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Pabellón
de los Verguies,
23 de enero de 1878
Puesto que llamas a Guy hijo adoptivo, tu me perdonarás, mi querido Gustave, si
te hablo con sinceridad de este muchacho. La declaración de ternura que le has
hecho ante mí, ha sido tan dulce que la he tomado al pie de la letra, y
me imagino que te ha impuesto unos deberes casi paternales. Sé además que
estás al corriente de las cosas, y que el pobre empleado del ministerio te ha
confesado todas sus penas. Tú te has mostrado excelente, como siempre, lo has
consolado, animado, y el espera hoy, gracias a tus buenas palabras, que la hora
en la que podrá dejar su prisión y decir adiós al amable jefe que guarda la
puerta, está próxima.
Si puedes, mi querido viejo amigo, hacer alguna
cosa por el porvenir de Guy, y procurarle una posición más a su conveniencia,
serás mil veces bendito, mil veces he de agradecértelo; pero no hay necesidad
que te insista casi, pues estoy segura por adelantado que la madre y el hijo
pueden contar con tu apoyo. Si estuviera menos lejos de Paris, habría ido
simplemente a llamar a tu puerta, una noche después de cenar; habría reclamado
un pequeño lugar en una esquina de tu chimenea, y estaríamos charlando juntos
mucho tiempo, como dos compañeros de infancia que se reencuentran con placer, y
que siempre se quieren, a pesar de largas separaciones. Pero yo estoy aquí, en
Étretat, entumecida por las influencias narcóticas del invierno, del silencio
y de la soledad.
No sé aun cuando podré ir a París; sin embargo
creo que esperaré al mes de mayo para ver la exposición universal. Espero que
tu no marches para Normandía, y que te encontraré todavía en el barrio St.-Honoré.
Mi primera visita será para ti y para la querida Caroline, de la que no oigo
hablar muy a menudo. Dale todos mis recuerdos, te lo ruego, y no temas añadir
que mi afecto por ella tiene algo de maternal. He conocido tan bien y he querido
tanto a tu hermana. Dios mio, mi buen Gustave, ¿ por qué no quieres venir a
Étretat? Trata entonces de entenderte con Guy, y de darme algunos días, cuando
el venga a su querido país. Te agradecería pronto mi requerimiento de viva
voz, y sería muy desgraciada si no obtengo una buena y seria promesa.
Adiós mi amigo, mi viejo compañero, te abrazo
con todo mi corazón.
LAURE
Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant
DE
LAURE DE MAUPASSANT
A GUSTAVE FLAUBERT
Pavillon
des Verguies,
le 23 janvier 1878.
Puisque tu appelles Guy ton fils adoptif, tu me pardonneras, mon cher Gustave,
si je viens tout naturellement te parler de ce garçon. La déclaration de
tendresse que tu lui as faite devant moi m'a été si douce que je l'ai prise au
pied de la lettre, et que je m'imagine à présent qu'elle t'impose des devoirs
quasi paternels. Je sais d'ailleurs que tu es au courant des choses, et que le
pauvre employé de ministère t'a déjà fait toutes ses doléances. Tu t'es
montré excellent, comme toujours, tu l'as consolé, encouragé, et il espère
aujourd'hui, grâce à tes bonnes paroles, que l'heure est proche où il pourra
quitter sa prison et dire adieu à l'aimable chef qui en garde la porte.
Si tu peux, mon cher vieil ami, faire
quelque chose pour l'avenir de Guy, et lui procurer une position à sa
convenance, tu seras mille fois béni, mille fois remercié ; mais il n'est pas
besoin que j'insiste près de toi, puisque je suis sûre d'avance que la mère
et le fils peuvent compter sur ton appui. Si j'étais moins loin de Paris, je
serais allée tout simplement frapper à ta porte, un soir après dîner ;
j'aurais réclamé une petite place au coin de ton feu, et nous serions restés
longtemps à causer ensemble, comme des compagnons d'enfance qui se retrouvent
avec plaisir, et qui s'aiment toujours, en dépit des longues séparations. Mais
je suis ici, à Étretat, tout engourdie par les influences narcotiques de
l'hiver, du silence et de la solitude.
Je ne sais encore à quelle époque je pourrai
aller à Paris ; cependant je crois que j'attendrai le mois de mai, afin de voir
l'exposition universelle. J'espère que tu ne seras pas parti pour la Normandie,
et que je te trouverai encore faubourg St-Honoré. Ma première visite sera pour
toi et pour la chère Caroline, dont je n'entends pas parler assez souvent. Fais
lui tous mes compliments, je t'en prie, et ne crains pas d'ajouter que mon
affection pour elle a quelque chose de maternel. J'ai si bien connu, j'ai tant
aimé ta sœur. Dis-moi, mon bon Gustave, est-ce que tu ne veux plus venir à
Étretat ? Tâche donc de t'entendre avec Guy, et de me donner quelques jours,
lorsqu'il viendra revoir son cher pays. Je t'adresserai bientôt ma requête de
vive voix, et je serai bien maladroite si je n'obtiens pas une bonne et
sérieuse promesse.
Adieu mon ami, mon vieux camarade, je t'embrasse
de tout mon cœur.
LAURE
Puesto en formato html por Thierry Selva: http://maupassant.free.fr/