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Guy de Maupassant

Carta 573
A FERDINAND BRUNETIÈRE
(original en francés)

Ferdinand Brunetière (1849-1906) Carta Siguiente:574

     HOTEL VICTORIA
Pisa [1889]

      Mi querido colega,
      Acabo de pasar un mes en el mar, y he encontrado finalmente su carta que me esperaba en Livourne. Voy en este momento a ver unos cuadros. Estoy en Pisa desde hace cuatro días y espero pasar quince en Florencia, totalmente solo, en los museos. Es la única manera de beber, de comer y de digerir lo que se ve. Hace un mes que no he charlado con ninguna otra persona que mis marineros; y como el balanceo del mar no me permitía escribir, no he podido tomar algunas notas de viaje e incluso de impresiones personales a propósito de imágenes, paisajes y soledad. Respondo muy rápido a lo que me dice su carta. No he corregido el manuscrito de mi pieza porque la he olvidado en París. Me hace falta además mucha atención y reflexión para ese trabajo al que no me dedicaré hasta después de mi regreso.
      No sé aun cuando podré darle alguna cosa pues me temo que mis notas de viaje sean un poco - no inconvenientes pues no se habla en ellas de mujeres, o casi nada, y castamente, - pero rudas para usted, rudas por la expresión y en ocasiones por las opiniones que son crudamente de un demoledor. En fin, ya veremos. Usted verá. Estando establecidas mis condicones actuales de trabajo tendré pocas posibilidades, creo, de alcanzar el mínimo de 15 hojas que usted me indica. Veré al señor Buloz regresando a París respecto al tema de la colaboración exclusiva. Pensandolo mucho tal vez haya algunos inconvenientes que no había considerado al principio, y mejor valdría que yo le diese únicamente lo que podré darle en las condiciones que ya hemos convenido.
      Tengo el espíritu demasiado balanceado por las olas para poder ponerme a trabajar seriamente. Pero espero emprender una larga labor de aquí en algunos días.
      Esta ciudad (Pisa) es de una tranquilidad deliciosa, de un clima suave como una caricia. Si este tiempo continúa regresaré después de mi excursión a Florencia. Esta plaza de la cúpula en Pisa es hermosa, de un sentimiento grave, y de una aramonía superiormente artística. ¿La conoce usted? A mí me apasiona por la arquitectura tanto como me puede apasionar. Los horrores del mercado foráneo de la Exposición Universal me hacen admirar, con un frenético entusiasmo, la sobriedad tan sabia y tan decorativa de las líneas y de las proporciones de la decoración tan pura de estos viejos monumentos.
      Pienso que volveré a París en seis semanas. Lo veré inmediatamente. Esperando, mi querido colega, le estrecho muy cordial y afectuosamente las manos.

      GUY DE MAUPASSANT

Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant


A FERDINAND BRUNETIÈRE

HÔTEL VICTORIA
Pise [1889].

      Mon cher confrère,
      Je viens de passer un mois en mer, et j'ai trouvé enfin votre lettre qui m'attendait à Livourne. Je vais à présent voir des tableaux. Je suis à Pise depuis quatre jours et je compte en passer quinze à Florence, tout seul, dans les musées. C'est la seule manière de boire, de manger et de digérer ce qu'on voit. Depuis un mois je n'ai causé d'ailleurs avec personne autre que mes matelots ; et comme le balancement de la mer ne me permettait pas d'écrire, je n'ai pu que prendre quelques notes de voyage ou plutôt d'impressions personnelles à propos d'images, de paysages et de solitude. Je réponds bien vite à ce que me dit votre lettre. Je n'ai pas remanié le manuscrit de ma pièce parce que je l'ai oublié à Paris. Il me faut d'ailleurs beaucoup d'attention et de réflexion pour ce travail auquel je ne me livrerai qu'après mon retour.
      Je ne sais encore quand je pourrai vous donner quelque chose car je crains que mes notes de voyage ne soient un peu - non pas inconvenantes car on n'y parle pas de femmes, ou à peine, et chastement, - mais rudes pour vous, rudes par l'expression et quelquefois par les opinions qui sont crûment d'un démolisseur. Enfin nous verrons. Vous verrez. Étant données mes résolutions actuelles de travail j'aurai beaucoup de mal je crois, à atteindre le minimum de 15 feuilles que vous m'indiquez. Je verrai M. Buloz en rentrant à Paris au sujet de la question de collaboration exclusive. En y songeant beaucoup peut-être cela aurait-il quelques inconvénients qui ne m'avaient point frappé d'abord, et vaudrait-il mieux que je vous donnasse seulement ce que je pourrai vous donner aux conditions dont nous sommes convenus.
      J'ai l'esprit trop balancé par la vague pour pouvoir me mettre encore à travailler sérieusement. Mais je compte m'installer dans une longue besogne d'ici quelques jours.
      Cette ville (Pise) est d'un calme délicieux, d'un climat doux comme une caresse. Si ce temps continue j'y reviendrai après mon excursion à Florence. Que cette place du dôme à Pise est belle, d'un sentiment grave, et d'une harmonie supérieurement artiste. La connaissez-vous ? Moi je me passionne pour l'architecture autant que je peux me passionner. Les horreurs de halle foraine de l'Exposition Universelle me font admirer, avec un enthousiasme frénétique, pour moi, la sobriété si savante et si décorative des lignes et des proportions de la décoration si pure de ces vieux monuments.
      Je pense que je rentrerai à Paris dans six semaines. Je vous verrai immédiatement. En attendant, mon cher confrère, je vous serre bien cordialement et bien affectueusement les mains.

      GUY DE MAUPASSANT

  Puesto en formato html por Thierry Selva:  http://maupassant.free.fr/