos luises; si usted me los da, le doy autorización a poner mi nombre sobre la cubierta de su periódico. »
Esto era estúpido, pero sin darle ninguna importancia, he preferido rogarle simplemente suprimir mi nombre de la cubierta. Le he escrito entonces una nota amistosa de cuatro líneas.
      No he recibido respuesta. He dejado pasar tres números. MI nombre no estaba borrado. He creído, naturalmente, que la broma continuaba intencionadamente a pesar de mi petición, y he encontrado que ese proceder no puede ser más grosero.
      De ahí mi segunda carta, dirigida a usted, porque yo le había dirigido la primera y no había ninguna razón para pensar que no le haya llegado. Usted es el secretario de la redacción. Por lo que estaba persuadido de que toda carta dirigida al secretario de redacción le llegaría. La absoluta ausencia de respuesta a una primera carta me ha hecho creer que se querían divertir a mi costa. Ese proceder me ha sobre todo ofendido, viniendo de usted y del señor Salis, que me había, por el contrario, testimoniado, hasta ese momento, mucha amabilidad. Ahora estoy confuso de haberme equivocado y de haberle dirigido esa carta irritada, que, yo lo entiendo, dadas su enfermedad y su ignorancia de mi primera carta, ha debido sorprenderle y herirle. Muy cordialmente.

      GUY DE MAUPASSANT

      Si no le he escrito a su casa, es porque quería indicar explícitamente que mi carta se dirigía a la Secretaría de la redacción.

     Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant


A EDMOND DESCHAUMES

G. M.
83, rue Dulong.

Février 1883.

      Mon cher Deschaumes,
      Je suis désolé de vous avoir blessé. Je vais vous dire les faits en vingt lignes et vous comprendrez.
      Je vous ai écrit, parce que c'est vous que je connais le plus au Chat-Noir. Or, depuis six semaines, j'ai reçu pas mal d'injures anonymes dans lesquelles on a été jusqu'à me reprocher d'avoir vendu mon nom au Chat Noir pour quarante francs ! Je n'ai fait naturellement aucune attention à ces infamies mais un de mes amis qui va beaucoup dans la presse a entendu dire et m'a répété le même propos stupide. On prétendait que j'avais été un soir trouver M. Salis et lui dire tout bas : « J'ai besoin de deux louis ; si vous me les donnez, je vous autoriserai à mettre mon nom sur la couverture de votre journal. »
      C'était imbécile, mais sans y attacher aucune importance, j'ai préféré vous prier tout simplement d'enlever mon nom de sur la couverture. Je vous ai donc écrit un billet amical de quatre lignes.
      Je n'ai pas reçu de réponse. J'ai laissé passer trois numéros. Mon nom n'était pas effacé. J'ai cru, naturellement, que la plaisanterie était continuée intentionnellement malgré ma prière, et j'ai trouvé le procédé on ne peut plus grossier.
      De là ma seconde lettre, à vous adressée, parce que je vous avais adressé la première et que je n'avais aucune raison de penser qu'elle ne vous fût pas parvenue. Vous êtes secrétaire de la rédaction. Donc j'étais persuadé que toute lettre adressée au secrétaire de la rédaction vous arriverait. L'absence totale de réponse à une première lettre m'a fait croire qu'on voulait s'amuser à mes dépens. Le procédé m'a surtout blessé, venant de vous et de M. Salis, qui m'avait, au contraire, témoigné, jusque-là, beaucoup d'amabilité. Je suis maintenant confus de m'être trompé et de vous avoir adressé cette lettre nerveuse, qui, je le comprends, étant données votre maladie et votre ignorance de ma première lettre, a dû vous surprendre et vous froisser. Cordialement à vous.

      GUY DE MAUPASSANT

      Si je ne vous ai pas écrit chez vous, c'est que je voulais bien indiquer que ma lettre s'adressait au Secrétaire de la rédaction.

Puesto en formato html por Thierry Selva:  http://maupassant.free.fr/