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Guy de Maupassant

Carta 531
A LA SRA. ÉMILE STRAUS
(original en francés)

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Aix-les-Bains
[octubre de 1888]

      Señora,
      Regreso a París el sábado o el domingo, tendré pronto el placer de volverla a ver, pero desgraciadamente no será durante mucho tiempo. La larga estancia que he hecho en esta ciudad en primavera ha soliviantado mis jaquecas, de las qué no he podido desprenderme. He pasado todo el verano en un estado penoso que me ha impedido dedicarme al más mínimo trabajo y que me hace, por otra parte, la vida intolerable. Después de una estancia tardía en Axi, voy a salvarme a África, donde buscaré una choza caliente y tranquila. Incluso puedo quedarme si allí me encuentro bien.
      Esto constituye entonces casi un adiós que voy a dar a mis amigos. Me entristece; pero debo resignarme, pues reconozco además que no estoy hecho para vivir en París.
      Pienso que volveré a partir el jueves siguiente para tomar en Marsella el barco del viernes.
      Espero, Señora, que me escriba de vez en cuando y me de noticias. A cambio de las anécdotas y las picantes aventuras que usted me cuente, yo no podré más que revelarle los movimientos del termómetro, describirle la fisonomía de los camellos o de las avestruces y contarle, como crónica secreta, la danza de una mujer nativa en un café moro.
      Espero sin embargo regresar un poco antes de la primavera y pasar en París en mes o seis semanas. Esta resolución de mi marcha debe parecerle extraña, Señora, a usted que ama el mundo o al menos que  soporta, con una sonriente resignación y seguramente también con cierto placer, a las personas y lo que dicen. En cuanto a mí, viviría de buen grado en París durante cuatro meses casa invierno si pudiese no encontrar más que a una docena de personas a lo sumo. Pero los demás me impiden relacionarme bastante con aquellos para no dejarlos. Es probable también que esta hipocondria invencible provenga de las neuralgias.
      Entonces, Señora, tendré en algunos días el placer de volverla a ver y el pesar de despedirme por varios meses. Dejeme, mientras tanto, besar sus manos con respeto y traslade mis afectuosos saludos  a su marido.

      MAUPASSANT

Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant


A Mme ÉMILE STRAUS

Aix-les-Bains
[octobre 1888].

      Madame,
      Je rentre à Paris samedi ou dimanche, j'aurai donc bientôt le plaisir de vous revoir, mais, hélas ! ce ne sera pas pour longtemps. Le long séjour que j'ai fait en cette ville au printemps a exaspéré mes migraines, dont je n'ai pu me débarrasser depuis. Je suis demeuré durant tout l'été dans un état de souffrance qui m'a empêché de me livrer au moindre travail et qui me rend, en outre, la vie intolérable. Après une saison tardive à Aix, je vais me sauver en Afrique, où je chercherai un gîte chaud et tranquille. II se peut même que j'y reste, si je m'y trouve bien.
      Ce sont donc presque des adieux que je vais faire à mes amis. Cela m'attriste ; mais je dois m'y résigner, car je reconnais de plus en plus que je ne suis pas fait pour l'existence de Paris.
      Je pense que je repartirai le jeudi suivant pour prendre à Marseille le bateau du vendredi.
      J'espère, Madame, que vous voudrez bien m'écrire de temps en temps et me donner quelques nouvelles. Je ne pourrai, en échange des anecdotes et des piquantes aventures que vous me direz, que vous révéler les mouvements du thermomètre, vous raconter des physionomies de chameaux ou d'autruches et vous décrire, comme chronique secrète, la danse d'une Ouled-Naïl dans un café maure.
      J'espère bien cependant revenir un peu au printemps et passer à Paris un mois ou six semaines. Cette résolution de départ doit vous paraître bien étrange, à vous, Madame, qui aimez le monde ou du moins qui supportez avec une résignation souriante et assurément aussi avec un certain agrément, les gens et ce qu'ils disent. Quant à moi, j'habiterais bien volontiers Paris pendant quatre mois chaque hiver si je pouvais n'y rencontrer qu'une douzaine de personnes au plus. Mais les autres m'empêchent de m'attacher assez à celles-là pour ne plus les quitter. Il est probable aussi que cette hypocondrie invincible vienne des névralgies.
       Donc, Madame, j'aurai dans quelques jours le plaisir de vous revoir et le chagrin de vous faire mes adieux pour plusieurs mois. Laissez-moi, en attendant, baiser vos mains avec respects et faites mes compliments affectueux à votre mari.

      MAUPASSANT

Puesto en formato html por Thierry Selva:  http://maupassant.free.fr/