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Guy de Maupassant

Carta: 35  
A LOUIS LE POITTEVIN
(Original en francés)

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       20 de febrero de 1875

      Mi querido Louis,
      Como no podía ausentarme de mi oficina durante bastante tiempo para hacer el trayecto que tu me solicitas que haga, pues para ir a Neuilly me haría falta al menos media jornada, he rogado a Robert Pinchon, alias La Toque, alias Thermométre, lalias Centigrade, alias Réaumur, de encargarse de este encargo.
      Así pues, el jueves último, es se puso en camino, el corazón ligero, y fue a golpear a la puerta de la casa del señor Appolone Lelieux.
      Encontró a los herederos bebiendo y cantando.
      Él expuso su misión.
      Se volvieron tristes y se le hizo observar que sería muy difícil llevarselo sin coche de mudanza. La Toque, presa de un noble orgullo, afirmó que el llevaría todo y se encontró de pronto sentado, el corazón pesado, pero menos que su fardo, sobre un banco de la avenida de Neuilly, con los siguientes objetos de los que te hago una estimación aproximada.

      [Aquí, cuatro caricaturas dibujadas por Maupassant]1

       ESTIMACIÓN:

Un viejo caimán que medía 2, 50 m, del primer diente a la extremidad.
Un viejo fusil que los herederos juntaron a la donación, porque creían que estaba cargado.
Una medula espinal de un arenque ahumado.
Un peine de canguro
Una espina de pez espada
Dos flechas emponzoñadas por el contacto del caimán
Una viejo bastón.- Sin valor.
Una hacha comprada por antigua, pero dada por testamento después de haberse asegurado
que no tenía ningún valor. Pies de bronce.

    0,50
    1,50
    0,10
    0,05
    0,10
    0,05
    0,00
    0,05
    ----

Total

    2,35

      Robert La Toque habiendo sido obligado a tomar un vehículo para llevar los susodichos horrores, reclamó:

Ruta, coche tomado en el exterior de las fortificaciónes
Equipajes

    2,50
    0,50

Total

    3,00

      ¿Que hacer de esto? Yo no puedo ir a Rouen de aquí a un mes y el porte y el embalaje (pues se necesita una caja) acabarían por producirte un déficit considerable.
      Te adjunto a título gracioso el « Canto del Cisne ». del señor Appolone Lelieux. Helo aquí:

Cuando se siente enronquecido
El padre Appolone, molido
En tanto que el viejo Arouët
Se dice: Mas hilo a la rueca,
Pues yo se que no hace mucho tiempo
Ya del coche fúnebre se engrasa la rueda y
En la sombra de la garita, ¡ah! yo
Voy a estar de guardia. Dejo en herencia,
Y mi viejo caimán y mi canguro y 
Mi fusil, objeto de arte donde está
Un muy viejo recuerdo, que lleva a la rueca
Mi sierra horrible - desgraciado suplicio de un molido.    
[de difícil traducción]

      ¡A Louis Le Poittevin !

REFRÁN

¡Oh, vado! que se me derrama una gran jarra de vino
En mi taza de estaño, de la 
Que se empleará pronto en vano,
Que un cura me de un pan sin levadura
Desgraciadamente, lo siento bien sin ser un buen adivino
Mi última lámpara destellea!
He aquí que la muerte apagandola
De mi vida, ¡Oh, vado! que un jarro de estaño lacra.
Hace falta descender al trote el barranco,
Sobre el negro caballo que un comediante empotra
El Doctor dice: «Mal de ojo, pulso, languido y tez pálida»
Veo la vida, estando en un teatro divino,
En la trampa sin fondo que todo comediante hace.
Fuego, yo vuelo y es mi última chispa.       
[de difícil traducción]

      Y él expira
      Pueden tus enemigos hacer lo mismo
      Adiós, mi querido Louis,.... todo tuyo

      JOSEPH PRUNIER
      Saludos a tu esposa. Recuerdos al señor Ernoult2

      1 Ver reproducción fuera de texto de los dibujos de Maupassant sobre el mismo tema, fechados por Robert Pinchon: marzo de 1875
      2 Louis Le Poittevin se casó, en la Neuville-Champ-d'Oisel, con Lucie Ernoult-Jotral, hija de un banquero de Rouen.
La aventura de la herencia de Appolone Lelieux fue contada por Robert Pinchon à Georges Dubosc, quién publicó esta carta en el  Journal de Rouen del 18 de agosto de 1925.

      Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant


A LOUIS LE POITTEVIN

  20 février 1875.

      Mon cher Louis,
      Comme je ne pouvais m'absenter de mon bureau assez longtemps pour faire la course que tu me demandais de faire, car pour aller à Neuilly, il m'aurait fallu au moins une demi-journée, j'ai prié Robert Pinchon, dit La Toque, dit Thermomètre, dit Centigrade, dit Réaumur, de bien vouloir se charger de cette commission.
      Donc, jeudi dernier, il se met en route de cœur léger et va frapper à la maison de M. Appolone Lelieux.
Il trouve les héritiers buvant et chantant.
Il expose sa mission.
      On devient triste et on lui fait observer que ce sera bien difficile à emporter sans voiture de déménagement. La Toque, pris d'un noble orgueil, affirme qu'il emportera tout et il se trouve bientôt assis, le cœur pesant, mais moins que son fardeau, sur un banc de l'avenue de Neuilly, avec les objets suivants dont je fais à peu près l'estimation :

      [Ici quatre caricatures dessinées par Maupassant]1

      ESTIMATION :

    Un vieux caïman mesurant 2 m 50, de la première dent creuse à l'extrémité
    Un vieux fusil que les héritiers ont joint au don, parce qu'ils craignaient qu'il fût chargé
    Une moëlle épinière de hareng saur
    Un peigne de Kanguroo
    Une arête d'espadon
    Des flèches empoisonnées par le contact du caïman
    Une vieille canne. - Nul
    Une hache achetée comme ancienne, mais donnée par testament après s'être assuré
qu'elle n'avait aucune valeur. Poids du bronze

    0,50
    1,50
    0,10
    0,05
    0,10
    0,05
    0,00
    0,05
    ----

Total

    2,35

      Robert La Toque ayant été obligé de prendre un sapin pour rapporter les susdites horreurs, réclame :      

Course, voiture prise en dehors des fortifications
 Bagages

    2,50
    0,50

Total

    3,00


      Que faire de cela ? Je ne puis aller à Rouen d'ici à un mois et le port, l'emballage (car il faudrait une caisse) finiraient par te créer un déficit considérable.
On a joint à titre gracieux le « Chant du Cygne », de M. Appolone Lelieux. Le voici : 

Quand il se sentit enroué,
Le père Appolone, en roué
Autant que le vieil Arouët,
Se dit : Plus de fil au rouet,
Car je sais qu'on ne guérit d'âge.
Déjà du corbillard on graisse la roue et
Dans la sombre guérite, ah ! je
Vais monter faction. Je laisse en héritage,
Et mon vieux caïman et mon kanguroo et
Mon fusil, objet d'art où est
Un très vieux souvenir, canardière à rouet
Ma scie horrible - hélas supplice d'un roué,

A Louis Le Poittevin !

REFRAIN

Ô gué ! qu'on me verse un grand pot de vin
Dans ma tasse d'étain, celle
Qu'on emplira bientôt en vain,
Qu'un curé m'apporte un pain sans levain
Hélas, je le sens bien sans être un beau devin
Ma dernière lampe étincelle !
Voilà que la mort éteint celle
De ma vie, ô gué ! qu'un pot d'étain scelle.
II me faut descendre au trot le ravin,
Sur le noir cheval qu'un cabotin scelle...
Le Docteur dit : « Mauvais œil, pouls, langue et teint selle »
Je vois la vie, étant un théâtre divin,
Dans la trappe sans fond que tout cabotin cèle.
Feu, je deviens et c'est ma dernière étincelle.

      Et il expira...
      Puisse tes ennemis faire de même,
      Adieu, mon cher Louis... Tout à toi...

      JOSEPH PRUNIER
      Mes meilleurs souvenirs à ta femme. Rappelle-moi au bon souvenir de M. Ernoult2.

      1 Voir reproduction hors texte de dessins de Maupassant sur le même sujet, datés par Robert Pinchon : mars 1875.
      2 Louis Le Poittevin avait épousé, à la Neuville-Champ-d'Oisel, Lucie Ernoult-Jotral, fille d'un banquier rouennais.
      L'aventure de l'héritage d'Appolone Lelieux a été contée par Robert Pinchon à Georges Dubosc, qui a publié cette lettre dans le Journal de Rouen du 18 août 1925.

Puesto en formato html por Thierry Selva:  http://maupassant.free.fr/