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HOTEL
VICTORIA
Pisa [1889]
Mi querido colega,
Acabo de pasar un mes en el mar, y he encontrado
finalmente su carta que me esperaba en Livourne. Voy en este momento a ver unos
cuadros. Estoy en Pisa desde hace cuatro días y espero pasar quince en
Florencia, totalmente solo, en los museos. Es la única manera de beber, de
comer y de digerir lo que se ve. Hace un mes que no he charlado con ninguna otra
persona que mis marineros; y como el balanceo del mar no me permitía escribir,
no he podido tomar algunas notas de viaje e incluso de impresiones personales a
propósito de imágenes, paisajes y soledad. Respondo muy rápido a lo que me
dice su carta. No he corregido el manuscrito de mi pieza porque la he olvidado
en París. Me hace falta además mucha atención y reflexión para ese trabajo
al que no me dedicaré hasta después de mi regreso.
No sé aun cuando podré darle alguna cosa pues
me temo que mis notas de viaje sean un poco - no inconvenientes pues no se habla
en ellas de mujeres, o casi nada, y castamente, - pero rudas para usted, rudas
por la expresión y en ocasiones por las opiniones que son crudamente de un
demoledor. En fin, ya veremos. Usted verá. Estando establecidas mis condicones
actuales de trabajo tendré pocas posibilidades, creo, de alcanzar el mínimo de
15 hojas que usted me indica. Veré al señor Buloz regresando a París respecto
al tema de la colaboración exclusiva. Pensandolo mucho tal vez haya algunos
inconvenientes que no había considerado al principio, y mejor valdría que yo
le diese únicamente lo que podré darle en las condiciones que ya hemos
convenido.
Tengo el espíritu demasiado balanceado por las
olas para poder ponerme a trabajar seriamente. Pero espero emprender una larga
labor de aquí en algunos días.
Esta ciudad (Pisa) es de una tranquilidad
deliciosa, de un clima suave como una caricia. Si este tiempo continúa
regresaré después de mi excursión a Florencia. Esta plaza de la cúpula en
Pisa es hermosa, de un sentimiento grave, y de una aramonía superiormente
artística. ¿La conoce usted? A mí me apasiona por la arquitectura tanto como
me puede apasionar. Los horrores del mercado foráneo de la Exposición
Universal me hacen admirar, con un frenético entusiasmo, la sobriedad tan sabia
y tan decorativa de las líneas y de las proporciones de la decoración tan pura
de estos viejos monumentos.
Pienso que volveré a París en seis semanas. Lo
veré inmediatamente. Esperando, mi querido colega, le estrecho muy cordial y
afectuosamente las manos.
GUY DE MAUPASSANT
Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant
HÔTEL
VICTORIA
Pise [1889].
Mon cher confrère,
Je viens de passer un mois en mer, et j'ai
trouvé enfin votre lettre qui m'attendait à Livourne. Je vais à présent voir
des tableaux. Je suis à Pise depuis quatre jours et je compte en passer quinze
à Florence, tout seul, dans les musées. C'est la seule manière de boire, de
manger et de digérer ce qu'on voit. Depuis un mois je n'ai causé d'ailleurs
avec personne autre que mes matelots ; et comme le balancement de la mer ne me
permettait pas d'écrire, je n'ai pu que prendre quelques notes de voyage ou
plutôt d'impressions personnelles à propos d'images, de paysages et de
solitude. Je réponds bien vite à ce que me dit votre lettre. Je n'ai pas
remanié le manuscrit de ma pièce parce que je l'ai oublié à Paris. Il me
faut d'ailleurs beaucoup d'attention et de réflexion pour ce travail auquel je
ne me livrerai qu'après mon retour.
Je ne sais encore quand je pourrai vous donner
quelque chose car je crains que mes notes de voyage ne soient un peu - non pas
inconvenantes car on n'y parle pas de femmes, ou à peine, et chastement, - mais
rudes pour vous, rudes par l'expression et quelquefois par les opinions qui sont
crûment d'un démolisseur. Enfin nous verrons. Vous verrez. Étant données mes
résolutions actuelles de travail j'aurai beaucoup de mal je crois, à atteindre
le minimum de 15 feuilles que vous m'indiquez. Je verrai M. Buloz en rentrant à
Paris au sujet de la question de collaboration exclusive. En y songeant beaucoup
peut-être cela aurait-il quelques inconvénients qui ne m'avaient point frappé
d'abord, et vaudrait-il mieux que je vous donnasse seulement ce que je pourrai
vous donner aux conditions dont nous sommes convenus.
J'ai l'esprit trop balancé par la vague pour
pouvoir me mettre encore à travailler sérieusement. Mais je compte m'installer
dans une longue besogne d'ici quelques jours.
Cette ville (Pise) est d'un calme délicieux,
d'un climat doux comme une caresse. Si ce temps continue j'y reviendrai après
mon excursion à Florence. Que cette place du dôme à Pise est belle, d'un
sentiment grave, et d'une harmonie supérieurement artiste. La connaissez-vous ?
Moi je me passionne pour l'architecture autant que je peux me passionner. Les
horreurs de halle foraine de l'Exposition Universelle me font admirer, avec un
enthousiasme frénétique, pour moi, la sobriété si savante et si décorative
des lignes et des proportions de la décoration si pure de ces vieux monuments.
Je pense que je rentrerai à Paris dans six
semaines. Je vous verrai immédiatement. En attendant, mon cher confrère, je
vous serre bien cordialement et bien affectueusement les mains.
GUY DE MAUPASSANT
Puesto en formato html por Thierry Selva: http://maupassant.free.fr/