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Aix-les-Bains
[octubre de 1888]
Señora,
Regreso a París el sábado o el domingo, tendré
pronto el placer de volverla a ver, pero desgraciadamente no será durante mucho
tiempo. La larga estancia que he hecho en esta ciudad en primavera ha
soliviantado mis jaquecas, de las qué no he podido desprenderme. He pasado todo
el verano en un estado penoso que me ha impedido dedicarme al más mínimo
trabajo y que me hace, por otra parte, la vida intolerable. Después de una
estancia tardía en Axi, voy a salvarme a África, donde buscaré una choza
caliente y tranquila. Incluso puedo quedarme si allí me encuentro bien.
Esto constituye entonces casi un adiós que voy a
dar a mis amigos. Me entristece; pero debo resignarme, pues reconozco además
que no estoy hecho para vivir en París.
Pienso que volveré a partir el jueves siguiente
para tomar en Marsella el barco del viernes.
Espero, Señora, que me escriba de vez en cuando
y me de noticias. A cambio de las anécdotas y las picantes aventuras que usted
me cuente, yo no podré más que revelarle los movimientos del termómetro,
describirle la fisonomía de los camellos o de las avestruces y contarle, como
crónica secreta, la danza de una mujer nativa en un café moro.
Espero sin embargo regresar un poco antes de la
primavera y pasar en París en mes o seis semanas. Esta resolución de mi marcha
debe parecerle extraña, Señora, a usted que ama el mundo o al menos que
soporta, con una sonriente resignación y seguramente también con cierto
placer, a las personas y lo que dicen. En cuanto a mí, viviría de buen grado
en París durante cuatro meses casa invierno si pudiese no encontrar más que a
una docena de personas a lo sumo. Pero los demás me impiden relacionarme
bastante con aquellos para no dejarlos. Es probable también que esta
hipocondria invencible provenga de las neuralgias.
Entonces, Señora, tendré en algunos días el
placer de volverla a ver y el pesar de despedirme por varios meses. Dejeme,
mientras tanto, besar sus manos con respeto y traslade mis afectuosos
saludos a su marido.
MAUPASSANT
Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant
Aix-les-Bains
[octobre 1888].
Madame,
Je rentre à Paris samedi ou dimanche, j'aurai
donc bientôt le plaisir de vous revoir, mais, hélas ! ce ne sera pas pour
longtemps. Le long séjour que j'ai fait en cette ville au printemps a
exaspéré mes migraines, dont je n'ai pu me débarrasser depuis. Je suis
demeuré durant tout l'été dans un état de souffrance qui m'a empêché de me
livrer au moindre travail et qui me rend, en outre, la vie intolérable. Après
une saison tardive à Aix, je vais me sauver en Afrique, où je chercherai un
gîte chaud et tranquille. II se peut même que j'y reste, si je m'y trouve
bien.
Ce sont donc presque des adieux que je vais faire
à mes amis. Cela m'attriste ; mais je dois m'y résigner, car je reconnais de
plus en plus que je ne suis pas fait pour l'existence de Paris.
Je pense que je repartirai le jeudi suivant pour
prendre à Marseille le bateau du vendredi.
J'espère, Madame, que vous voudrez bien
m'écrire de temps en temps et me donner quelques nouvelles. Je ne pourrai, en
échange des anecdotes et des piquantes aventures que vous me direz, que vous
révéler les mouvements du thermomètre, vous raconter des physionomies de
chameaux ou d'autruches et vous décrire, comme chronique secrète, la danse
d'une Ouled-Naïl dans un café maure.
J'espère bien cependant revenir un peu au
printemps et passer à Paris un mois ou six semaines. Cette résolution de
départ doit vous paraître bien étrange, à vous, Madame, qui aimez le monde
ou du moins qui supportez avec une résignation souriante et assurément aussi
avec un certain agrément, les gens et ce qu'ils disent. Quant à moi,
j'habiterais bien volontiers Paris pendant quatre mois chaque hiver si je
pouvais n'y rencontrer qu'une douzaine de personnes au plus. Mais les autres
m'empêchent de m'attacher assez à celles-là pour ne plus les quitter. Il est
probable aussi que cette hypocondrie invincible vienne des névralgies.
Donc, Madame, j'aurai dans quelques jours
le plaisir de vous revoir et le chagrin de vous faire mes adieux pour plusieurs
mois. Laissez-moi, en attendant, baiser vos mains avec respects et faites mes
compliments affectueux à votre mari.
MAUPASSANT
Puesto en formato html por Thierry Selva: http://maupassant.free.fr/